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Accueil > NAKBA > Le district de Jenine ( n°8 de notre série de 14 districts) > District de Jénine : al-Mazar

Et si l’ on parlait de la Nakba ! (numéro 8)

District de Jénine : al-Mazar

Samedi 11 février 2012 - 10 h 30 AM

samedi 11 février 2012

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al NAKBA

(la catastrophe)

Si nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle rubrique intitulée al NAKBA, c’est notamment pour éviter que tous les pernicieux efforts de l’Etat d’Israël pour faire disparaître ce terme de la mémoire de l’humanité aboutissent. Il serait, en effet, dommageable pour l’Histoire que soient « oubliés » les moments tragiques que connut le peuple palestinien, notamment en 1947-1948, période durant laquelle se déroulèrent les événements ayant donné lieu à cette appellation qui se passe de commentaires, les faits étant là pour en témoigner.

Les faits

Faits significatifs précédant la période dénommée Nakba par les Palestiniens

1917 : Le ministre des affaires étrangères du Royaume Uni, sir Arthur James Balfour, déclare envisager "favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif". L’armée britannique occupe la Palestine et facilite l’entrée et l’installation d’immigrés étrangers armés, créant, de fait, une situation de colonisation.

1922 : La S.D.N (Société des Nations devenue O.N.U) entérine la déclaration Balfour en confiant au Royaume Uni un mandat sur la Palestine. Cette reconnaissance provoque une intensification de la résistance des Palestiniens à l’occupation britannique et à son soutien à l’ établissement de l’Etat d’Israël.

1936-1939 : Un soulèvement majeur et massif marque le point culminant de la double résistance des Palestiniens contre l’occupant britannique et le Mouvement sioniste : "Grande grève", boycott de l’Etat, contrôle des zones rurales par des maquisards ; forte répression par l’armée britannique cantonnée essentiellement aux frontières et qui "réoccupe" plus de 700 villages.

1939-1945 : Seconde guerre mondiale et génocide nazi contre les juifs

Période Nakba

29/11/1947 : L’ONU vote un plan de partition de la Palestine toujours placée sous mandat britannique. Dès le lendemain, le 30 novembre, les affrontements deviennent de plus en plus violents entre les communautés palestinienne et juive ; cette dernière, puissamment armée et soutenue par une opinion internationale encore traumatisée par le tragique sort réservé aux juifs par les nazis, attaque, dévaste, villes et villages palestiniens, harcelant et forçant la population à fuir et c’est ainsi qu’environ 800 000 Palestiniens sont conduits à prendre la route de l’exil.

14/05/1948 : Fin du mandat britannique et proclamation de l’Etat d’Israël contre la volonté des Palestiniens et des Etats arabes voisins. Dès le lendemain, la première guerre israélo-arabe éclate mais 80% de la population de la Palestine est déjà expulsée. Israël déclarera « absents » les propriétaires palestiniens réfugiés dans les pays arabes voisins, ce qui permettra la mainmise de l’Etat sur 90% des terres et possessions palestiniennes après que plus de quatre cent villages ont été rasés.

Ces événements constituent le cœur même de cette tragédie que les Palestiniens ont dénommée Nakba et, au vu et au su de tous les crimes perpétrés durant cette période envers ce peuple martyr par l’occupant toujours présent 63 ans après l’envahissement, on comprend les raisons qui poussent Israël à tenter de faire oublier ce sinistre épisode qui d’ailleurs se prolonge sous d’autres formes plus perverses encore jusqu’à aujourd’hui.

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Les informations fournies dans les articles de cette nouvelle rubrique proviennent du remarquable ouvrage "All that remains : The palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948" (ed. Walid Khalidi )- Traduction : Philippe Lewandowski.

L’ouvrage édité par Walid Khalidi et publié en 1992 (second tirage : 2006) par
the Institute for Palestine Studies (Washington, D.C.) recense, district par district,
l’ensemble des 418 villages qui ont disparu de la carte.

Nous nous proposons
d’en publier des extraits permettant de faire connaître aux lecteurs francophones
la réalité de la Nakba (c’est-à-dire la catastrophe), nom donné par les Palestiniens
à l’évènement tragique dont le gouvernement israélien, dans une vaine tentative
d’effacer l’histoire réelle, prétend même interdire la commémoration.

Pour chacun
des 14 districts traités, nous reproduirons la liste de tous les villages concernés avec
leur population estimée en 1944/45, et en traduisant entièrement l’article consacré à
l’un d’entre eux.

Les Palestiniens aussi ont droit à leurs livres du souvenir.

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Les districts de la Palestine avant 1948

Le district de Jénine

Les villages détruits du district

‘Ayn al-Mansi (90 habitants) ; al-Jawfa, Khirbat (?) ; al-Lajjun (5.409) ; al-Mazar
(270) ; Nuris (570) ; Zir’in (1.420).

al-Mazar

Le village se dressait sur le sommet plat et circulaire du mont al-Mazar. Les
pentes de la montagne étaient escarpées de tous les côtés sauf au sud-est, où le
terrain montait pour rejoindre les cimes des monts Jaylun proches. Al-Mazar était
relié par une piste de boue au village de Nuris situé au-dessous de lui, et par une
autre piste à deux villages voisins. Il a peut-être été appelé al-Mazar (mot arabe
pour « un tombeau » ou « un lieu que l’on visite ») parce qu’il renferme les tombes
d’un grand nombre de ceux qui tombèrent lors de la bataille décisive de ‘Ayn Jalut
(1260), lors de laquelle les Mameluks d’Égypte triomphèrent des Mongols.

À la fin du
dix-neuvième siècle, al-Mazar était un village construit en pierres au sommet d’une
montagne. Bien que le terrain fût très rocheux, quelques oliviers étaient plantés
autour des maisons, et un puits avait été creusé au sud-est.
Les habitants de al-Mazar étaient musulmans. Ils faisaient remonter leurs origines aux
nomades al-Sa’diyyun, qui eux-mêmes descendaient de Shaykh Sa’d al-Din al-Shaybani
(mort en 1224), un éminent mystique soufi du village de Jaba dans le Golan, en Syrie. Le
village était habité par les membres d’une confrérie soufie et était le lieu d’un pèlerinage
musulman. C’était la demeure de Shaykh Farhan al-Sa’di, un dirigeant important de la révolte
palestinienne de 1936.

Al-Mazar possédait une mosquée dans sa partie orientale.
Les maisons de al-Mazar occupaient le sommet de la montagne, entourées par des
terres agricoles. L’agriculture, épine dorsale de l’économie du village, était basée sur des
céréales, des fruits, des légumes, et des olives. En 1944/45, 5.221 dunums (1 dunum = 919 m²)
étaient alloués aux céréales, 229 dunums, dont 68 étaient réservés à des oliviers, étaient
irrigués ou utilisés pour des vergers.

Occupation et nettoyage ethnique

Les troupes israéliennes pénétrèrent dans al-Mazar et l’occupèrent après avoir pris les
villages de Nuris et de Zir’in le 30 mai 1948. La History of the war of independance affirme
que l’unité à l’œuvre était le Quatrième bataillon de la Brigade Golani. Auparavant, en avril,
le Quartier général du Palmach avait ordonné à son Premier bataillon de « détruire les bases
ennemies » dans les trois villages, mais ces ordres semblent ne pas avoir été exécutés
immédiatement.

Peu de temps après avoir occupé ce village, les troupes israéliennes partirent
attaquer la ville de Jénine, qu’elles ne parvinrent pas à prendre.

Implantations israéliennes sur les terres du village

Il y a trois implantations israéliennes sur les terres du village : Perazon, fondé en
1953 ; Meytav, fondé en 1954 ; et Gan Nir, fondé en 1987.

Le village aujourd’hui

Le site est recouvert d’épines et de cactus, et parsemé de moellons en pierres.

Aucune
des maisons ni aucune borne du village ne demeure. Des amandiers et des cactus poussent sur
des parties des terres du village. Les collines sont utilisées comme pâturages, et d’autres
parties sont occupées par des forêts.

Information en anglais et en arabe sur le site de palestineremembered

Images Palestineremembered