L’effet « rideau de fumée »

Rédigé sous la direction du magistrat allemand Detlev Mehlis, le rapport d’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri a été remis jeudi dernier, 20/10, au Conseil de sécurité de l’ONU.

Alors que le secrétaire général, Kofi Annan, a prolongé jusqu’à mi-décembre la mission de Mehlis, les médias titrent, quasiment tous, sur le contenu de ce rapport, faisant fi du devoir de précaution imposant d’attendre la confirmation de certains éléments constitutifs du dossier.

Le rideau de fumée est ainsi créé et occulte toute autre information concernant cette région du Moyen-Orient comme, par exemple, le redoublement de violence de l’armée israélienne dans les Territoires occupés, les déclarations de Shimon Pérés concernant la nécesaire judaïsation intensive de la Galilée, le renforcement des mesures d’enfermement de la zone de Gaza etc.....

La relative trêve, consécutive à la demande de prolongation d’enquête par Kofi Annan, crée, comme d’habitude, une réaction d’impatience et aux Etats-Unis et en Israël, unis dans un même objectif de suprématie territoriale dans cette région au sous-sol explosif.

Ce rideau de fumée occulte également l’information, routinière maintenant, sur la désastreuse situation en Irak et l’impuissance des occupants à parvenir à leurs fins dans un pays qu’ils ont envahis, contre l’avis quasi unanime de l’opinion mondiale et suite à une décision unilatérale subite, arrogante et aux effets meurtiers y compris pour eux mêmes.

Au cas où ce scénario de cauchemar commencerait à prendre forme concernant la Syrie ou (et) le Liban, il reviendrait à l’Europe de faire, cette fois-ci, preuve de courage, de détermination et d’unité afin de ne pas couvrir par un silence coupable, une avancée hégémonique supplémentaire destinée, dans la foulée, à marginaliser cette même Europe et à pouvoir exercer ensuite une totale domination sur la plus grande prison du monde : la Palestine.