UN NOTRE MONDE - Alsace & Grand’Est

Chicken psychose : the game is over !

Le journal télé à la papa c’est fini !
dimanche 2 mars 2008 par Grégory Huck

Souvenez-vous du martelage quotidien dont nos médias se délectaient lorsqu’ils traitaient du virus H5N1 responsable de la grippe aviaire - Chaque fois que l’on trouvait un gallinacé crevé au bord d’un étang, là-bas au fin fond de la Moselle, les journaux télévisés ouvraient sur ces images soutenues par la musique solennelle de leur générique.

Mine grave, ton monocorde, le présentateur expliquait le schéma infographique de la catastrophe, avec quatre icônes (Virus – Poule – Cochon – homme) et quelques flèches désignant le parcours par lequel la mutation du virus se ferait, quoi qu’il en soit et plutôt tôt que tard.
Le scénario délirant de nos journalistes se poursuivait tant bien que mal, en exposant le moyen par lequel la pandémie mondiale se propagerait, par quel expédient la maladie crèverait l’écran pour atterrir dans nos salons : les voyages aériens.

Pour soutenir un peu plus leur thèse, ils nous rappelaient quelques grandes dates, l’histoire des épidémies en France puis en Europe, traversant les siècles jusqu’au moyen-âge, nous gavant de chiffres et de probabilités.

L’intervention d’un médecin n’était par forcément intéressante mais malheureusement pour le rédacteur en chef, cette intervention était réclamée par les associations de spectateurs. La lucidité du spécialiste risquait bien souvent de faire s’écrouler la fiction échafaudée, rappelant combien nous avons tiré de leçons de l’histoire, que l’étude des virus est aujourd’hui une science, qu’il existe une sentinelle inter-continentale très vigilante, et que l’on ne pratique plus de saignée en France depuis le moyen-âge. (sic)

Une fois la fiction fragilisée, le présentateur relance la psychose et propose la dernière carte mise au point par leurs spécialistes, un tour d’horizon du nombre de mort : 12 en Thaïlande, 4 au Japon, 2 en Turquie... Roumanie... on s’approche.... les chiffres augmentent, se mélangent aux chiffres des cas infectés par une forme bénigne... le chiffres des poules crevées s’accouplent à celui des humains décédés... on ne s’en sort plus vraiment et c’est tant mieux.

Autre intervenant : le ministre. Le ministre lui, est très content, il s’enfonce dans la brèche.. il a sa place dans la fiction, et ça l’arrange beaucoup car les élections approchent. Il va informer le journaliste (très content aussi) sur un ton infiniment pragmatique, des mesures prises par son cabinet et lui même en partenariat avec l’ordre machin etc.

Hélas, hélas, la machine à fric, à audimate, à racoler, en tirant sur la corde de la frayeur populaire, est hors service ; il faudra trouver autre chose, car le vaccin est là ! La science rigoureuse du corps médical l’emporte sur la fiction psychotique de la télé-média.

Mais lorsqu’il est question d’éteindre l’incendie, c’est à dire de montrer les points positifs d’un sujet, ou l’affaire résolue d’un problème, cela ne va faire que deux mots, deux lignes, et un sourire, ou rien. Rien ou vraiment pas grand chose, pas d’effet d’annonce aussi spectaculaire, pas de carte, pas de mort, pas de ministre sinistre.

Il n’y a bien que Internet pour communiquer concrètement de l’avancée des recherches et démontrer combien les médias traditionnels vieillissent mal. Notons aussi que ce long et angoissant épisode de sur-information à propos de la grippe aviaire a complètement effacé de véritables pandémies, celles que subit l’Afrique par exemple, frappée simultanément par le Sida et le paludisme.

Le journal télé à la papa, c’est fini !

Greg H.


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