UN NOTRE MONDE - Alsace & Grand’Est
A Strasbourg Actuellement

Approche de l’idée de méfiance

« C’est par la peau qu’on fera rentrer la métaphysique dans les esprits. » Antonin Artaud
samedi 21 juin 2008 par Grégory Huck

Censurée pour des raisons obscures par un comité de la faculté Marc Bloch de Strasbourg (initialement l’événement devait se produire dans les murs de cet établissement) la pièce « aproximación a la idea de Desconfianza » a trouvé son petit port d’attache à la maison de l’Amérique Latine de Strasbourg. Les mots de Rodrigo Garcia sont magistralement incarnés par les trois comédiennes Anne-Fleur Saconney, Magalie Ehlinger, Chloé Nguyen sous la direction
d’ Evelyn Biecher (compagnie PITOUSTRASH).

Ce n’est pas du théâtre... ou c’est enfin du théâtre ! La mise en scène proposée par Evelyn Biecher se superpose idéalement sur le texte de Rodrigo Garcia, nous sommes transportés dans une atmosphère expérimentale-romantique. Romantique non pas dans le sens galvaudé du terme, mais par sa lucidité, sa révolte et sa passion. Ce témoignage nous conforte dans l’idée que la nouvelle génération n’est pas dupe, elle ne veut en rien être complice d’un monde qui sombre dans l’absurde.

La mise en scène rompt avec les codes classiques, les acteurs déclament leurs textes en fixant les spectateurs si droit dans les yeux que les voilà comme projetés sur scène. La nudité des comédiennes pourrait en gêner un certain nombre enclin à la servilité et plus habitué à une époque épurée, gonflée de morale. La pièce s’inscrit dans un rythme alternant les performances purificatrices où les corps nus sont souillés de diverses matières, violentés dans un caddie de supermarché, cognés à coup de téléphone portable sur un ring ; et les monologues poignants. Le concept sonore, musique stroboscopique, laisse une place aux silences, aux respirations haletantes des comédiennes, ce qui a pour conséquence d’amener sur scène, une sorte d’arrière-scène où tout se vit.

Bien qu’il y ait eu des applaudissements, je ne crois pas que cette expérience désire être applaudie, elle désire être réfléchie, ruminée, revécue de manière interne. Mais nous applaudissons quand même, car il faut saluer la prestation fulgurante et audacieuse des trois comédiennes. Elles ne jouent pas, elle vivent les mots de Rodrigo Garcia, dans les larmes, dans les rires, point de simulacre. Ses comédiennes n’ont rien à envier à nos actrices de l’industrie du cinéma qui chaque semaine accouche d’une nouvelle blonde pulpeuse dont le talent se mesure à la vacuité lisible dans son regard.

J’étais venu pour être frappé, enfin bousculé et bouleversé, c’est réussi. La compagnie PITOUSTRASH devrait trouver un nouveau port sur le vaisseau des anarchistes du Molodoï (Strasbourg) pour une représentation de grande envergure. Une nouvelle génération prend la parole et compte bien la déchirer, poète à vos papiers !

Greg H.

Voir en ligne : Compagnie Pitoustrash

Accueil | Contact | Plan du site | | Statistiques du site | Visiteurs : 373 / 0

Suivre la vie du site fr  Suivre la vie du site Culture et Arts   ?

Site réalisé avec SPIP 3.0.16 + AHUNTSIC

Creative Commons License