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En toute amertume et simplicité

« Je vais pouvoir monter sur le toit »

Par Al Faraby

vendredi 19 août 2005

( Vendredi, 19 août 2005 )

« Je n’ai pas peur que les Israéliens me tirent dessus parce qu’ils mènent une bataille contre eux-même aujourd’hui. » Comme de nombreux Palestiniens de la Bande de Gaza, Mohammed Bachir accueille l’évacuation des colonies avec soulagement mais aussi amertume en raison des violences passées.
Perché sur le toit de sa maison à Deir al-Balah, dans le centre du petit territoire, Bachir observe l’évacuation forcée de Kfar Darom toute proche. Comme des dizaines de ses voisins, il assiste à des échauffourées entre soldats et colons avec des sentiments mitigés.
Il éprouve un réel soulagement car, pour la première fois depuis des années, la situation est suffisamment sûre pour lui permettre de monter sur son toit alors qu’il vit à seulement quelques mètres de la colonie qui abrite de nombreux « ultras ».
Mais il est aussi amer en repensant au passé. Depuis le début de la deuxième Intifada il y a cinq ans, il a vécu sous la menace des tirs en provenance des tours de guet de l’armée gardant Kfar Darom. Le secteur a été le théâtre de violents affrontements entre Israéliens et Palestiniens.
Les terres agricoles palestiniennes ne sont plus qu’un désert poussiérieux parsemé de serres en ruines. Les maisons sont criblées d’impacts de balle et il ne reste que quelques murs encore debout parmi une rangée de commerces, endommagés ou détruits par les combats.
« Ces quatre dernières années, nous avons subi leur comportement abject. Aujourd’hui le monde s’intéresse à eux, les regarde pleurer et crier, alors que personne n’a fait attention à nous lorsqu’ils ont pris notre terre, tué nos enfants et détruit nos maisons », déplore M. Bachir, à qui l’armée d’occupation avait confisqué un demi-hectare de terre pour créer une zone tampon entre Deir al-Balah et Kfar Darom.
Le retrait israélien devrait permettre à ce paysan de 42 ans de récupérer son bien. « Je pense que la justice de Dieu est à l’oeuvre », dit-il.
Fatigués par des années de violence et une économie dévastée, les Palestiniens espèrent toutefois que le retrait leur apportera un avenir meilleur. « J’espère que l’avenir sera prometteur parce que nous avons payé un prix élevé, et beaucoup sacrifié et souffert », résume Mohammed Bachir.