UN NOTRE MONDE - Alsace & Grand’Est
Machines à voter

A J-1 d’une Kleptocratie ?

samedi 21 avril 2007 par

Le blog Betapolitique nous avertit qu’a été mis à jour un défaut d’agrément de plusieurs machines installées en 2007 et ne correspondant pas aux modèles agréés en 200521. Dans ces cas, il serait possible de déposer une plainte auprès du greffe du Tribunal Administratif22 ou de l’envoyer par lettre recommandée avec accusée réception mentionnant « référé-liberté ». Cette requête ne nécessite pas d’avocat, la décision intervient dans les 48h mais il convient auparavant de « connaître le titre et la date de décision municipale qui spécifie quelles sont les machines attribuées à chaque bureau de vote. »23. En 10 minutes, stopper les machines...facile, notons que la dernière réponse offerte aux plaignants est une amende de 800 Euros, au titre des frais de justice24, une intimidation ....(?).

A J-1 d’une kleptocratie ?

Un coup de dés jamais n’abolira le hasard... [1]

Le 17 novembre 2003 passait un décret du Ministère de l’Intérieur1 incitant les communes de plus de 3500 habitants à privatiser le processus démocratique du droit de suffrage par achat ou location de machines à voter2.
Petite information reléguée aux oubliettes collectives, quasi-inexistante comme sujet dans les macro-massmédia.
Jusqu’à ce qu’en ces veilles d’élections présidentielles, des oppositions citoyennes3 apparaissent et témoignent autant d’une vigilance que d’un appétit croissant pour s’emparer du politique, d’une autre représentation du monde dans lequel nous vivons....
En vain ? Parions que cette affaire, rejeton de la globalisation, ne fait ici que commencer.

A ce jour, ce mode de scrutin concerne 1 à 2 millions de votes.
Rappel, l’article 2 de la Constitution de la République Française de 1958 énonce le fondement même de notre philosophie politique : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Et comme « Les élections représentent le transfert de la souveraineté du peuple à ses représentants, il est donc essentiel que le processus de désignation des représentants ( les élections politiques ) soit transparent et honnête, comme le précise le code électoral. »4 déployons les principaux points de cette affaire.

Qu’est-ce qu’une machine à voter ?

En premier lieu un abus de langage, car ces machines sont des ordinateurs lesquels fonctionnent toujours par le biais d’un programme informatique5.
La procédure du vote électronique est enfantine : les ordinateurs se substituent à l’isoloir, au bulletin papier, à l’urne, aux assesseurs, aux scrutateurs, et pour finir ils épargnent ce fameux laborieux dépouillement, puisqu’à la clôture du bureau de vote, un ticket s’imprime offrant immédiatement le décompte des voix pour chacun des candidats.
Côté électeur, les actes sont : sélectionner le candidat, confirmer le choix, puis émargement du registre après la vérification de leur identité et carte électorale.
Finie, l’austérité du processus démocratique commun à toutes et tous. Ce quasi-dénuement du principe républicain s’évanouit au profit de quelques sociétés6, au profit aussi du folklore ludique de la société technicienne.
Prompt conditionnement de la population, les villes d’Issy-les-Moulineaux et de Reims ont fait la promotion de ces ordinateurs auprès de leurs futurs électeurs en les invitant à jouer avec elles, respectivement préférences musicales, choix d’essences d’arbres...7
Fausses notes et odeurs nauséabondes exhalent en suspicions de manœuvres politiciennes, et nous font nous ressaisir, préciser combien la vigilance citoyenne est capitale, elle, puisque ce fait accompli ressemble fort à un déni de démocratie.

Mais le règne de La fausse parole8 s’effrite car cette part pourtant quotidiennement amputée ne cesse pas les sensations du membre fantôme. Je parle là de l’esprit critique, de cette part en nous qui lit notre monde, ce ressort humain indomptable, jaillissant.
Les peurs sont ainsi restituables à l’ordre politicien ne sachant plus trop bien comment maîtriser une population qu’il souhaite cependant gouverner ( rappelons la campagne autour du référendum de 2005, où pour un oui le non disparaissait ; les sondages , l’arsenal langagier du tout publicitaire, dénuement symbolique sous forme d’érotomanie de candidats autant qu’aveu d’impuissance par manipulation grossière des registres identitaires et identificatoires des personnes).
Le problème, quant aux ordinateurs de vote, vous l’aurez imaginé, perçu, est que le trajet électronique, sa voie vous échappe : le programme informatique, sous scellé, est sous secret industriel9.
Un secret...c’est qu’il puisse ne pas suivre la volonté de l’électeur10.

Une incise : la plupart des articles journalistiques11 ne mentionnent pas le mot électeur, devenu caduque, dématérialisé comme sa voix, confondu avec la machine -autant de traces discrètes instillées partout dans le corps social du dogme biométrique12, de la vie nue13.
« Des voix sans corps »14, c’est le mot du poète, dimension du langage désignant cet ailleurs de l’intime, inter-dit, et que tout régime ou logique totalitaire nie, exclut.

Les villes ayant choisi ce mode de scrutin ne sont pas toutes de même couleur politique ce qui témoignerait de sa banalité, autoriserait le « citoyen » à juger son élu de progressiste ou pas, ajoute en confusions .
Bienvenus à Cottolengo15, aux temps de la legge truffa16.
Une petite illustration en Issy-les-Moulineaux où le maire (UDF) se rallie à N. Sarkozy et aux ordinateurs de vote.
Contingence ? Cas fortuits ?
Le vote appartiendra désormais au jeu de hasard, au nigaud de la loterie nationale : « [...]la machine tournait, et tournait rond, des voix, il y en avait des millions et les cas un peu épineux tant mieux s’ils se réglaient tout de suite, sinon qu’on les laisse passer, glissons... »17
A procédure enfantine régime hallucinatoire.

Mais apercevons que nous pouvons reconquérir notre puissance populaire, juste traduction de démocratie. Cette puissance passe par l’exigence du respect de la volonté de l’électeur, sa condition, l’abandon du lieu de spectateur visionnant la scène princeps : « [...] il connut le moment de solitude des rois et des potentats qui ont fini de donner des ordres et voient le monde tourner seul. »18
Pratiquement, il conviendrait d’abord de signer la pétition 19 pour le vote papier, protestation collective contre l’usage de ce scrutin, d’envoyer un courrier adressé au maire, continuer à témoigner.
Lors du vote : « signaler par écrit l’anomalie, de l’ordinateur de vote, constatée ; faire annexer cette lettre au procès-verbal ; s’assurer que la lettre est effectivement mentionnée sur le procès-verbal ; dans tous les cas, rester courtois, patient et détendu, ne pas polémiquer. »20

Le 29 mars, le Conseil Constitutionnel entérinait les machines à voter, l’urne transparente cède sa place à une « boîte noire ».

Le blog Betapolitique nous avertit qu’a été mis à jour un défaut d’agrément de plusieurs machines installées en 2007 et ne correspondant pas aux modèles agréés en 200521. Dans ces cas, il serait possible de déposer une plainte auprès du greffe du Tribunal Administratif22 ou de l’envoyer par lettre recommandée avec accusée réception mentionnant « référé-liberté ». Cette requête ne nécessite pas d’avocat, la décision intervient dans les 48h mais il convient auparavant de « connaître le titre et la date de décision municipale qui spécifie quelles sont les machines attribuées à chaque bureau de vote. »23. En 10 minutes, stopper les machines...facile, notons que la dernière réponse offerte aux plaignants est une amende de 800 Euros, au titre des frais de justice24, une intimidation ....(?).
Un « cristal » n’en finit pas de se fissurer et dévoile sa structure, ses points d’articulations comme autant de leviers pour nous, ensemble.

Ainsi s’achève(ra) l’alliance de la misère au ridicule, apparaît la nécessaire mise en échec de la bêtise25 laquelle s’appuie peu ou proue sur un Tout possible, sans limitations des passions tristes,vde capture des mots, maniement des miroirs.

Néanmoins, soulignons que les scrutateurs de tous les jours nous intiment une conclusion simple, ils nous font connaître des heures parfaites : « [...] l’heure, l’instant où dans toute cité apparaît la Cité. »26

[1Stéphane Mallarmé


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