Navigation rapide

Accueil > NAKBA > Le district de Nazareth ( n°10 de notre série de 14 districts) > District de Nazareth : Indur

Et si on parlait de la Nakba ! ( numéro 10)

District de Nazareth : Indur

Mercredi 28 mars 2012 - 20 H 45

mercredi 28 mars 2012

=============================================

al NAKBA

(la catastrophe)

Si nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle rubrique intitulée al NAKBA, c’est notamment pour éviter que tous les pernicieux efforts de l’Etat d’Israël pour faire disparaître ce terme de la mémoire de l’humanité aboutissent. Il serait, en effet, dommageable pour l’Histoire que soient « oubliés » les moments tragiques que connut le peuple palestinien, notamment en 1947-1948, période durant laquelle se déroulèrent les événements ayant donné lieu à cette appellation qui se passe de commentaires, les faits étant là pour en témoigner.

Les faits

Faits significatifs précédant la période dénommée Nakba par les Palestiniens

1917 : Le ministre des affaires étrangères du Royaume Uni, sir Arthur James Balfour, déclare envisager "favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif". L’armée britannique occupe la Palestine et facilite l’entrée et l’installation d’immigrés étrangers armés, créant, de fait, une situation de colonisation.

1922 : La S.D.N (Société des Nations devenue O.N.U) entérine la déclaration Balfour en confiant au Royaume Uni un mandat sur la Palestine. Cette reconnaissance provoque une intensification de la résistance des Palestiniens à l’occupation britannique et à son soutien à l’ établissement de l’Etat d’Israël.

1936-1939 : Un soulèvement majeur et massif marque le point culminant de la double résistance des Palestiniens contre l’occupant britannique et le Mouvement sioniste : "Grande grève", boycott de l’Etat, contrôle des zones rurales par des maquisards ; forte répression par l’armée britannique cantonnée essentiellement aux frontières et qui "réoccupe" plus de 700 villages.

1939-1945 : Seconde guerre mondiale et génocide nazi contre les juifs

Période Nakba

29/11/1947 : L’ONU vote un plan de partition de la Palestine toujours placée sous mandat britannique. Dès le lendemain, le 30 novembre, les affrontements deviennent de plus en plus violents entre les communautés palestinienne et juive ; cette dernière, puissamment armée et soutenue par une opinion internationale encore traumatisée par le tragique sort réservé aux juifs par les nazis, attaque, dévaste, villes et villages palestiniens, harcelant et forçant la population à fuir et c’est ainsi qu’environ 800 000 Palestiniens sont conduits à prendre la route de l’exil.

14/05/1948 : Fin du mandat britannique et proclamation de l’Etat d’Israël contre la volonté des Palestiniens et des Etats arabes voisins. Dès le lendemain, la première guerre israélo-arabe éclate mais 80% de la population de la Palestine est déjà expulsée. Israël déclarera « absents » les propriétaires palestiniens réfugiés dans les pays arabes voisins, ce qui permettra la mainmise de l’Etat sur 90% des terres et possessions palestiniennes après que plus de quatre cent villages ont été rasés.

Ces événements constituent le cœur même de cette tragédie que les Palestiniens ont dénommée Nakba et, au vu et au su de tous les crimes perpétrés durant cette période envers ce peuple martyr par l’occupant toujours présent 63 ans après l’envahissement, on comprend les raisons qui poussent Israël à tenter de faire oublier ce sinistre épisode qui d’ailleurs se prolonge sous d’autres formes plus perverses encore jusqu’à aujourd’hui.

=============================================

Les informations fournies dans les articles de cette nouvelle rubrique proviennent du remarquable ouvrage "All that remains : The palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948" (ed. Walid Khalidi )- Traduction : Philippe Lewandowski.

L’ouvrage édité par Walid Khalidi et publié en 1992 (second tirage : 2006) par
the Institute for Palestine Studies (Washington, D.C.) recense, district par district,
l’ensemble des 418 villages qui ont disparu de la carte.

Nous nous proposons
d’en publier des extraits permettant de faire connaître aux lecteurs francophones
la réalité de la Nakba (c’est-à-dire la catastrophe), nom donné par les Palestiniens
à l’évènement tragique dont le gouvernement israélien, dans une vaine tentative
d’effacer l’histoire réelle, prétend même interdire la commémoration.

Pour chacun
des 14 districts traités, nous reproduirons la liste de tous les villages concernés avec
leur population estimée en 1944/45, et en traduisant entièrement l’article consacré à
l’un d’entre eux.

Les Palestiniens aussi ont droit à leurs livres du souvenir.

JPEG - 72.8 ko
Les districts de la Palestine avant 1948

Les villages détruits du district

Indur (620 habitants) ; Ma‘lul (690) ; al-Mujaydil (1.900) ; Saffuriyya (4.330).

Indur

Le village était situé sur les plus basses pentes nord-est du mont al-Dahi,
face au nord et surplombant la plaine de Marj ibn’Amir. Indur se trouvait à quelques
kilomètres d’une grande route menant à Tibérias et Nazareth ; le pipe-line de l’Iraq
Petroleum Company (IPC), qui appartenait aux Britanniques, passait à 0,5 km au
nord du village. Le nom du village reflétait probablement celui de la ville cananéenne
de Ayn Dur (Endor), « Source du sanctuaire », qui est citée dans la Bible en tant
que lieu où Saul consulta un devin avant d’engager la bataille contre les Philistins
(Premier livre des rois, 28 : 18-25). La ville antique a pu être localisée sur le site
de Indur lui-même, soit sur celui de Tall al-‘Ajjul ou de Khirbat al-Safsafa, deux
khirbats (ruines) du voisinage. Les Croisés l’ont appelé Endor. En 1596, Indur
était un village de la nahiya (la plus petite division fiscale dans le premier système
administratif ottoman) de Shafa (liwa’ [province] de Lajjun), et comptait 22 habitants.
Il payait des taxes sur plusieurs récoltes, comprenant du blé, de l’orge et des olives,
ainsi que sur d’autres types de propriétés comme des chèvres et des ruchers.

À la fin du dix-neuvième siècle, Indur était un village construit en briques
d’adobe et situé sur la pente raide d’une colline. Plusieurs petites grottes se
trouvaient en amont du village. Un fils éminent du village était Shaykh Tawfiq
Ibrahim, un des dirigeants de la rébellion de 1936-39 contre les Britanniques. C’était
un collaborateur de Shaykh ‘Izz al-Din al-Qassam,

le prêcheur musulman de Haifa,
dont la mort dans l’action contre les troupes britanniques en 1935 a déclenché la
rébellion de l’année suivante.

Indur était constitué en cordon de maisons plus ou moins décalées en fonction
de la configuration du terrain. Ses maisons étaient faites de pierres et de ciment ou
de pierres et de boue. Ses habitants étaient musulmans, à l’exception d’un chrétien.
Une école élémentaire (qui accueillait également les enfants du village voisin
de Nin) avait été mise en place sous l’autorité ottomane, mais fut fermée par le
gouvernement du mandat britannique. En 1944/45, un total de 24 dunums (1 dunum
= 919 m²) était consacré aux citrons et aux bananes, et 9.864 dunums étaient alloués

aux céréales ; 394 dunums étaient irrigués ou utilisés comme vergers, dont 184
dunums d’oliveraies. Les villageois pratiquaient également l’élevage. La présence
de citernes taillées dans le roc, de silos et de tombes, ainsi que des maisons
abandonnées dont les ruines étaient proches des demeures habitées du village,
indiquent que le site était occupé depuis très longtemps.

Occupation et nettoyage ethnique

L’historien israélien Benny Morris relate que le village fut occupé le 24 mai
1948 ; les habitants d’Indur ont pu fuir à la suite d’un assaut militaire et en raison de
la chute de la ville voisine de Baysan. Bien que la plus grande partie de la vallée de
Baysan ait été conquise par les troupes de la Haganah avant le 15 mai, la brigade
Golani continua de « nettoyer et défendre » la région jusqu’au début juin.

Implantations israéliennes sur les terres du village

Il n’y a pas d’implantation israélienne sur les terres du village. L’implantation
de Davrat est toute proche, à l’ouest du site du village. Elle fut fondée en 1946 sur la
limite entre les terres d’Indur et celles du village de Dabburiyya.

Indur aujourd’hui

Plusieurs murs partiellement en ruines se dressent toujours sur le site du
village. Des dattiers, des palmiers doum, des figuiers et des amandiers croissent
sur les terres du village. Les terres des plaines environnantes sont cultivées par les
Israéliens et les collines servent de pâturages.

Pour en savoir plus : english
arabic,

Images : Palestineremembered.com

Revenir à la présentation générale des faits qui constituent la Nakba.