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Source : Econostrum.info - Nouvelle bombe ? (ndlr)

L’Italie exposée à des pertes potentielles sur des contrats de dérivés

Vendredi, 28 juin 2013 - 6h52 AM

vendredi 28 juin 2013

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Selon les quotidiens italien et britannique « La Repubblica » et le « Financial Times », l’Italie aurait utilisé les paiements effectués par des banques en application de contrats de dérivés pour améliorer ses comptes et sauter dans le premier train pour l’euro.

ITALIE. La péninsule se serait exposée à une perte potentielle en renégociant en 2012, huit contrats de dérivés souscrits avec des banques étrangères dans les années 90 pour un montant théorique notionnel de 31,7mrds€.

C’est le constat dressé par le Trésor italien dans un rapport confidentiel rédigé en fin d’année 2012. La nouvelle rapportée mercredi 26 juin 2013 par les quotidiens italien et britannique « La Repubblica » et le « Financial Times » à la veille du sommet européen et en concomitance avec le lancement de la vente de bons du Trésor a fait l’effet d’une bombe. Selon les deux quotidiens en effet, les paiements effectués par les banques pour l’application des contrats, aurait aidé le gouvernement italien qui essayait de redresser ses comptes publics pour sauter dans le premier train pour l’euro.

Pour un expert gouvernemental couvert par l’anonymat, les pertes potentielles seraient estimées à quelques 8,1 mrds€. A titre d’indication, ce chiffre est équivalent à la manœuvre budgétaire envisagée par le gouvernement d’unité nationale actuel pour corriger les comptes 2013.

Selon ce rapport confidentiel de vingt-neuf pages rempli de chiffres, la restructuration des huit contrats est basée sur des opérations concernant des swaps de taux d’intérêt visant à protéger les comptes publics italiens du risque d’une hausse des taux. Le rapport évoque également la fermeture d’un contrat de dérivés avec l’institut Morgan Stanley qui aurait coûté en 2012 plus de 3 mrds€ à l’Etat. Contacté par « econostrum. Info », Domenico Siniscalco, ancien ministre du Trésor du gouvernement Berlusconi et chef du bureau italien de Morgan Stanley, n’a pas voulu s’exprimer.

Chercher le coupable au Trésor
Dans un communiqué officiel, le ministère du Trésor italien a démenti mercredi 26 juin 2013 après-midi, « l’hypothèse que la République italienne ait utilisé des dérivés à la fin des années 90 pour créer les conditions requises pour une entrée dans l’euro. »

Reste que ces révélations soulèvent deux questions importantes. D’où viennent ces fuites ? Et pourquoi avoir dévoilé le contenu du document confidentiel à la veille du sommet européen et en concomitance avec le lancement de la vente de bons du Trésor italien qui a immédiatement subi les contres-coups des révélations faites par « La Repubblica » et le « Financial Times » ? « Il faut chercher le coupable au Trésor où plusieurs personnes proches de Giulio Tremonti ancien ministre du Trésor de Silvio Berlusconi sont encore en poste. Il peut s’agir d’une vengeance, d’un avertissement lancé au gouvernement Letta qui navigue à vue ou d’une attaque contre Mario Draghi qui dirigeait le Trésor durant les années 90 lorsque les contrats sur les dérivés ont été souscrits » estime Vincenzo Visco, ancien ministre des Finances des gouvernements de centre-gauche de 1996 à 2000. « C’est le début d’une attaque spéculative contre l’Italie et certains maillons ont intérêt à affaiblir la péninsule » analyse pour sa part une sénatrice de la droite berlusconienne sous couvert d’anonymat. Une explication qui ne tient pas la route pour Vincenzo Visco, une attaque contre Rome affaiblissant par ricochet l’ensemble de la zone euro.

« Nous sommes dans une situation compliquée. En Italie, Silvio Berlusconi a été condamné pour prostitution de mineure et le gouvernement est dans une position de faiblesse, la droite faisant pression pour obtenir une sorte de blanc-seing qui permettrait au Cavalier d’échapper à la justice. En Europe, personne n’arrive à faire modifier la ligne politique économique et financière. L’axe France-Italie-Espagne semble ne pas fonctionner car chacun agit pour son propre compte. Je pense que cette affaire cible surtout Mario Draghi à titre de patron de la BCE » confie Vincenzo Visco.

Mercredi 26 juin 2013 dans l’après-midi, le parquet de Rome a ouvert une information judiciaire. « Nous ne sommes pas encore dans le domaine du pénal. Nous allons enquêter auprès du Trésor avec la brigade financière pour avoir copie de tous les documents. L’objectif est de voir si la publication de ce document confidentiel peut influencer le marché et perturber par exemple la vente de bons du Trésor » a confié le procureur Nello Rossi à « econostrum. Info ».