UN NOTRE MONDE - Alsace & Grand’Est

Epuration des Libertés Individuelles

jeudi 3 mai 2007 par Grégory Huck

Jusqu’où le monde occidental poussera –t’il son désir de Pureté, et pourquoi ?

La bonne mort et le mérite de vivre.

Une société qui n’accepte plus la mort est plus qu’une autre une société mortelle.

Racine disait : « Qui veut voyager loin ménage sa monture… » et pour aller où ?
Rainer Maria Rilke (poète allemand) souhaitait que chacun rencontrât sa bonne mort, à l’instar d’Auguste Renoir mort en peignant, d’Eric Tabarly célèbre marin mort en mer, pour ne citer qu’eux. Rilke concevait le vie comme un fruit : « chacun porte sa mort en soi comme le fruit son noyau ».

Périr de et dans la passion… pour illustrer cette métaphore, pensons au couple Krafft célèbres vulcanologues disparus en juin 1991 sur les pentes de l’Unzen au Japon, le volcan gris tueur a eu raison de leur vigilance…

La passion pareille à une gueule brûlante finira par avaler son adorable victime. En cela la vie a le mérite d’être vécue. Je ne crois pas à une existence purifiée à l’eau de Vichy, dépassant de jolis records de longévité.

La mort cruelle et le déni de vivre.

Bien-sûr ce n’est pas si simple. Chacun a le devoir de trouver la raison de sa venue sur terre, de se construire une raison, puis d’édifier tous les jours un monde autour de ce but.
Quand bien même serions-nous des sages, enfin résolus à assumer notre part de mort, et quand bien même aurions-nous su trouver une raison à notre passage ici-bas, l’accident, l’adversité, la mort, ne nous épargnent pas. La mort fauche de manière cruelle et aveugle, les petits enfants, la maman, le gentil voisin…

Jadis peu importait la mort, qu’elle fût bonne ou cruelle, nous y étions préparés et habitués : les mères mouraient en couche, les enfants d’une fièvre, et les vieillards étaient des magiciens. Cette angoisse de la mort est accentuée par le culte du corps, du beau, de neuf, du paraître contre l’être.

Une autre raison de ce déni de la mort se tient dans le déclin de la religion et de la philosophie : tout deux offrent des réponses et des solutions aux questions métaphysiques de l’être. Nous avons besoin soit de croire, soit de savoir pour nous permettre de traverser l’existence. Le monde occidental, où nous capitalisons la matière et la distraction, n’offre comme réponse aux tourments existentiels que des perspectives de fuites.

Une société maternisée.

Puisque la lutte du bien contre le mal ne peut n’être qu’un échec (le mal est un phénomène inhérent à la vie, on ne peut que l’accompagner, le canaliser, mais en aucun cas l’évincer) ; puisque que nous ne sommes parvenus à éradiquer les guerres et les famines, nous avons décidé de prendre le mal par la racine, et d’appliquer les mots « violence » et « délinquance », au moindre phénomène qui nous porte préjudice. La chasse aux fumeurs, aux alcooliques, aux gros, aux insomniaques, aux obsédés de tout acabit a sonné. A tous ceux qui de près ou de loin nous rappellent à notre condition de mortel, nous disons : « la récréation est terminée… »

Les arguments sont imparables ? Non ; ils sont ambigus. On supprime nos libertés individuelles sous prétexte qu’elles nuisent à l’autre. Le fumeur tue le fumeur passif, l’automobiliste alcoolisé tue le piéton. Mais le problème est ailleurs, car l’automobiliste non fumeur et non alcoolique tue également le piéton. La voiture est un problème ; les produits chimiques présents dans tout ce que l’on achète engendrent des cancers, et tout cela en masse, une masse plus conséquente, mais certes moins remarquable.

Le problème est, une fois de plus, mal géré : les causes et les conséquences sont diluées. Car nous avons besoin de transgression, de ces petits plaisirs… la vitesse, l’euphorie, nous avons peut-être besoin de nous punir. Mais il y a également un fossé entre le plaisir et le besoin, sachons modérer nos plaisirs avant d’en être esclave. Demandons-nous pourquoi notre société est devenue dépendante, pourquoi elle a tant besoin d’anti-dépresseurs, de haschish, d’alcool et de chocolat. Demandons-nous pourquoi le besoin de transgression a pris tant de place.

Nous courrons à une petite catastrophe, en recherchant absolument à nous amputer des produits de transgression plutôt que d’en rappeler les limites, c’est-à-dire que nous interdisons plutôt que nous éduquons. Ne risquons-nous pas d’entraîner la cité dans un flottement, dans un vide généré par le manque additionné à notre incapacité à traiter le véritable problème. Le véritable problème, le besoin de transgression ne réside-t-il pas dans le manque de joie et de bonheur ? Dans le fait que le monde humain en décalage avec son espace naturel ne ressente plus d’harmonie et d’envie de vivre ? Il est certes beaucoup plus facile de s’attaquer aux conséquences qu’aux causes. Plus une société est malade plus elle a besoin de morales et de lois, ne perdons pas cela de vue.

Lorsque nous n’apportons pas de réponse à un problème, quand une place reste trop longtemps vide, les fanatiques arrivent. Allez voter si vous voulez, mais nos devoirs de citoyen ne se réduisent pas à qu’à cela, ne laissons pas les autres penser pour vous.

Greg H.


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