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"Jean Ziegler « Je peux dire enfin qui sont les canailles »"

Vendredi, 5 octobre 2012 - 8h41 AM

vendredi 5 octobre 2012

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"Il y a aujourd’hui assez pour nourrir douze milliards d’êtres humains. Si des gens meurent de faim, c’est à cause de la spéculation", dénonce Jean Ziegler.

"Je peux dire enfin qui sont les canailles", répond le Genevois, interrogé sur ce qui le motive à témoigner encore et toujours sur la faim dans le monde.

Pour la sortie de la version allemande son livre « Destruction massive. Géopolitique de la faim », Jean Ziegler fait lundi la Une du Tages-Anzeiger. Il dit avoir consigné ce qu’il a appris de 2000 à 2008 comme rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation.

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« Longtemps j’ai dû me taire, parce que j’étais quotidiennement en contact avec des grands groupes, le Fonds monétaire International, la Banque mondiale et de nombreux chefs d’État », explique le sociologue, qui avoue que son silence lui a été pénible. Il s’est même « souvent senti comme un traître », par exemple en rejoignant les paysans mayas guatémaltèques dans sa grosse Toyota blanche frappée aux armes de l’ONU.

De l’espoir tout de même

« Ces gens très pauvres me regardaient les yeux plein d’espérance et je savais que je ne pouvais pas satisfaire leurs espoirs. Lorsque je leur demandais la seule chose qui puisse les aider, je savais que je n’avais aucune chance de faire passer l’idée d’une réforme agraire et que celle-ci serait balayée trois mois plus tard à New York », note l’ancien professeur et politicien genevois.

Jean Zieger dit ne pas être désillusionné pour autant. Son ouvrage, dit-il, est « aussi un livre de l’espoir ». Car pour la première fois dans l’Histoire de l’humanité, il serait aujourd’hui possible de nourrir tout le monde.

« Le fait qu’un enfant de moins de 10 ans meurt de famine toutes les cinq secondes et que près d’un milliard d’êtres humains sont fortement sous-alimentés relève du massacre ». C’est une sorte de « crime organisé », commente-il.

Pas coupables mais complices

Nous ne sommes pas coupables de cette situation dont nous n’avons pas conscience, admet l’ancien conseiller national socialiste connu pour ses positions altermondialistes. « Mais nous sommes complices en tolérant que des multinationales et des spéculateurs décident chaque jour de qui mangera et vivra et de qui aura faim et mourra ».

Questionné sur ce que nous pouvons faire comme individu, Jean Ziegler répond que l’action politique est plus efficace que de faire des dons ou de restreindre sa consommation de viande, même s’« il y a lieu de s’interroger dès lors qu’un quart des céréales produites sert à engraisser le bétail de boucherie ».

Il est possible d’agir à l’échelon politique, ajoute-il, « car nous vivons dans une démocratie ». « Nous pourrions par exemple faire exclure les non-producteurs et les non-utilisateurs directs de produits alimentaires des bourses aux matières premières. »

Les Chinois comme les Impérialistes du 19e siècle

« Les paysans travaillent dur », répond Jean Ziegler questionné sur les faibles rendements de l’agriculture en Afrique. « Mais ils n’ont aucun soutien : ni irrigation, ni semences, ni bêtes de trait, pas de tracteur, pas de fertilisants de synthèse, rien de rien ».

« Ils ont un grand savoir-faire », mais plutôt que de les aider, on tire prétexte de ce manque de ressources et de rendement pour les déposséder des terres les plus fertiles, explique Jean Ziegler. « Selon la banque mondiale, on leur a déjà pris 41 millions d’hectares de terres arables ».

L’arrivée d’investisseurs chinois ne change rien, « au contraire ». Ils se comportent en Afrique « comme les Impérialistes occidentaux du 19e siècle ». Pour Jean Ziegler, « la Chine est une dictature qui pratique le néo-libéralisme et qui s’est adaptée au mieux au capitalisme prédateur ».

« Pékin soutient au Soudan une dictature qui mène une guerre abominable contre son propre peuple », ajoute l’ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation. Ce « uniquement parce qu’ils s’intéressent aux réserves de pétrole ». (Newsnet)]

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Source "lematin.ch" (créé : 01.10.2012, 14h59), cliquer ici

Autre article intéressant :

"Sécurité alimentaire"

"Quand le directeur de la FAO appelle à « fertiliser la planète avec l’argent »"

"Le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a récemment appelé les gouvernements à adopter le secteur privé comme « moteur principal » de la croissance de la production alimentaire globale. Et enjoint à « fertiliser la planète avec l’argent » ! Dans une lettre ouverte, des organisations environnementales et paysannes démontent cet argumentaire, en rappelant notamment que les petits paysans sont plus productifs que les grandes compagnies agroalimentaires."

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