Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Archives > Actualités Israël-Palestine > NUIT DE TERREUR à NAPLOUSE

NUIT DE TERREUR à NAPLOUSE

Impitoyablement l’occupant continue ses persécutions, ses humiliations et ses crimes

dimanche 23 janvier 2005

www.palestine-info.info
Naplouse - spécial

A peine la population de Naplouse essaie-t-elle d’oublier les chocs successifs subis depuis l’invasion de 2002 que les chars de l’occupation militaire lui rappellent à nouveau sa situation et la mettent dans une situation plus grave encore.

La famille de Hussayn Hasiba, qui habite sur la colline nord de la ville raconte, avec Umm Mujahid, les détails de la nuit de peur et de terreur qu’elle a vécu, avec tous les habitants d’un immeuble, deux semaines auparavant, lorsque les forces de l’occupation ont assassiné l’étudiant universitaire, Ihsan Shawahne, un des dirigeants des Brigades Izzidine Al-Qassam, après des affrontements d’une heure, pendant lesquels des soldats sionistes ont été blessés.

« Nous étions chez nos voisins, au début de la nuit. Nous sommes retournés chez nous vers 20 heures. Puis nous nous préparions pour aller au lit, puisqu’il faut se lever tôt et les enfants doivent aller à l’école. » Comme la plupart des habitants de Naplouse, c’est en écoutant les informations locales que la famille Hasiba a appris que les soldats de l’occupation ont investi Naplouse et se dirigent vers la colline nord. Umm Mujahid regarde par la fenêtre et aperçoit une patrouille de l’armée d’occupation près de la mosquée Hajj Nirm Nabulsi, et deux soldats en train de fouiller un voisin, au bas de l’immeuble. « Le danger s’est rapproché, ils sont au bas de l’immeuble ». A peine a-t-elle eu ses pensées que de fortes explosions se sont entendre sur la place. La montre indiquait 23 heures. Des hauts-parleurs, des voix hurlaient : « Tous les habitants de l’immeuble Hadade sortent à la rue », et le soldat ajoute, menaçant : « Vous avez des enfants... sortez avant qu’on ne fasse exploser l’immeuble. Ayez de la pitié envers vos enfants, ne les tuez pas. »

Les habitants de l’immeuble, pris de peur, sort sortis par les escaliers, portant leurs enfants. Ils refusent de sortir un à un, afin que le loup ne mange pas les brebis isolées. En sortant, les habitants s’arrêtent devant l’appartement d’Abu Mujahid, où les enfants sont nombreux, pour les aider à sortir les enfants. Arrivés au bas de l’immeuble, les gens ne pouvaient imaginer ce qui les attendait.

Umm Mujahid raconte : « les soldats étaient là, avec un informateur, le visage caché, un traître, il indiquait aux soldats ceux qu’ils devaient arrêter. Lorsque mon mari Hussayn Hasiba est sorti, il a été pris et emmené vers leurs blindés ». Il a été battu et interrogé, devant son épouse et ses enfants, et tous les gens de l’immeuble. Ensuite, les soldats ont dispersé les gens, ils ont gardé les hommes dans la rue et demandé aux femmes et enfants de se mettre dans une maison à l’arrière. Quelques instants plus tard, les officiers sionistes investissent le lieu et demandent Mujahid Hasiba, un enfant de 14 ans, élève en quatrième. Mujahid est pris pour interrogatoire, trois heures debout dans une nuit glacée. Mais l’officier revient et demande son frère Asid, 10 ans. Asid est pris, ramené, repris, ramené et interrogé à chaque fois.

Toutes les familles furent stupéfaites lorsque l’officier revient et demande l’enfant Yaqin, âgée de 5 ans. La mère n’en pouvait plus.
Elle intervient :
« Où est-ce que tu vas la prendre ? »
- « Tu es alors Umm Mujahid ? »
« Oui, sais-tu que Yaqin a à peine 5 ans ? »
- Oui, je le sais." « Mujahid est encore chez vous, vous prenez Asid et vous le ramenez, et maintenant la petite ? »
Mais il insiste et il prend Yaqin pour lui poser cette question, devant ses frères :
« Qui était chez vous ? »
Paniquée, elle ne répond rien. Elle est ramenée auprès de sa mère.

Mujahid raconte plus tard : « Ils m’ont posé beaucoup de questions. Ils m’ont demandé, si nous arrêtons ton père, comment allez-vous vivre ? »
Mujahid répond : « Je quittterai l’école et j’assurerai les besoins de la maison à sa place ».
Il est alors battu par un soldat qui lui dit : « Tu es impertinent et tu as besoin d’être éduqué ».
Après plusieurs allées et venues, l’officier s’approche d’Umm Mujahid, s’assoit près d’elle et dit : "Tu as le choix, ou tu te tais et tu verras ton mari sortir de prison comme ce vieillard - indiquant par la main un vieux monsieur assis - ou tu nous dit qui est le « terroriste » que vous protégez, tu protèges ainsi ton mari et ta maison".
Umm Mujahid répond qu’il n’y a personne, et qu’ils n’ont qu’à fouiller la maison et l’immeuble.
L’officier avoue ne pas vouloir s’aventurer dans la fouille.
Elle répond : « Tout ce que vous voulez, c’est nous rendre la vie impossible, c’est tout ».
La nuit avançait et bientôt ce serait l’aube, et tous les habitants de l’immeuble étaient réveillés, attendant dans le froid que tout se termine. Un habitant de l’immeuble se porte volontaire pour fouiller. Il procède à une fouille, appartement par appartement. L’un des appartements est fermé. Il n’est pas loué.
Il a fallu attendre pour réveiller le propriétaire qui donne la clef, puis pour fouiller l’appartement,, en vain. Rien. Quelques instants plus tard, les chiens aboient. L’officier sioniste déclare : les chiens ont repéré quelqu’un. Je vais être obligé de démolir l’immeuble sur la tête du « terroriste » qui s’y trouve.

Tout semblait fini. Le char pointait déjà le canon sur l’immeuble. Mujahid est revenu vers sa mère, après plusieurs heures de « shabeh » près de la patrouille. Et l’affrontement armé se déclenche.

Umm Mujahid raconte : « A peine l’affrontement a-t-il commencé que les soldats sionistes commencent à crier, ils chargeaient leurs armes, et nous avons su qu’il y avait des blessés chez eux. Cela a duré de 10 à 15 minutes. Le char tirait sur l’immeuble. A ce moment, ce fut l’adhan de l’aube. C’est la fin de la nuit, partout, sauf pour nous. »
L’officier s’approche d’Umm Mujahid pour lui annoncer : ton mari est mort et nous avons tué le « terroriste ».
Elle lui répond : "Vous avez tué mon mari et vous prétendez qu’il est « terroriste », l’immeuble est vide, il n’y pas personne." « Je ne crois pas que la dépouille est tombée du ciel » puis il ajoute : « ton mari, je voulais dire qu’il est mort... de froid. Nous le prenons avec nous et nous allons le mettre en prison pour la vie ».

Les blindés et chars de l’occupation se préparent à s’en aller. Les habitants retournent à leurs appartements, et ils voient le martyr Ihsan Shawahne gisant par terre, sur les escaliers. Il a refusé de se rendre et a combattu jusqu’à la dernière minute. Les soldats de l’occupation sont partis au matin, emmenant Abu Mujahid. Ils ont refusé à sa famille de lui parler. La famille Hasiba est retournée à sa maison, pour s’apercevoir des dégâts laissés : l’appartement était devenu un champ de tirs. Abu Mujahid a été emmené au centre de détention de Huwwara. Il était commerçant et n’avait jamais été arrêté. Il souffre des reins. Umm Mujahid craint que son état de santé empire dans les prisons de l’occupation.