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Accueil > NAKBA > Le District d’Acre (n° 1 de notre série de 14 districts) > District d’Acre : Al Mansura

Et si on parlait de la Nakba !

District d’Acre : Al Mansura

23 septembre, 2011 - 08 H 30

vendredi 23 septembre 2011

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al NAKBA

(la catastrophe)

Si nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle rubrique intitulée al NAKBA, c’est notamment pour éviter que tous les pernicieux efforts de l’Etat d’Israël pour faire disparaître ce terme de la mémoire de l’humanité aboutissent. Il serait, en effet, dommageable pour l’Histoire que soient « oubliés » les moments tragiques que connut le peuple palestinien, notamment en 1947-1948, période durant laquelle se déroulèrent les événements ayant donné lieu à cette appellation qui se passe de commentaires, les faits étant là pour en témoigner.

Les faits

Faits significatifs précédant la période dénommée Nakba par les Palestiniens

1917 : Le ministre des affaires étrangères du Royaume Uni, sir Arthur James Balfour, déclare envisager "favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif". L’armée britannique occupe la Palestine et facilite l’entrée et l’installation d’immigrés étrangers armés, créant, de fait, une situation de colonisation.

1922 : La S.D.N (Société des Nations devenue O.N.U) entérine la déclaration Balfour en confiant au Royaume Uni un mandat sur la Palestine. Cette reconnaissance provoque une intensification de la résistance des Palestiniens à l’occupation britannique et à son soutien à l’ établissement de l’Etat d’Israël.

1936-1939 : Un soulèvement majeur et massif marque le point culminant de la double résistance des Palestiniens contre l’occupant britannique et le Mouvement sioniste : "Grande grève", boycott de l’Etat, contrôle des zones rurales par des maquisards ; forte répression par l’armée britannique cantonnée essentiellement aux frontières et qui "réoccupe" plus de 700 villages.

1939-1945 : Seconde guerre mondiale et génocide nazi contre les juifs

Période Nakba

29/11/1947 : L’ONU vote un plan de partition de la Palestine toujours placée sous mandat britannique. Dès le lendemain, le 30 novembre, les affrontements deviennent de plus en plus violents entre les communautés palestinienne et juive ; cette dernière, puissamment armée et soutenue par une opinion internationale encore traumatisée par le tragique sort réservé aux juifs par les nazis, attaque, dévaste, villes et villages palestiniens, harcelant et forçant la population à fuir et c’est ainsi qu’environ 800 000 Palestiniens sont conduits à prendre la route de l’exil.

14/05/1948 : Fin du mandat britannique et proclamation de l’Etat d’Israël contre la volonté des Palestiniens et des Etats arabes voisins. Dès le lendemain, la première guerre israélo-arabe éclate mais 80% de la population de la Palestine est déjà expulsée. Israël déclarera « absents » les propriétaires palestiniens réfugiés dans les pays arabes voisins, ce qui permettra la mainmise de l’Etat sur 90% des terres et possessions palestiniennes après que plus de quatre cent villages ont été rasés.

Ces événements constituent le cœur même de cette tragédie que les Palestiniens ont dénommée Nakba et, au vu et au su de tous les crimes perpétrés durant cette période envers ce peuple martyr par l’occupant toujours présent 63 ans après l’envahissement, on comprend les raisons qui poussent Israël à tenter de faire oublier ce sinistre épisode qui d’ailleurs se prolonge sous d’autres formes plus perverses encore jusqu’à aujourd’hui.

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Les informations fournies dans les articles de cette nouvelle rubrique proviennent du remarquable ouvrage "All that remains : The palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948" (ed. Walid Khalidi )- Traduction : Philippe Lewandowski.

L’ouvrage édité par Walid Khalidi et publié en 1992 (second tirage : 2006) par
the Institute for Palestine Studies (Washington, D.C.) recense, district par district,
l’ensemble des 418 villages qui ont disparu de la carte.

Nous nous proposons
d’en publier des extraits permettant de faire connaître aux lecteurs francophones
la réalité de la Nakba (c’est-à-dire la catastrophe), nom donné par les Palestiniens
à l’évènement tragique dont le gouvernement israélien, dans une vaine tentative
d’effacer l’histoire réelle, prétend même interdire la commémoration.

Pour chacun
des 14 districts traités, nous reproduirons la liste de tous les villages concernés avec
leur population estimée en 1944/45, et en traduisant entièrement l’article consacré à
l’un d’entre eux.

Les Palestiniens aussi ont droit à leurs livres du souvenir.

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Les districts de la Palestine avant 1948

Les villages détruits du district d’Acre

‘Amqa (1.240 habitants) ; ‘Arab al-Samniyya (200) ; al-Bassa (2.950) ; al-Birwa
(1.460)
al-Damun (1.310) ; Dayr al-Qasi (2.300) ; al-Ghabisiyya (1.240) ; Iqrit (490) ;
‘Iribin, Khirbat (360) ; Jiddin, Khirbat (1.500) ; al-Kabri (5.360) ; Kafr ‘Inan (360) ;
Kuwaykat (1.050) ; al-Manshiyya (810) ; al-Mansura (2.300) ; Mi’ar (770) ;
al-Nabi Rubin 1.000) ; al-Nahr (610) ; al-Ruways (330) ; Suhmata (1.130) ;
Al-Sumayriyya (760) ; Suruh (1.000) ; al-Tall (300) ; Tarbikha (1.000) ;
Umm al-Faraj (800) ; Al-Zib (1.910).

Le district d’ACRE

Le village d’ al-Mansura

Avant 1948

Classé comme hameau dans le Palestine Index Gazetteer, al-Mansura
se situait sur l’épaule nord d’une montagne en Haute Galilée. Le sommet de la
montagne s’élevait derrière le village, au sud, et de vastes étendues de terres
s’étiraient en dessous du village vers l’est, l’ouest et le nord. Al-Mansura faisait partie
du Liban jusqu’en 1923, lorsque les Anglais et les Français délimitèrent les frontières
internationales dans cette région et le placèrent en Palestine. Une route secondaire
le reliait à la grande voie Acre-Ras al’Naqura sur la côte. Ses maisons étaient
construites à quelque distance les unes des autres. Al-Mansura était majoritairement
chrétien ; il avait sa propre église. Il obtenait son eau potable d’une source au
Nord et de trois citernes d’eau au sud. Son économie se basait principalement sur
l’agriculture et l’élevage. Des oliviers étaient plantés sur 900 dunums (1 dunum = 919
m²) appartenant aux habitants d’al-Mansura et des localités voisines de Fassuta et
Dayr al-Qasi. En 1944/45, en tout 6.475 dunums des terres des trois villages étaient
consacrés aux céréales ; 1.617 dunums étaient irrigués ou occupés par des vergers.
À côté du village étaient deux khirbas (ruines) contenant les fondations, des presses,
des citernes, et les restes d’un fort.

Occupation et nettoyage ethnique

Le village fut attaqué probablement en octobre 1948, lors de l’opération
Hiram. Plus tard, à la mi-novembre 1948, l’armée israélienne décida de vider le côté
israélien de la frontière israélo-libanaise de ses villages arabes. Elle ordonna aux habitants d’al-Mansura de partir ; quelques-uns passèrent au Liban, mais la plus
grande part fut emmenée en camion au village d’al-Rama, dans le sud. En février
1949, l’église maronite fit appel au gouvernement israélien an faveur des villageois,
demandant qu’ils soient autorisés à retourner dans leurs maisons, mais cela fut
refusé. De nombreuses années durant, les habitants d’al-Mansura restés en Israël
réitérèrent leurs plaidoiries auprès des autorités israéliennes, mais en vain.

Implantations israéliennes sur les terres du village

Netu’a, fondé en 1966, est à moins d’un kilomètre du site du village, sur le
territoire du village. Elqosh a été établi en 1949 sur une partie des terres du village.
Biranit a été construit au début des années 50 sur le territoire du village ; son nom
originel était al-Mansura. Mattat, fondé en 1979, et Abbirim, fondé en 1980, sont
également sur le territoire du village.

Le village aujourd’hui

Les maisons du village ont été complètement rasées. Beaucoup des débris
qui en résultaient ont été repoussés en tas vers la limite nord du site. Des tiges
d’armature de fer émergent de quelques-uns des plus gros blocs de ciment. Le
site est utilisé comme pâturage pour les bovins et a été entouré par une clôture
de fil de fer. À l’ouest du site se trouve une coopérative de volailles appartenant à
l’implantation de Netu’a. Le seul édifice du village encore debout est l’église de Mari
Yohanna, qui se trouve à 200 m au sud du site, sur la pente de la montagne.

Son
plafond et une partie de ses murs se sont écroulés. Des vignes ont été plantées
entre l’église et le site du village, et un terrain d’atterrissage ainsi qu’une base
militaire se trouvent sur le sommet de la montagne, au sud.

Pour en savoir plus : english
arabic,
Images : Palestineremembered.com

Revenir à la présentation générale des faits qui constituent la Nakba.