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OPINION intéressante, bien que nous ne soyons pas d’accord sur la partie du texte que nous avons mise en italique et que nous estimons ne plus être d’actualité.

France-Palestine 1936-2006 70 ans de résistance

Apprendre des défaites

mardi 13 juin 2006

3 mai 1936 : En France, le Front populaire (officiellement appelé Rassemblement national) remporte les élections législatives avec 376 députés élus sur 618.

11-13 mai 1936 : début des grèves avec occupation aux usines d’aviation du Havre et de Toulouse pour protester contre le licenciement d’ouvriers grévistes le 1er mai. Par la suite les grèves avec occupation des usines débutent dans la métallurgie parisienne ; de proche en proche, le mouvement va s’étendre aux autres branches industrielles et à toutes les régions. Entre le 26 mai et le 2 juin, 11000 grèves, 2,4 millions de grévistes paralysent la production, mouvement qui naît en dehors de toute stratégie syndicale. La CGT, réunifiée en mars 1936, assiste passivement à ce mouvement social, le plus important en France au XXème siècle.

7 mai 1936 : en Palestine sous occupation britannique, une conférence de 150 délégués représentant tous les secteurs de la population appelle à la grève générale et à refuser de payer les impôts. Les paysans quittent leurs villages pour rejoindre des unités de combattants qui se forment dans les montagnes. Des combattants venus de Jordanie et de Syrie les rejoignent.
Le mouvement national inclut la bourgeoisie urbaine, les propriétaires terriens, les dirigeants religieux et les représentants des paysans et des ouvriers.
Ses revendications :

1. Arrêt immédiat de l’immigration sioniste,

2. Cessation et la prohibition du transfert des terres possédées par les Pesltiniens aux colons sionistes,

3. Établissement d’un gouvernement démocratique dans lequel les Palestiniens auraient une majorité de contrôle.

4 juin 1936 : le socialiste Léon Blum constitue un gouvernement, auquel le PCF refuse de participer mais qu’il soutiendra. Le mouvement de grèves avec occupation ne s’estompe pas directement. Maurice Thorez, chef du PCF, lance son fameux : « Il faut savoir terminer une grève ». Dans les mois qui suivent, une série de conquêtes seront arrachées : augmentations de salaire substantielles comprises entre 7 et 15%, institutionnalisation de délégués du personnel chargés des revendications individuelles et collectives, généralisation du système des conventions collectives (un an après, 46000 conventions collectives sont signées), congés payés qui donnent, pour la première fois dans l’histoire sociale, quinze jours de vacances aux salariés et la semaine des 40 heures, loi sur la nationalisation des industries de guerre, loi sur les procédures de conciliation et d’arbitrage, création de la Société nationale des chemins de fer (SCNF).

18 juin 1936 : une grande partie de la ville de Jaffa est détruite par les Britanniques, laissant 6 000 personnes sans abri. Les maisons palestiniennes dans les communautés environnantes sont également détruites.
lois sont adoptés. La loi sur les 40 heures est vidée de sa substance. Tout salarié récalcitrant qui refusera d’effectuer des heures supplémentaires ³ ordonnées dans l’intérêt de la défense nationale ² sera licencié. Quant au syndicaliste qui tenterait d’organiser une résistance, il risque une amende et une peine d’emprisonnement. Ces décrets-lois marquent un recul significatif du pouvoir syndical.

30 novembre 1938 : répression de la grève. En réaction, la CGT appelle à la grève mais la mobilisation est faible dans le secteur nationalisé. Trois types de répressions s’abattent sur les grévistes : judiciaire, administrative et patronale. 1731 poursuites judiciaires sont engagées sous le chef d’inculpation « d’entraves à la liberté de travail, violences sur les personnes, dégradation du matériel et menaces ». 806 peines de prison sont

18 juillet 1936 : le général Francisco Franco déclenche son coup d’État à partir du Maroc. Début de la Guerre civile espagnole. La décision de ³non-intervention² de Léon Blum conduire à l’écrasement de la république espagnole par les troupes fascistes, grâce à l’intervention directe de l’Allemagne et de l’Italie.

30 juillet 1936 : les Britanniques décrètent la loi martiale en Palestine. 20 000 hommes de troupe sont envoyés en renfort en Palestine. Comme ils ne suffisent pas à écraser la révolte, les Britanniques vont s’appuyer sur les sionistes. Une "Force de parapolice" est établie : elle compte 2 863 recrues juives, 12 000 hommes sont organisés dans la Haganah, et 3 000 dans l’Organisation militaire nationale (Irgun) de Jabotinsky. En 1939, les fonces sionistes travaillant avec les Britanniques regroupent 14 411 hommes organisés en dix groupes de ³Police de la colonie² bien armés, chacun commandé par un officier britannique, avec un représentant officiel de l’Agence juive comme adjoint. Au printemps 1939, la fonce sioniste comprendra 63 unités motorisées, composée chacune de 8 à 10 hommes.

1938 : 5 000 Palestiniens sont emprisonnés, dont 2 000 condamnés à des peines de prison de longue durée, 148 personnes sont exécutées par pendaison et plus de 5 000 logements sont détruits.

12 novembre 1938 : Daladier forme son gouvernement. Le Front populaire est définitivement enterré. 32 décrets-prononcées. Aux PTT, 3000 renvois de 8 jours sont

Quelles leçons tirer de ces défaites ?
La gauche française, comme la gauche palestinienne, doivent réviser entièrement leur manière de faire de la politique et se décider à se mettre enfin à l’écoute du peuple, qui n’est jamais d’une seule couleur. Sinon, elles disparaîtront purement et simplement.

Le Hamas palestinien a tiré ses propres leçons des défaites. Que cela plaise ou non, il semble bien avoir pris la seule voie possible : celle de la résistance, en se mettant au service des gens. Sinon, pourquoi serait-il soumis à une telle opération d’écrasement par les sionistes, soutenus par Washington et Bruxelles ?

Les organisations françaises et franco-palestiniennes de gauche, qui ont soutenu inconditionnellement Arafat et les Accords d’Oslo, prétendent aujourd’hui soutenir à la fois Mahmoud Abbas et le nouveau gouvernement palestinien du Hamas. Elles refusent pourtant résolument de répondre à l’appel lancé par 170 organisations palestiniennes en juillet 2005 à lancer un grand mouvement international en faveur du boycott des produits et institutions israéliens, des sanctions économiques contre l’entité sioniste et des désinvestissements des capitaux investis en Israël. Elles veulent bien manifester lorsqu’il s’agit de présenter les Palestiniens comme des victimes, mais ont des difficultés à affirmer haut et fort que le droit à la résistance est légitime et sacré. Elles craignent comme la peste de passer pour ‘antisémites’ si elles remettent un tant soit peu en cause la légitimité de l’entité sioniste.

Cette solidarité du bout des lèvres est plus qu’une erreur, c’est une faute. Et elle est suicidaire, car de moins en moins de gens répondent à vos appels. Mais peut-être après tout, est-ce là votre objectif : faire disparaître toute expression publique forte de solidarité avec la résistance du peuple palestinien ?

Nous vous recommandons la lecture de cet article du martyr Gabriel Péri, daté du 26 mai 1936. Il est paru dans L’Humanité, le journal du PCF, fondé par un autre martyr, Jean Jaurès.

La révolte en Palestine 1936
par Gabriel Péri [1]

Depuis plus d’un mois - pour fixer une date depuis le 15 avril- la Palestine est en état de révolte ouverte ; Les manifestations et les échauffourées sanglantes s’y multiplient. Les dernières journées ont fait 36 morts dans la population arabe, dans la population juive et dans le corps britannique d’occupation. De nouveaux renforts de tanks et d’autos bondées ont été envoyés vers la Palestine.
Les évènements méritent de retenir l’attention et il est indispensable, à notre avis, de corriger les interprétations erronées qui peuvent surgir à leur propos. D’aucuns affirment volontiers que les troubles en Palestine ne sont, au demeurant, que le résultat de la propagande hitlérienne et des intrigues mussoliniennes. On nous permettra de ne pas souscrire à ce jugement.
Que le fascisme hitlérien et le fascisme mussolinien s’efforcent d’utiliser sous les incidents de la vie internationale et de les exploiter pour leurs fins suspectes, nul ne saurait le contester. Mais on aurait tort de s’en tenir à ces données pour apprécier d’une façon correcte le mouvement palestinien.
Les Arabes se sont révoltés en 1929 alors que l’hitlérisme n’était pas au pouvoir et qu’aucune rivalité n’opposait la Grande Bretagne et l’Italie. La révolte palestinienne se rattache au mouvement général de rébellion qui agite tout le monde arabe, celui d’Egypte, et de Syrie, comme celui de Palestine.
Cette révolte était-elle justifiée ? Nous croyons qu’elle est parfaitement justifiée. Nous ajoutons qu’à notre avis o se trompe lourdement en l’assimilant à un mouvement antisémitique. L’antisémitisme nous est profondément odieux. Mais ce n’est pas contre les juifs considérés comme tels que se rebellent les Arabes. C’est contre une forme d’exploitation imaginée et mise en train par l’impérialisme britannique.
Au fond, sous prétexte de foyer national juif, s’est organisée en Palestine une véritable spoliation des Arabes. La grande société sioniste Keren Hayessod [2] est spécialisée dans ces spoliations. Profitant de l’absence de titre de propriété chez les fellahs et les bédouins, elle se met d’accord avec un féodal -Cheikh- arabe pour s’approprier des terres.
Après quoi, elle avise les fellahs qu’ils doivent abandonner la terre sur laquelle leurs ancêtres ont peiné pendant des siècles. Si les fellahs n’obtempèrent pas, la société appelle à la rescousse les soldats britanniques.
y a mieux, une véritable chasse aux ouvriers arabes a été organisée par une autre organisation, l’Histadrouth [3]. Chaque année, à la fête de la cueillette des oranges, de véritables expéditions punitives sont organisées par les troupes d’assaut sionistes sur les chantiers, dans les usines d’où les ouvriers arabes sont impitoyablement chassés.
Voilà comment le sionisme organise des pogroms à rebours. Les méthodes que nous mentionnons sont très exactement celles que l’hitlérisme emploie à l’égard des juifs en Allemagne.
Comment dans ces conditions, la population arabe ne s’insurgerait-elle pas avec vigueur ? Les chefs de cette révolte ont eu soin de répéter cent fois qu’ils n’entendaient pas donner dans l’antisémitisme. Ils veulent lutter contre l’impérialisme britannique et contre son allié le sionisme. Ils réclament l’arrêt de l’immigration juive passée de 80 000 en 1914 à 450 000 en 1935. Ce n’est pas là, quoi qu’on en dise, un mot d’ordre anti-juif. C’est dans le respect du droit d’asile, c’est dans la solidarité internationale contre le fascisme, et non pas dans la complicité avec une entreprise suspecte de spoliation, que nous entendons défendre la cause des juifs persécutés par l’hitlérisme.
Les Arabes réclament en outre l’interdiction de toute vente des terres arabes. Ils préconisent la constitution d’un gouvernement national arabe.
Ces revendications sont justes. Elles s’inspirent de la volonté d’un peuple de secouer une domination suffocante.
La cause des travailleurs juifs, pourchassés par les dictatures fascistes, n’est pas celle des expropriateurs des grandes sociétés sionistes et de leurs troupes d’assaut. Elle se confond avec celle des opprimés de toutes couleurs et de toutes races qui ne veulent pas se laisser dépouiller.
Notes :
[1] Gabriel Péri, responsable de la rubrique étrangère de l’Humanité, fut l’un des rares à dénoncer dans ce même journal l’accord Hitler/Staline (signé entre Molotov et Ribbentrop) par lequel l’Allemagne nazie et l’URSS se partageaient la Pologne. Péri fut fusillé par les nazis le 15 décembre 1941 après avoir refusé de signer une déclaration condamnant les " actes de terrorisme "..
[2] Keren Hayessod : principal instrument financier de l’Agence juive, reçut entre 1934 et 1938 de la Lloyds Bank un montant total de prêts de 675 000 livres sterling.
[3] Histadrouth : organisation syndicale sioniste créée en 1920 et chargée d’organiser le monopole du travail juif.

Alliance zapatiste de libération sociale, juin 2006
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