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Shaul Mofaz, encore lui ! Ordonnateur en chef des basses-oeuvres !

Arrogance du terrorisme d’état israélien

par Claude Leostic

jeudi 16 mars 2006

C. Léostic

publié le jeudi 16 mars 2006

Le Ministre de la défense israélien annonce que l’armée planifiait depuis une semaine avec les gardes US et britanniques le raid sur Jéricho qui leur a permis de kidnapper les militants du Front Populaire..

Shaul Mofaz a déclaré mardi soir qu’Israël savait à l’avance quand les gardes américains et britanniques quitteraient les bâtiments de la prison de Jéricho, ce qui participait de la coordination pour déblayer le terrain pour que les soldats attaquent la prison et s’emparent du Secrétaire général du FPLP Ahmad Sa’adat, et de ses 4 camarades.

Les militants du FPLP kidnappés
Ces déclarations de Mofaz contredisent celles de responsables militaires israéliens qui affirmaient qu’il n’y avait pas eu de coordination préalable entre Israël et les "gardes" qui ont quitté les bâtiments avant que l’armée israélienne eut envahi la ville de Jéricho et encerclé la prison.

Mofaz a précisé que l’armée préparait l’opération depuis une semaine et qu’il avait donné son accord. Le plan, selon Mofaz, était de mettre « une pression graduelle » sur les détenus politiques et non de pénétrer dans la prison et de se battre avec eux. « Cette attaque et ces arrestations sont un signe clair qu’Israël ne transigera pas sur sa sécurité nationale » a dit Mofaz, ajoutant que « les assassins d’un ministre israélien ne peuvent être libres ».

En août 2001 l’armée israélienne a mené une attaque sur Ramallah, a lancé un missile sur le bureau de Abu Ali Mustafa, alors Secrétaire général du Front populaire et l’a abattu.

Manifestation après l’assassinat d’Abu Ali Mustafa
Le FPLP, en représailles à l’assassinat de son dirigeant a mis sur pied une opération pour éliminer Zeevi, ministre israélien du tourisme, militant d’extrême droite partisan acharné de l’épuration ethnique et de la déportation des Palestiniens. 4 militants du FPLP ont été jugés coupables de cette attaque, d’avoir donc enfreint les ordres de la direction palestinienne, et condamnés à de la prison par l’ANP. Saadat, le nouveau responsable du FPLP, est accusé par les autorités d’occupation d’avoir organisé l’attaque.

Ahmed Saadat
Le président Abbas avait annoncé la libération prochaine des résistants détenus, et le Hamas en avait fait une promesse de campagne. Ce qui aurait fait peur à Mofaz et ses comparses.

Plusieurs députés arabes au parlement israélien et le Bloc de la Paix israélien [1] accusent le Premier ministre par intérim Olmert de mener sa campagne électorale en attaquant les Palestiniens afin d’obtenir les voix de la droite. Selon les sondages sur les élections anticipées du 28 mars, son parti, Kadima, créé par Sharon, transfuge du Likoud, était en perte de vitesse. Kadima a remonté dans les sondages dès hier soir.

Sa’adat et 3 de ses camarades ont été arrêtés et transférés dans un centre de détention israélien. Environ 300 Palestiniens ont été arrêtés, une vingtaine blessés et les forces d’occupation ont tué 3 personnes pendant cette attaque.

L’attaque a mis en action des chars, des hélicoptères (qui ont tiré un missile sur le vieux bâtiment) et des bulldozers qui ont abattu les murs.

Gaza 14 mars 2006, manifestation du FPLP
En réponse à ce raid qui est un mélange de terrorisme d’état et de gangstérisme, la population palestinienne a déclaré et suivi une grève générale massive aujourd’hui 15 mars, avec des manifestations partout, et des actions protestataires spectaculaires comme des enlèvements d’étrangers dans la Bande de Gaza. Tous ont été rapidement relâchés.

Manifestation et grève générale, 15 3 2006Les symboles de la Grande Bretagne, complices de l’attaque ont été visés, et le FPLP, comme d’autres groupes de la résistance palestinienne, annonce des représailles.

Comme à chaque fois que la « démocratie » israélienne doit aller aux urnes, la violence s’intensifie contre les Palestiniens, comme en témoignent toutes les attaques contre des civile et les assassinats ciblés qui se succèdent depuis des semaines.

Il s’agit encore pour Israël de briser la volonté politique palestinienne d’imposer ses revendications nationales légitimes. Le président Abbas est aussi directement visé,lui qui, d’abord considéré comme fréquentable, puis rapidement discrédité comme "incapable" de négocier, était absent, en déplacement en Europe.

Il s’agit aussi de rendre le Hamas responsable de la violence (ils allaient libérer les résistants du FPLP !) et tenter encore une fois de créer le chaos en Palestine.

Il est scandaleux que les puissants de ce monde « appellent au calme et à la retenue les Palestiniens et les Israéliens » comme si la responsabilité et la violence étaient égales. Les images de ce raid sont plus éloquentes que les discours : une poignée de policiers avec des armes légères, protégeant des dizaines de prisonniers désarmés, dans des locaux vétustes et mal protégés, ont été agressés par des chars d’assaut et autres blindés, des hélicoptères de combat, des bulldozers et des missiles !

Jéricho, 14 3 2006

Les Etats unis annoncent leur veto à une résolution du Conseil de Sécurité condamnant cette attaque. Leur roquet Blair "justifie" le départ des Britanniques avant l’agression militaire, pour des raisons de sécurité. Quelle sécurité ? Pour m’y être rendue je témoigne que les gardes britanniques et américains, qui contrôlaient effectivement la prison politiquement et légalement,en ce qui concerne les militants du FPLP détenus, s’y sentaient parfaitement à l’aise. Comme partout en Palestine, il n’y avait a priori danger que quand les soldats israéliens rodaient. Comme ce raid l’a confirmé.

Les condamnations arabes et européennes de ce raid criminel ne suffisent pas.

Seules des sanctions contre un état terroriste criminel pourront l’amener à reconnaître le droit et à s’y plier.

Claude Léostic, avec Saed Bannoura, Imemc et agences.15 3 2006

[1] Gush Shalom, les trop rares militants israéliens contre l’occupation, qui, à Bil’in ou ailleurs manifestent courageusement contre les exactions de leur armée et la politique coloniale de leur gouvernement