Accueil > Rubriques > Pratiques économiques et financières > USA : fin de partie

Source : Blog de Paul Jorion

USA : fin de partie

Dimanche, 24 juillet 2011 - 13h01

dimanche 24 juillet 2011

===================================================

Les républicains ont interrompu hier en fin d’après-midi les pourparlers, alors qu’un accord sur le relèvement du plafond de la dette publique américaine doit être trouvé avant lundi si l’on veut que l’échéance du 2 août soit respectée. Si elle ne l’est pas, l’État sera alors en défaut de paiement. Ce qui ne serait pas trop grave s’il ne s’agissait que de l’affaire de quelques jours. Si ce n’est que la notation de crédit des États-Unis sera dégradée, dégradation difficilement réversible et provoquant une hausse des taux d’intérêt dont ils doivent s’acquitter sur leur dette, et une dépréciation immédiate de tous les titres de dette déjà en circulation – ce dont le pays n’a certainement aucun besoin !

On savait évidemment que l’échéance du 2 août serait l’occasion d’effets de manche de la part des deux partis en présence. Mais on imaginait que leurs positions se seraient suffisamment rapprochées pour être réconciliables grâce à un accord de dernière minute. Ce n’est pas le cas, et on pouvait en réalité s’en douter depuis en certain temps, les positions n’ayant cessé de diverger entre républicains et démocrates au cours des derniers mois.

De quoi s’agit-il ? Les républicains prétendent démanteler une fois pour toutes ce qu’il reste aux États-Unis d’État-providence, et en particulier Medicare, l’assurance-maladie des retraités, tentent aussi d’empêcher la mise en application de la loi Dodd-Frank de réforme de la finance votée l’année dernière – en l’asphyxiant par manque de fonds, et enfin et peut-être surtout, tentent de réaliser un vieux rêve républicain d’interdiction de fait de l’avortement, en éliminant son financement.

Avec une dette publique de 14 mille milliards de dollars, l’État américain est de facto en faillite et un relèvement du plafond autorisé n’arrangera pas les choses. Les deux partis en présence le savent, et plutôt que de tenter de trouver une « solution » à un problème insoluble, ils semblent s’être résolus, chacun de son côté, à présenter au mieux aux yeux de l’opinion les raisons de son refus d’un compromis. Et ceci pour que ce soit le parti d’en face qui apparaisse responsable de l’échec des négociations, et soit blâmé in fine de la faillite des États-Unis… qui est elle d’ores et déjà acquise, et à laquelle ils ont tous deux contribué vaillamment au fil des années.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.