UN NOTRE MONDE - Alsace & Grand’Est
Rêve Général

Des cartes

lundi 2 février 2009 par

La mémoire se rebiffe, et si un mouvement de retour à la vie voyait le jour en 2009.

"Toute expérience de magie déteste la publicité,
elle veut être cachée, elle se fortifie dans le silence
et se trouve détruite dès qu’on la révèle."
 Agrippa

Cinq cents ans nous séparent des débuts d’une épopée spatiale terrestre, une conquête de territoires labourant sans relâche les terres et mers, les corps terrestres. Cinq cents ans de mémoire enfouies aux tracés de sable pour nous arracher à une quête du sensible humain un rêve de lumière et nous arrimer bas, profond à la Raison....un terrier immobile, toute une galerie, une accumulation de fantômes y erre à disposition du citoyen au pelage soyeux. La bête creuse son trou de chez-soi et guette l’intrus. La besace chargée d’arguments l’animal se trouve collé aux parois d’une géométrie idéologique aux appuis techniques émouvant, émus de ses griffes, des loges de provisions, son royaume construit il lui reste sa pensée intestine de se flétrir en contorsions du labyrinthe. Ce monde sombre des tunnels a cependant camouflé son ouverture d’un toit de mousse.

Mais qu’est-ce que la magie ?
L’aimance en Manifeste.

Nous semblons loin de l’aimance...
Pourtant ici et là s’écrit sur une topologie froide -française-, recouverte d’à-propos vitrifiés, une chora. Autrement dit, une autre géographie surgit où le lien de l’espace terrestre aux corps, aux relationnels, humains se forme.

Des cartes où se figent, s’épinglent des drapeaux comme on accoste d’une longue dérive, des signaux de la crise sociale , des disparitions, des massacres ...

...Une chora pour une palingénésie, un retour à la vie, portée par une nouvelle terra incognitae. N’ayons pas peur, se ferait-elle indice d’une fin des accumulations des "trop" et des "pas assez", vecteurs tous deux de l’anéantissement de l’être, d’une revanche des objets sans charme sur les hommes se découvrant nus.

Au début de ces temps de conquêtes, la terra incognitae marquait les contours de l’anti-monde de pierre et de glace, elle reste, à ce jour, les lieux de l’anomie et de l’inversion possible, lieux de révélations. Un ailleurs en pointillés se dessine, une présence, pour ne pas dire parousia cette païenne grecque, de soi à soi, de soi aux autres...

"Aimance vaut science et vaut mieux qu’elle." écrivait R.Lulle.
Mais qu’un réel puisse se réinventer exige de se mémorer que la nuit en est sa condition : la nuit, tous les Hommes rêvent.
Ils rêvent, tel Orphée d’ajouter deux cordes à leur lyre....au début l’instrument miroitant en portait sept, le temps des Muses apparut au nombre neuf, 9, 2009.
Assumons l’apparition du cristal en pleine nuit, moment infailliblement anthropologique et même si nos jours cauchemardent.

Dans la levée de nos inouïs, doucement, côtoyons ce que le peuple Inuit nomme tarniq, part d’ombre, d’obscurité qui nous déchire au temps et revêt les habits dynamiques, animistes du monde, loin de l’inerte. Ainsi, le masque d’une catabase aux allures économiques, mais combien plus symbolique, a fini de faire le guet, l’éblouissante tyrannie s’éblouit.
Et nous, si petits, courbés sur le monde, nous jouerons à la marelle en quittant le lasso romain voulant que "le fruit suive le ventre", en rejoignant la belle polyphonie dissonante grecque, en rejoignant notre vocalité humaine, ....point Babel !
L’heure surréaliste des germinations lentes d’hiver pointe son bout de mystère et rien ici n’a été dit de sa magie.

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