UN NOTRE MONDE - Alsace & Grand’Est

La télévision, une étrange fenêtre sur le monde

1928, Naissance d’un ogre moderne.
jeudi 19 avril 2007 par Grégory Huck

L’ennui l’emporte si souvent sur les choses, plus encore lorsque le monde est habitué à l’attraction d’un spectacle quotidien. La véritable boite de Pandore - qui n’était en outre qu’une jarre - c’est elle : la télévision.

« Les gens se lasseront vite de regarder un boite en contre-plaqué tous les soirs. »
Darryl Zanuck, producteur 1946.

Le village global

Et Clic ! Angoisses, fascinations, fantasmes, la grande roue des sensations fait tourner sa mire.

La conquête de l’ubiquité, c’est en ces termes que Paul Valéry rêvait la naissance de cette boite. C’était en 1928, les discours euphoriques allaient bon train en ces temps où l’on savait encore apprécier l’ennui. On espérait de la télévision, qu’elle transformât le monde en un village global, qu’elle folie ! Paul Valéry, pensait peut-être que l’humanité était faite ou prête pour la conquête de l’ubiquité, mais qui peut prétendre seulement la supporter ? Cette conquête est maudite. Lorsque la télé nous suggère d’accéder en direct à tous les points du monde, elle ne nous informe de rien, elle nous adresse un communiqué. Ainsi lorsque la télé communique au sujet d’un conflit à l’autre bout de la terre, elle nous fait un bref rapport sur le nombre des morts, nomme l’agresseur et la victime puis tourne la page. Résultat, nous sommes des éponges, nous absorbons des chiffres liés à des images de désolation, c’est ainsi qu’un esprit s’incline sous le
poids des préjugés et généralise ses opinions.

Ubiquité mais pour quoi faire ? Nous avons déjà tant de mal à supporter nos propres afflictions, devons-nous aussi supporter celles du kamikaze et de sa victime ? Mais forcés bien évidemment de la subir, puisque le village global a réussi sa mondialisation, et plus que jamais le déterminisme nous afflige, voyez comme nous sommes responsables de près comme de loin de la moindre famine. Ainsi nous portons tous une part du monde supplémentaire et qui est souvent plus lourde que la nôtre. C’est ainsi que les plus sensibles et empathiques d’entre nous perdent leur raison, elle se déchire sous le poids de la manne. On devient de plus en plus fou - et ce n’est pas l’OMS qui me contredira : Une personne sur quatre sera atteinte d’un trouble mental à un moment de son existence – les communautés font du prosélytisme, une morale arbitraire s’installe. Un village global est ingérable, l’individu ne peut s’épanouir dans une telle société où il est anonyme et désintéressé. Il ne peut que s’oublier lui-même, vivre une triple vie, c’est à dire exister dans le fantasme d’une vie qui lui échappe. La télévision est un ogre qui absorbe et se nourrit de l’énergie du spectateur. A son image, le village global devient aussi un ogre, un trou noir qui absorbe tout sur son passage.

La Pandore du sexe et de la violence
Bonjour tutelle ! L’effroi est un excellent moyen de pression.

Un premier clic, et la boite de Pandore a craché ses images à la face fascinée de l’humanité. Elle fut d’abord inoffensive, mais les premières heures pleines des bons sentiments et des recettes de cuisines sont maintenant révolues. Des milliards de clics plus tard c’est la fin du monde en direct. Il est aujourd’hui possible d’acquérir – en combinant bien les crédits – un écran d’un ou deux mètres de large, parce que trente centimètres ne suffisaient plus pour voir la merde dans le monde. Mais passons sur ce prosaïsme lapidaire pour saisir combien cette boite a mené l’humanité en déroute.

Jadis si je me souviens bien, on se débarrassait d’un roi avec un petit poison raffiné, c’était là le moyen le plus radical pour semer le trouble dans un royaume afin d’en refondre la géopolitique. Mais chez nous, la télévision est demandeuse, il lui faut du spectacle. Un président mort empoisonné pourrait créer le même trouble, mais c’est là une bien mauvaise distraction. Un avion de la famille des grands transporteurs qui s’écrase dans un building, voilà de quoi nourrir des millions de téléspectateurs, qui ne savent plus s’il s’agit de la réalité ou d’une fiction. Bien sur, du temps de Waterloo point de télévision pour filmer les têtes ensanglantées, les bras arrachés, les femmes violées. La violence n’est pas née avec la télévision, or la télévision a le pouvoir de la magnifier, de la soumettre, et de l’obliger à sortir de sa réserve, là où elle se serait souvent abstenue de surgir.

Hormis la violence cette boite est devenu la tutelle des populations, elle véhicule les modes, uniforme les esprits. Avec la pornographie, elle propose l’orgasme sur commande, elle soumet le spectateur à ne
Voir l a sexualité qu’à travers son prisme le plus animal.

Et pourtant la télévision pourrait être l’outil le plus important pour fabriquer de la démocratie, si elle daignait éduquer et informer, si elle consentait à favoriser le fond des thèmes qu’elle traite plutôt que
la forme.

Greg H.

La Source de l’OMS se trouve ici : http://www.who.int/whr/2001/dg_message/fr/index.html


Portfolio

Accueil | Contact | Plan du site | | Statistiques du site | Visiteurs : 286 / 0

Suivre la vie du site fr  Suivre la vie du site Ecran Total  Suivre la vie du site Liberté - égalité - télé   ?

Site réalisé avec SPIP 3.0.16 + AHUNTSIC

Creative Commons License