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Des médias désinforment et sont pris en flagrant délit de mensonge et de manipulation

CHAVEZ, cible ? merci de parfaire sa notoriété grandissante par de si médiocres procédés pris à leur propre piège

Un dossier quasiment complet introduit par Eric Colonna, merci à lui

lundi 16 janvier 2006

Suite de l’opération de propagande de nos médias sur "l’antisémitisme de Chavez"

Au lieu de faire profil bas, l’individu qui sévit dans Libération, en remet une couche et en insistant réveille lui même effectivement des relents d’antisémitisme (voir le passage souligné par mes soins dans le 2è texte) . On reste abasourdi devant une telle mauvaise foi doublée d’une malhonnêteté confondante. Pour en savoir plus sur les faits d’armes de MrJean-Hébert Armengaud, se reporter à l’article d’Acrimed, pour ceux qui parlent de racisme, à titre de comparaison lire aussi les articles sur Chavez de Alexandre Adler (qui lui sévit sur France Culture).
Quant à la réponse de la communauté juive du Vénézuela, elle discrédite les accusations du centre Simon Wiesenthal, à ce titre on peut noter le culot de cette officine qui, sous le prétexte de brandir l’antisémitisme, n’hésite pas à interférer dans les affaires politiques en demandant aux pays du bloc sud américain d’empêcher l’entrée du Vénézuela dans le Mercosur. Il fallait oser.
merci de diffuser massivement. Eric

1/La réaction de Romain Mingus suite à la réponse de Libé et de JH Armengaud
2/Lire la réponse de Libération
3/La réponse de Mr l’Ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela Monsieur Roy Chaderton-Matos
3/La communauté juive du Vénézuela dénonce la campagne sur "l’antisémitisme" de Chavez
4/L’analyse d’Acrimed(action critique des médias) : Le journalisme d’imputation : Chávez accusé d’antisémitisme


Qu elle ne fut pas ma surprise ce matin en recevant des courriers de proches me signalant que Libération avait publié mon article de réponse aux calomnies de leur « journaliste » JH Armengaud à propos de Hugo Chavez ! Elle fut de courte durée lorsque je découvris la page 8 du dit journal.

1) Je n ai fait aucune démarche a Libération pour que mon article soit publié.

2) Su tel avait été le cas, j aurais exigé qu il le soit dans son intégralité, en respectant la tentative de démonstration de la manipulation de JH Armengaud.

Vous remarquerez que les passages « oubliés » (plus de la moitié de l article) n ont même pas eut droit au fameux signe (.). Je ne suis pas président du Venezuela, il est vrai. Dépouillé de sa signification globale, la cohérence que j ai essayé de donner apparaît bien faible, et vulnérable a toute attaque.

3) D ou la facilité de la réponse de JH Armengaud qui suit. A la lecture des deux publications, on est plus enclin à croire la bonne foi du journaliste de Libération ou tout du moins à critiquer le manque d argument de mon « courrier ».

4) Cerise flétri sur le gâteau de la désinformation, la publication d une lettre de l opposition Vénézuelienne a Paris laissant entendre que ce type de discours est commun dans la bouche de leur président. Je ne prendrais pas le temps ici de faire une analyse de cette « lettre ». Simplement nous devons noter, que 70% de la page 8 de l’édition du 12 janvier 2006 de Libération est consacré a des arguments qui renforce l article calomnieux de JH Armengaud, alors que précisément la présentation semble indiqué une réponse critique. Procédé facile, qui porte ses fruits !

Sous couvert d une illusion de droit de réponse, Libération poursuit sa campagne diffamatoire. La naissance de cette polémique n est pas anodine. Dans quelques jours, Caracas accueille le Forum Social Mondial. Le Forum Social Mondial prendra donc une tournure particulière, car comme le note Ignacio Ramonet dans la dernière livraison du Diplo, « pour la première fois, le Forum y rencontrera la révolution bolivarienne et l’ensemble des réformes que conduit le président Hugo Chávez. » Le but de cette campagne médiatique en plus de disqualifier le Président Chavez est de jeter l opprobre sur les 100.000 foristes qui, comme le soulignait A. Adler vont aller soutenir Chavez.

Ne nous laissons pas tromper par cette odieuse campagne. La résistance qui s est organisé sur Internet démontre bien notre souci de vérité, mais l effort doit etre poursuivi.

Romain Migus, Caracas, 12 janvier 2006.


Polémique sur le « credo antisémite de Hugo ChÁvez »

Le venin de la désinformation

L’article de J.-H. Armengaud, « Le credo antisémite de Hugo Chávez » (Libération du 9 janvier), a indigné certains lecteurs voulant y voir une déformation de sens du propos du président vénézuélien, qui apparaîtrait si l’on se reporte au texte complet de son intervention (disponible sur un site auquel notre journaliste faisait référence). On lira ci-contre le condensé d’une lettre (la version complète est disponible sur http://cbparis. free.fr) qui reprend les arguments des détracteurs de l’article de Libération. D’autres lecteurs dénoncent les propos de Chávez, comme en témoigne la pétition qui nous est parvenue.

jeudi 12 janvier 2006

l’auteur de l’article de Libération invite ses lecteurs à consulter le site du ministère de la Communication et de l’Information du Venezuela en preuve du délire antisémite de Hugo Chávez. Or c’est précisément ce que nous avons fait. Pour que chacun se rende compte de « l’idéologie antisémite » du président vénézuélien nous l’avons traduit : « Je viens de terminer ce matin le dernier rapport de l’ONU sur la situation du monde et c’est alarmant. C’est pour ça que je dis qu’aujourd’hui, plus que jamais en 2 005 ans, il nous manque Jésus-Christ, parce que le monde est en train de se consumer jour après jour ainsi que les richesses du monde, parce que Dieu et la nature sont sagesse, le monde a de l’eau en quantité suffisante pour que chacun ait de l’eau, le monde a suffisamment de richesses et de terres pour produire de la nourriture pour la population mondiale, le monde a suffisamment de pierres pour construire pour que personne ne soit laissé sans habitat. Le monde possède pour tous, donc, mais dans les faits des minorités, les descendants de ceux qui crucifièrent le Christ, les descendants de ceux qui jetèrent Bolivar hors d’ici et le crucifièrent aussi à leur manière à Santa Marta en Colombie. Une minorité s’est approprié les richesses du monde, une minorité s’est approprié l’or de la planète, de l’argent, des richesses minérales, des eaux, des bonnes terres, du pétrole, de toutes les richesses donc, et a concentré les richesses entre quelques mains : moins de 10 % de la population du monde est propriétaire de la moitié de la richesse du monde entier et... plus de la moitié des habitants de la planète sont pauvres et chaque jour il y a de plus en plus de pauvres dans le monde. Ici, nous avons décidé de changer l’Histoire. » Chávez commente ici un rapport de l’ONU sur l’état du monde. Cet extrait a pour but de condamner l’appropriation personnelle des richesses naturelles du monde. Il précise que, depuis l’époque de Jésus-Christ, « des minorités » s’approprient ces richesses au détriment du plus grand nombre. Nous devons noter que M. Armengaud, dans son empressement à calomnier le président vénézuélien, a fait une faute de traduction. « Unas minorias » se traduit par « des minorités ». C’est-à-dire les différents types d’empires, de puissances, de classes bourgeoises qui au fil des siècles ont accaparé ce que d’autres considèrent comme des biens publics mondiaux. Ainsi de l’Empire romain qui condamna à mort le Christ, de la nouvelle oligarchie hispano-créole qui laissa mourir Bolivar sans même une chemise, ainsi de la bourgeoisie capitaliste propriétaire des sous-sols de notre planète.

Ce discours est clairement anti-impérialiste et anti-néolibéral. Le qualifier d’antisémite est une erreur de jugement due certainement à une mauvaise connaissance par M. Armangaud de son objet d’étude. Qu’importe que le Venezuela, partenaire économique de l’Iran, fût un des premiers pays à désavouer le président Mahmoud Ahmadinejad dans sa volonté de « rayer Israël de la carte », qu’importe que Ceresole ne soit resté que quelques mois dans l’entourage du président et n’ait imprégné le chavisme d’aucune tendance d’antisémitisme d’Etat.

Cette campagne sur le prétendu antisémitisme de Chávez est autant le révélateur d’une nouvelle campagne de calomnies que d’un journalisme d’approximation. Sur cette ignorance pratique coule tranquillement le venin de la désinformation.

Romain Migus

La réponse de « Libération »

1. M. Migus est aussi bon traducteur que moi : « une minorité s’est approprié les richesses du monde », c’est la citation exacte, nous sommes d’accord. Ce que je reprenais dans l’article. Plus haut, Hugo Chávez parle en effet « des minorités ». Ces « minorités » ou cette « minorité » sont les « descendants de ceux qui ont crucifié le Christ » et qui possèdent « les richesses du monde »... J’avais lu et compris la version espagnole avant M. Migus. Mais quels sont donc ces « descendants » de ceux qui ont crucifié le Christ ? Des descendants des Romains ? De quelle minorité italienne actuelle qui se serait approprié les sous-sols de notre planète ? Des Sardes ou des Toscans ?

2. Je ne calomnie donc personne, ni ne fais aucune campagne d’approximation quand je relaie les inquiétudes d’une partie de la communauté juive latino-américaine, quand un chef d’Etat relaie l’association entre « ceux qui ont tué le Christ » et les « possédants », credo usé de l’antisémitisme.

3. Le vice-président vénézuélien, José Vicente Rangel, a effectivement déclaré qu’« aucun pays ne méritait d’être rayé de la carte » après les déclarations d’Ahmadinejad sur Israël, mais Chávez a invité le nouveau président iranien à se rendre au Venezuela dès que possible et a promis sa visite en Iran pour le premier semestre 2006.

4. Je n’ai jamais parlé d’antisémitisme d’Etat au Venezuela, j’ai souligné que Chávez avait été conseillé et s’était longtemps abreuvé des oeuvres de Norberto Ceresole, révisionniste affiché.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=350746


Ci-jointe la Déclaration de Monsieur Roy Chaderton-Matos Ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela, en réponse à la diffamation et manipulation de l’information contre le Président Hugo Chavez Frías par le journaliste Jean-Hébert Armengaud dans le journal Libération.

Atentamente,

María Antonieta Borjas-Bonnefoy
Primera Secretaria Asuntos Políticos y Prensa
Embajada de la República Bolivariana de Venezuela en Francia

Telf : +33 1 45 53 29 98
Directo : +33 1 45 53 92 66


Declaration de Monsieur

Roy Chaderton-Matos

Ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela

Libération fait acte de diffamation en présentant comme antisémite un discours récent du Président Chávez où il évoque la responsabilité dans la mort de Jésus des puissances impériales de ce temps-là, dans une réflexion sur les empires d’aujourd’hui qui tentent de crucifier des processus démocratiques de libération et de justice sociale.

L’interprétation diffamatoire de paroles qui ne visent aucunement nos frères juifs montré comment une organisation créée pour retrouver des criminels nazis en fuite a pu être banalisée et manipulée par certains des ses dirigeants dans le continent américain engagés dans les assauts internationaux contre notre démocratie en soutenant des putschistes vénézuéliens.

Après le désaveu par Jean-Paul II de l’injuste incrimination historique contre le peuple juif, seule une interprétation tortueuse pouvait identifier des éléments antisémites dans les paroles du Président Chávez. Inclure Simon Bolívar dans cette spéculation révèle en plus l’ignorance de l’histoire, car Bolívar lui-même et sa famille reçurent, dans des temps d’infortune, le soutien et la protection d’amis juifs de Curaçao, comme Mordechaï Ricardo, dont la générosité a toujours été reconnue par El Libertador.

Après leurs multiples échecs putschistes et électoraux, les anti-chavistes vénézuéliens et internationaux ont constitué un curieux et rococo pot-pourri de personnes et d’institutions unies par la volonté de délégitimer la démocratie vénézuélienne, qui a choisi une voie souveraine d’engagement pour la justice sociale. Des chrétiens d’ extrême droite, des banquiers incompétents, des politiciens ratés, des représentants de la gauche caviar, des cripto-nazi et bien d’autres ennemis des valeurs républicaines, avec le soutien international d’organisations comme Reporters sans Frontières, financée par le National Endowment for "Democracy" et par de puissants groupes de publicité, des protestants fondamentalistes des Etats Unis, comme le télé-évangeliste Pat Robertson, qui lança un appel au meurtre du Président Chávez, Alexandre Adler, inexplicable raciste, José María Aznar et d’autres dirigeants du Parti Populaire Espagnol et ses équivalents en Amérique Latine comme Lourdes Flores,
sont les complices d’une conspiration internationale orchestrée par la dictature globale. Bienvenue au Club, Monsieur Armengaud !

Aujourd’hui ils tentent infructueusement de se servir du chantage de l’antisémitisme pour éloigner du Président Chávez les nombreux juifs progressistes qui soutiennent le processus bolivarien.

Nous, démocrates vénézuéliens, sommes profondément opposés à des aberrations comme l’antisémitisme, le maccarthysme, le racisme, l’ anti-islamisme et autres formes de fanatisme et de violence responsables aujourd’hui comme hier de crimes contre l’humanité commis au nom d’une fausse démocratie et du néolibéralisme.

Le message du Président Chávez affirme son engagement avec les exclus du monde entier, le même engagement de chrétiens comme Martin Luther King, la Mère Teresa de Calcutta, Monseigneur Oscar Romero et l’Abbé Pierre, le même engagement de penseurs et de combattants juifs, musulmans et athées qui ont ouvré et vécu pour la paix, la liberté, l’égalité et la fraternité.

Monsieur Armengaud, c’est à vous de présenter des excuses !



La communauté juive du Vénézuela dénonce la campagne sur "l’antisémitisme" de Chavez
par MARC PERELMAN
13 janvier 2006 Source : http://www.forward.com/articles/7189

Les dirigeants de la communauté juive du Venezuela et plusieurs groupes juifs importants aux Etats-Unis accusent le Centre Simon Wiesenthal d’avoir jugé de façon précipitée que le président de gauche du Venezuela, Hugo Chavez, avait tenu des propos antisémites. Des officiels de la principale organisation Juive du Venezuela étaient en train de préparer un courrier cette semaine pour le Centre, afin de protester contre la mauvaise interprétation faite des propos de Chavez et pour
dire qu’ils auraient du être consultés avant d’attaquer le président du Venezuela. "Vous avez interféré avec le statut politique, la sécurité et le bien-être de notre communauté. Vous avez agi de votre propre initiative, sans nous consulter, sur des questions que vous ne connaissez pas ou ne comprenez pas," peut-on lire dans une copie de la lettre obtenue par Forward.

D’autres copies de la lettre seront envoyés aussi aux dirigeants du Congrès Mondial Juif et du Comité Juif Américain, entre autres groupes juifs. "Nous croyons que le président ne parlait pas des Juifs et que la communauté juive mondiale doit apprendre à travailler ensemble, "dit Fred Pressner, président de la Confédération des Associations Juives du Venezuela. La confédération est connue par son acronyme espagnol, CAIV.
Il ajouta que c’était la troisième fois ces dernières années que le centre Wiesenthal avait publiquement critiqué Chavez sans consulter au préalable la communauté locale. La semaine dernière, le Centre Wiesenthal a écrit à Chavez, pour lui exiger des excuses au sujet de propos négatifs sur les Juifs qu’il aurait tenu au cours d’un discours prononcé la veille de Noël. Le centre a aussi demandé aux gouvernements d’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay de "geler le
processus" d’adhésion du Venezuela au Mercosur, un accord commercial régional, si le Président du Venezuela ne présentait pas des excuses publiques. Dans son discours, Chavez [ l’auteur répète ici les propos précis de Chavez - NDT]

Le Comité Juif Américain ainsi que le Congrès Juif Américain ont tous deux confirmé les dires de la communauté Vénézuélienne selon lesquels les commentaires de Chavez ne visaient pas les Juifs. Les trois groupes ont dit que ses propos visaient l’oligarchie blanche qui a dominé la région depuis l’époque coloniale, et soulignent sa référence à Bolivar comme la preuve la plus évidente de ses intentions. Un officiel a souligné que la Théologie de la Libération de l’Amérique latine décrit
Jésus comme un socialiste et par conséquence qualifie les élites des milieux d’affaires "d’assassins du Christ."

Sergio Widder, le représentant du Centre Wiesenthal pour l’Amérique latine, a répondu que l’allusion de Chavez aux assassins du Christ et aux richesses était pour le moins ambigu et devait être clarifiée. Il a dit que la décision de critiquer Chavez avait été prise après mure réflexion.

Le gouvernement Vénézuélien n’a pas réagi publiquement, et son ambassade à Washington a décliné tout commentaire. Cependant, de hauts officiels du gouvernement ont rencontré des diplomates israéliens à Caracas cette semaine et ont déclaré que les remarques du président ne présentaient aucun intention ou caractère antisémite, selon Livia Link, chef adjoint de l’Ambassade d’Israél. Elle a refusé d’entrer dans des détails ou de donner le point de vue de l’ambassade et a déclaré qu’il s’agissait d’une affaire interne vénézuélienne.

Des plaintes contre les méthodes un peu rudes des Juifs Américains ont déjà été formulées par des organisations juives d’autres pays, particulièrement en France. En 2003, les juifs de France se sont plaints auprès des groupes américains qui reprochaient au gouvernement français de ne pas réagir assez vigoureusement à des actes d’antisémitisme. De telles frictions illustrent la difficulté à trouver un équilibre entre l’agressivité militante des Américains et la prudence naturelle des
communautés juives locales.

Pressner a déclaré que la confédération juive vénézuélienne ne cédait pas aux pressions du gouvernement. Il a donné plusieurs exemples de protestations émises par la confédération pour des remarques antisémites tenues à la radio ou à la télévision ces derniers mois. "Nous n’avons pas peur, mais nous devons être justes," a-t-il dit. Dans le cas du Venezuela, les groupes de juifs américains seraient peut-être en train de répercuter le mécontentement de l’administration Bush devant les
propos anti-américains de Chavez. Mais si la politique de Chavez pourrait ne pas convenir aux principaux groupes juifs américains, plusieurs porte-parole ont mis en garde contre une accusation d’antisémitisme sans réel fondement qui risquait de se retourner contre les Juifs. "Pour nous, Chavez ne parlait pas des Juifs," a dit David Twersky, directeur de Conseil sur les Questions Juives (Council on World Jewry) du Congrès de Juifs Américains. "Je ne crois pas que nous devrions brandir le drapeau de la lutte contre l’antisémitisme lorsqu’il n’y a pas de raison pour le faire."

Le centre Wiesenthal a déjà publiquement critiqué Chavez et a demandé son exclusion du Mercosur après qu’il ait comparé le premier ministre espagnol de l’époque, Jose Maria Aznar, à Hitler et une autre fois lorsqu’il a lancé que ses opposants politiques ressemblaient au Juif Errant. Le Centre Wiesenthal n’est pas le seul groupe Juif impliqué au Venezuela. Il y a deux mois, le Rabbin Henri Sobel du Brésil, qui a longtemps été un dirigeant du Congrès Juif Mondial, a accusé, devant les médias, Chavez d’antisémitisme.

Pressner a dit que la CAIV avait envoyé des courriers à Sobel et au centre Wiesenthal en demandant d’être consultés mais n’a pas obtenu de réponse.

M. Widder du centre Wiesenthal a confirmé que le centre prenait ses propres décisions et n’avait pas consulté le CAIV. "Nous ne parlons pas au nom de la communauté Juive sur place," a-t-il dit.

Par contraste, d’autres groupes de juifs américains qui se sont récemment exprimés sur ces derniers événements ont d’abord demandé conseil du CAIV. "Ayant servi dans une communauté juive en Amérique latine qui a toujours encouragé la coopération avec les organisations juives américaines et internationales, je comprend ce besoin qu’ils ont de venir en aide à une communauté," a dit Dina Siegel Vann, directeur de l’Institut des Affaires Latino Américaines de Comité des Juifs Américains et ancien conseiller politique auprès de la direction de la communauté juive mexicaine. "Mais il faut modérer cet élan par le fait que souvent ces organisations n’ont pas une vision complète de ce qui se passe réellement sur le terrain. Et la moindre des politesses serait qu’ils se renseignent auprès de la communauté locale pour demander comment ils pourraient aider."


Le journalisme d’imputation : Chávez accusé d’antisémitisme

Mise en ligne : 11 janvier 2006
par Henri Maler, Renaud Lambert

Samedi 24 décembre 2005. Hugo Chávez, rend visite au « Centro de Desarrollo Endógeno Integral Humano “Manantial de los Sueños” », dans la municipalité d’Acevdo (Etat de Miranda) et prononce à cette occasion un discours, dont plusieurs organisations et médias se sont emparés pour l’accuser d’avoir tenu des propos antisémites. Toute l’affaire repose sur une seule phrase, qu’il faut citer exactement, tant elle a été tronquée, voire réécrite :

« Le monde dispose d’assez de richesse pour tous, donc, mais dans les faits des minorités, les descendants de ceux qui crucifièrent le Christ, les descendants de ceux qui jetèrent Bolivar hors d’ici et le crucifièrent aussi à leur manière à Santa Marta en Colombie. Une minorité s’est appropriée les richesses du monde [...] »

Puisqu’un procès en antisémitisme est intenté, notamment par des journalistes, il convient d’examiner de près les pièces du dossier, non pour évaluer la rhétorique du président vénézuélien, mais pour voir ce qu’il en reste, une fois qu’elle a été passée à la moulinette d’informateurs sans scrupules [1].

Comment une phrase extraite d’un discours de 26 pages se transforme-t-elle en déclaration antisémite ? Il vaut la peine d’examiner le processus - non de « circulation circulaire de l’information » qu’évoquait Pierre Bourdieu pour expliquer que les journalistes s’informent d’abord auprès d’autres journalistes -, mais de dégradation dégradée de la désinformation.

1. Ce que Chavez a dit... (et qu’on ne dit pas qu’il dit)

Libre à chacun de soutenir ou non la « révolution bolivarienne », de partager ou non les références religieuses d’Hugo Chávez. Mais on serait en droit d’attendre de journalistes qu’ils en explicitent le sens avant d’en évaluer la portée et qu’ils restituent le contexte des propos suspectés d’être antisémites.

Le discours de Chavez étant disponible, il suffit de s’y reporter directement [2].

La célébration de la naissance du Christ à la veille du 25 décembre est pour Chávez l’occasion de filer la métaphore suivante : « comme le Christ a ressuscité avec l’aide de Dieu (...) nous sommes en train de ressusciter la Patrie, le Venezuela est en train de ressusciter » (p.15 du discours). Le parallèle est clair pour qui prend le temps de lire ce discours de 26 pages : le Venezuela « révolutionnaire » des démunis en quête du « socialisme du XXIème siècle » [3], trouve un modèle et un prédécesseur dans la figure d’un Christ né « parmi les pauvres » (p.2) et « rédempteur du peuple » (p.11)

Peut-être exotique pour des journalistes dont l’ethnocentrisme impérial semble être un devoir impérieux, cette mise en perspective ne l’est sûrement pas pour un public latino-américain car l’évocation d’un Christ « humble » marchant « au côté des pauvres » provient directement de la Théologie de Libération qui avait « pour point de départ la réalité sociale conflictuelle latino-américaine et, comme analyse pour mieux connaître la réalité sociale, une méthode marxiste. » [4]

Chavez n’innove donc pas lorsqu’il dit : « Christ fut et reste l’un des plus grands révolutionnaires de l’Histoire et le premier socialiste de notre ère, le premier socialiste et c’est pour ça qu’on l’a crucifié » (p. 14) Crucifié par qui ? Par ceux à qui le royaume des cieux est fermé : les possédants [5].

Et Chávez de poursuivre en actualisant son interprétation :

« Je viens de terminer ce matin le dernier rapport de l’ONU sur la situation du monde et c’est alarmant. C’est pour ça que je dis que aujourd’hui plus que jamais en 2005 ans, nous avons besoin de Jésus Christ, parce que le Monde est en train de se consumer jour après jour ainsi que la richesse du monde, parce que Dieu, la nature, c’est la sagesse, le monde a de l’eau en quantité suffisante pour que chacun ait de l’eau, le monde a suffisamment de richesses et de terres pour produire de la nourriture pour la population mondiale, le monde a suffisamment de pierre et de minerais pour les constructions pour que personne ne soit laissé sans logis. Le monde dispose d’assez de richesses [6] pour tous, donc, mais dans les faits des minorités, les descendants de ceux qui crucifièrent le Christ, les descendants de ceux qui jetèrent Bolivar hors d’ici et aussi le crucifièrent à leur manière à Santa Marta en Colombie. Une minorité s’est appropriée les richesses du monde, une minorité s’est appropriée l’or de la planète, de l’argent, des minerais, des eaux, des bonnes terres, du pétrole, des richesses donc, et a concentré les richesses entre les mains de quelques-uns : moins de 10% de la population mondiale possède la moitié de la richesse du monde entier et ... plus de la moitié des habitants de la planète sont pauvres et chaque jour il y a de plus en plus de pauvres dans le monde. Ici, nous sommes décidés à changer l’Histoire... » (p. 15) [7]

C’est donc dans un contexte de dénonciation de l’appropriation des richesses du monde par des minorités que Chàvez est amené à prononcer la phrase que nous avons soulignée en gras et qui, coupée de son contexte, triturée, morcelée, sur interprétée va devenir la matière d’une grand leçon de journalisme négatif, associant désinformation et divination.

2. « Guysen Israël News » et le Centre Simon Wisenthal accusent

Le 3 janvier 2005, « Guysen Israël News » qui se présente comme « une agence de presse indépendante de toute tutelle politique ou autre » publie un article d’Albert Bellaïche « pour Guysen Israël New », où on peut lire notamment ceci :

« Comme la mouche du côche qui intervient par derrière la besace sans que personne ne la sollicite ni ne lui demande l’heure qu’il est à Buenos Aires ou le temps qu’il fait à Jérusalem, lui (sic) Président en exercice du Venezuela, du nom de Hugo Chavez qui quelques jours ci-devant personne ne connaissait jusqu’à son existence (re-sic), envoie comme à la cantonade son inattendue tirade, avec la bouche en forme de A comme Le Pen à ses plus beaux jours ! " Plus que jamais nous avons besoin du Christ... Il y a suffisamment pour satisfaire le monde, mais quelques minorités, les descendants de ceux-là mêmes qui ont crucifié le Christ, se sont emparés des richesses mondiales. Moins de 10% de la population du monde possède plus de la moitié de ces richesses. Nous sommes bien décidés à changer le cours de l’histoire..." a déclaré Hugo Chavez, le Vénézuelien, devant l’auditoire du Centre Manantial de Los Suefos (sic à nouveau) ».

La citation, comme on le voit, est tronquée par le zélé rédacteur de l’ « agence de presse indépendante de toute tutelle politique ou autre » qui se livre alors à un exercice de style méprisant et haineux, destiné à présenter Chávez comme un fanatique antisémite allié à tous ceux qui veulent détruire l’Etat d’Israël.

Le 4 janvier 2006 2005, le Centre Simon Wiesenthal publie, depuis Buenos-Aires, un communiqué intitulé « Le Centre Simon Wiesenthal condamne les déclarations antisémites de Hugo Chávez et réclame des excuses publiques ». Sur la base de la même citation, mais amputée de la fin (la référence à l’exil et à la mort de Simon Bolivar) : « Le monde dispose d’assez de richesses pour tous, donc, mais dans les faits des minorités, les descendants de ceux-là même qui ont crucifié le Christ, se sont emparées des richesses du monde. » [8]

Et le communiqué du Centre Simon Wiesenthal de poursuivre : « Dans une lettre à Chavez, Shimon Samuels (Directeur des Relations internationales du SWC) et Sergio Widder (Représentant pour l’Amérique latine), déclare que "à travers vos mots, nous retrouvons deux arguments centraux de l’antisémitisme : le mythe du déicide et l’association des juifs à la richesse. Ces deux idées ont représenté l’excuse parfaite pour justifier la persécution et le meurtre des juifs pendant deux millénaires." »

Or ces deux arguments sont absents dans la phrase mutilée que les porte-parole du Centre citent en dehors de son contexte. En effet, il n’y est pas question des juifs, comme le relèvera Associated Press.

Il n’empêche : le communiqué exige non seulement des excuses (et non une simple mise au point), mais menace : « Votre silence peut seulement être interprété comme une réaffirmation d’un conception raciste ». Il invite de surcroît « les gouvernements d’Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay, ainsi que la présidence du Mercosur (le Marché commun d’Amérique latine) » à « geler le processus d’incorporation du Venezuela à ce bloc jusqu’à ce que Chávez présente des excuses publiques pour ses déclarations antisémites. » Enfin, le Centre indique au passage qu’il est « paradoxal que le président d’un pays où se tiendra bientôt la plus célèbre des rencontres de la pensée progressiste, le Forum social mondial, utilise ce langage médiéval et réactionnaire. » Faut-il donc voir dans ce communiqué une contribution « progressiste » audit Forum ? On peut en douter.

3. Libération reprend et surenchérit

Le lundi 9 janvier 2006, Jean-Hébert Armengaud, croisé de toujours, publie dans Libération un article intitulé « Le credo antisémite de Hugo Chávez » [9]. Un « credo » dont la paternité revient au ... journaliste de Libération.

Jean Hébert Armengaud, à défaut d’avoir rédigé le moindre article d’enquête sur la situation sociale et politique au Venezuela [10] retraite les article du correspondant permanent de Libé à Caracas (qui, sans doute entre de long séjours à la plage, tente de temps à autres de produire quelques articulets) et sous-traite les dépêches d’agence dans des éditoriaux vindicatifs, truffés d’approximations : ces activités en font, non un journaliste d’information ou d’investigation, mais un (petit) pamphlétaire dont nous avons déjà relevé ici quelques prouesses [11]

Mais là, il se surpasse. Sous-traitant distrait, il confond une ville et un Etat [12]. Traducteur mal intentionné, pour accréditer l’idée selon laquelle c’est le peuple juif qui est directement visé par Chávez, il transforme, comme le relève Romain Migus, « des minorités » en « une minorité », pour laisser entendre qu’elle est juive. [13] . Lecteur aux ciseaux acérés, il coupe dans la citation tout ce qui pourrait déranger son interprétation. Voici ce qu’il en reste : « Plus que jamais, le Christ nous manque (...), mais il se trouve qu’une minorité, les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ (...) s’est emparée des richesses du monde [...] et a concentré ces richesses entre quelques mains. »

Suit alors un résumé de la protestation du Centre Simon Wiesenthal, agrémentée de deux insinuations supplémentaires - présentées comme des informations explicatives -, que nous retrouverons plus loin dans la prose d’Alexandre Adler : 1/ l’influence qu’aurait eu, près de dix ans plus tôt, le personnage, révisionniste, de Ceresole ; 2/le sens (antisémite, forcément... ) qu’aurait revêtu une intervention de la Police dans un Centre hébraïque de Caracas. Et tout cela, sous la plume délicate d’Armengaud devient un « credo antisémite » : rien de moins ! Quant à la portée de ce « credo », la question qui ouvre l’article permet de le comprendre : « Antinéolibéral, anti-impérialiste... et antisémite ? ». Car il va de soi que l’on ne peut être antinéolibéral et anti-impérialiste sans être potentiellement ou réellement antisémite... [14]

4. Le Monde recycle et se contorsionne

Affichant pour source une dépêche de l’agence Associated Press datée du 6 janvier 2006 (dont nous proposons une traduction en annexe), le monde.fr titre ainsi un article paru le 9 janvier 2006 : « Le centre Wiesenthal accuse Hugo Chavez d’antisémitisme ». Soit ! Pourtant la première phrase assène la sentence : « Le président vénézuélien (...) a tenu des propos antisémites lors de son discours de Noël (...) » (c’est nous qui soulignons). Le recyclage de la dépêche d’Agence équivaut à une pitoyable réécriture.

Ainsi, alors qu’Associated Press traduit fidèlement les propos de Chavez, le monde.fr ne les vérifie même pas et les réécrit à sa convenance : « Le monde appartient à tous mais une minorité , les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ, s’est emparée des richesses mondiales (...) ». Alors que la dépêche d’AP consacre quatre lignes à l’accusation portée par le centre Wiesenthal et six autres aux propos du Rabbi Arthur Waskow qui « a de sérieux doute qu’il s’agisse d’un dérapage antisémite », cette référence a disparu de l’article en ligne [15]. En revanche, le Monde souffle dans les voiles du navire amiral de la flottille du « journalisme à charge » : Libération, qu’il cite sans toutefois parvenir à donner la moindre consistance aux allégations sur le rôle attribué au personnage de Ceresole - nous y reviendrons, c’est promis -, dont le révisionnisme est supposé être la preuve de l’antisémitisme de Chávez. Citation tronquée, traduction erronée, sources non vérifiées, références instrumentalisées : un véritable cumul... « de référence »

Mais Le Monde est aussi un quotidien « papier ». Dans l’édition datée du 10 janvier, Le Monde publie un article intitulé... « Le centre Wiesenthal accuse M. Chavez d’antisémitisme » : le même titre que celui utilisé pour l’article paru en ligne la veille... Mais - ni vu ni connu ? - Le Monde se rectifie sans le dire. « Média culpa » ? Certainement pas : les approximations et les erreurs de l’article précédent, pour le Monde, n’ont jamais existé ! Quoi qu’il en soit, délibérément ou pas, Marie Delcas, correspondante du Monde à Bogotá dégonfle l’accusation comme une baudruche.

Non seulement la citation - correcte cette fois -, du discours d’Hugo Chavez équivaut à un démenti de l’article du monde.fr, mais le quotidien du soir « corrige le tir » en donnant la parole à celui qu’il faisait taire la veille... le rabbi Arthur Waskow, qui, rappelons-le, « met en doute l’antisémitisme du président vénézuélien ». Et d’ajouter (comme pour se rattraper ?) que « Le 9 novembre 2005, David Bachenheimer, secrétaire général de la communauté juive, déclarait à l’un des principaux quotidiens de Caracas, El Nacional, qu’il n’y pas d’antisémitisme au Venezuela ».

5. Un matin, Adler glosa...

Sans surprise, Alexandre Adler s’est précipité goulûment sur les interprétations du jour : occasion pour lui de célébrer sa clairvoyance de prédicateur omniscient [16] en des termes dont la modestie mérite bien une transcription intégrale que nous offrons aux internautes en annexe.

Que retenir de la tendre mélopée de celui qui avait déjà stigmatisé le prétendu antisémitisme de Chávez en l’attribuant à sa fréquentation des membres de l’OPEP [17] ? D’abord une confirmation implicite de l’accusation d’antisémitisme : « Je le (Chávez) soupçonnais des pires idées. Il les a. » Lesquelles ? Celles « du film de Mel Gibson sur le peuple juif ». Complétée par la fabrication d’une citation « patchwork » attribuée à Chávez : « Noël est un jour pour la rébellion, la révolution. Le Christ est un rebelle révolutionnaire et les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ ont pris aujourd’hui, se sont approprié les richesses du monde qui se sont concentrées dans un petit nombre de mains. ». Cette citation fictive est tempérée (mais oui...) par une concession apparente : « Après tout, y a-t-il de quoi fouetter un chat ? Il y a effectivement des richesses du monde qui sont concentrées dans un petit nombre de mains et on peut considérer que ce sont eux, juifs et non juifs, qui ont crucifié le Christ. »

Etant entendu que Chávez, selon Adler, est antisémite, mais qu’il n’a pas tenu des propos antisémites que reste-t-il ? Une probabilité : la « probabilité qu’il s’agit bien effectivement du peuple juif »... Aussitôt transmuée en certitude : « Il est certain que [la] vision [de Chávez] du monde est (...) totalement compatible avec l’antisémitisme ». Conclusion adlérienne : Chávez est antisémite parce qu’il pourrait l’être. Et pourquoi pourrait-il l’être, vision du monde mise à part ? Parce qu’il a été conseiller par Ceresole. Et c’est tout. La montagne d’accusation est en train d’accoucher d’une souris [18].

Libération, repris par Le Monde, nous avait prévenu : « ...le président vénézuélien a longtemps été inspiré par Noberto Ceresole »... Adler glapit derrière eux et dénonce un prétendu « gourou » de Chávez qui « cherchait à bâtir une Amérique latine post-démocratique ». Adler se pavane : « Je suis d’ailleurs le seul à avoir écrit dans la presse le nom de Ceresole il y a des années » avant de ponctuer sa phrase d’un « hein ? » dont le pathétique est presque touchant. Cette révélation pourtant n’en est pas une. Ceresole en effet a bien été le conseiller de Chávez ... pendant un an, avant d’être remercié. Et rien n’atteste qu’il ait fait partager à Chávez ses dérives révisionnistes. La seule utilité de l’évocation de Ceresole est de conforter une accusation sans preuve par une insinuation qui se résume à ceci : 1/ Ceresole était révisionniste 2/ Ceresole a conseillé Chavez 3/ Donc Chávez est antisémite. Un tel (dé)raisonnemment dégage un fort parfum de maccarthysme...

6. Ce que Chávez n’a pas dit... mais qu’on lui a fait dire

Résumons. Chavez évoque « les minorités » de dominants qui ont « crucifié » le Christ (au sens propre) et Bolivar (au sens figuré) « qui mourut avec sa croix, comme le Christ » (p.25). Mais comme la rhétorique antisémite associe ces minorités au peuple juif et à la domination juive, il suffit de faire dire à Chávez ce qu’il n’a pas dit pour lui attribuer... des propos antisémites qu’il n’a pas tenus, mais que, affirme-t-on, il aurait pu tenir. Chavez, comme le relève Associated Press, n’évoque les juifs ni comme communauté de fidèles d’une religion particulière, ni comme peuple. A défaut des paroles, il ne resterait donc que la musique ? Non des déclarations antisémites, mais des résonances ? Mais, pour les entendre, est-il indispensable, sous couvert de débusquer l’antisémitisme, de qualifier soi-même les minorités dominantes de « juives » ?

Dans certains cas, on peut avoir raison de se méfier. Mais se méfier n’est pas accuser à tort et à travers. Faudra-t-il désormais voir une allusion aux juifs, chaque fois qu’est prononcé le mot « banquiers », sous prétexte que l’antisémitisme a toujours attribué à l’origine de certains d’entre eux le rôle néfaste du capitalisme financier ? Et faudra-t-il renoncer à mettre en cause l’empire romain dont la minorité dominante est responsable de la mort du Christ, sous prétexte que les antisémites ont toujours présenté les juifs comme un peuple déicide ?

Hugo Chávez qui sait d’expérience ce que peuvent les médias dominants, notamment de son propre pays, a-t-il manqué de prudence ou de vigilance ? Ce n’est pas à une association de critique des médias d’en décider, pas plus que de jouer aux devins ou aux conseillers des gouvernants, quels qu’ils soient. Pour tenir ce rôle, nombre de journalistes et surtout d’éditorialistes de France et d’ailleurs disposent de contrats à durée indéterminée.

Que reste-t-il alors du procès intenté à Chávez (consciencieusement relayé par d’autres médias que ceux que nous avons cités) ? L’occultation du sens de l’ensemble du discours antilibéral tenu par le Président de la République bolivarienne. Le recours à un journalisme non d’information, mais de divination sur des préjugés généreusement attribués sans la moindre preuve. Des tentatives de jeter le discrédit sur le processus de transformation sociale au Venezuela et sur le Forum Social Mondial qui doit s’y tenir. Une leçon de désinformation.

Renaud Lambert et Henri Maler

P.S. Libération du 12 janvier en sa page 8 et sur son site persiste et signe. En réaction à une lettre de Romain Migus (partiellement reproduite par le quotidien), Jean-Hébert Armengaud réplique sous le titre "La réponse de Libération" : une réponse qui engage donc la rédaction dans son ensemble. Et Libération publie une pétition d’intellectuels et artistes vénézuéliens qui reprennent l’accusation. Nous y reviendrons. Mais toujours soucieux d’informer ses lecteurs, le journal Libération s’apprête certainnement à rendre compte de cet article paru sur le site de Forward : « Venezuela’s Jews Defend Leftist President in Flap Over Remarks » [H.M, le 12 janvier]


Annexes : 1. Dépêche de l’Agence Associated Press, datée du 6 janvier 2006. 2. Chronique d’Alexandre Adler (France Culture, le 10 janvier 2006).

Henri Maler, Renaud Lambert


[1] Nous nous réservons la possibilité de compléter cet article. Tous les compléments seront datés.

[2] Sur le site du ministère (vénézuélien) de la Communication et de l’information : « Visita al Centro de Desarrollo Endógeno Integral Humano “Manantial de los Sueños” »,Municipio Acevedo - Estado Miranda , Sábado, 24 de diciembre de 2005.

[3] Discours prononcé à Porto Alegre lors du Forum social mondial 2005.

[4] François Houtard, « Les pontificats de Jean Paul II et de Benoît XVI face à l’Amérique latine », sur le site de RISAL.

[5] Chavez cite le sermon sur la montagne (p. 14 toujours) : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ». Sauf mention contraire, toutes les traductions sont d’Acrimed

[6] La phrase originale, « El mundo tiene para todos », difficile à traduire littéralement, donne lieu à des traductions variées sans que le sens en varie beaucoup

[7] Traduction d’Acrimed

[8] Traduction d’Acrimed - « El mundo tiene para todos, pues, pero resulta que unas minorías, los descendientes de los mismos que crucificaron a Cristo, se adueñaron de las riquezas del mundo. »

[9] Attention ce lien est commercialement biodégradable

[10] Libération, sauf erreur de notre part, ne l’a jamais fait.

[11] Lire : « Quand Libération enquête au Venezuela » et « « Quand Libération suggère de destituer Chávez ».

[12] « Hugo Chávez visite un centre d’hébergement et de réinsertion de personnes sans domicile fixe à Miranda, dans l’Etat de Zulia. » Le 24 décembre accompagné du maire de Caracas et de quelques ministres le Président visitait un Noyau de Développement Endogène, modèle bolivarien d’une économie alternative, situé proche de Acevedo dans l’Etat du Miranda. Le noyau de développement endogène n’est en rien un centre d’hébergement de SDF, et l’Etat du Miranda ne peut évidemment pas être situé dans l’Etat du Zulia. », « Chavez, antisémitisme et campagne de désinformation : à propos d’un article calomnieux de Libération », par Romain Migus, sur le site « Le Grand soir »

[13] « " Unas minorias" se traduit par "des minorités". C’est-à-dire les différents types d’empire, de puissances, de classes bourgeoises qui au fil des siècles se sont accaparés ce que d’autres considèrent comme des biens publics mondiaux. », Romain Migus, article cité ».

[14] Précision apportée le 12 janvier. H.M.

[15] Les propos de Rabbi Arthur Waskow, "The Shalom Center" (par courrier électronique), dont nous lui laissons la responsabilité, méritent d’être rapportés : « ...Tout ceci est incroyablement dangereux. Si mon hypothèse est bonne, cette attitude d’organisations importantes au sein de la communauté juive nord-américaine peut transformer Chávez et ses soutiens en ennemis sans la moindre raison. Si mon pressentiment se justifie, nous pouvons en savoir plus en vérifiant les faits au Venezuela. Seuls deux intérêts se trouvent servis en faisant ces raccourcis : ceux de l’administration Bush, qui est on ne peut plus hostile à Chávez, et ceux des organisations juives qui trouvent un intérêt politique et financier dans ces vagues d’indignation. Je le répète : je ne prétends aucunement que les propos de Chávez n’avaient absolument rien à voir avec les juifs. Mais je prétend que l’éthique juive, la volonté de protéger de façon prudente les intérêts juifs et un journalisme honnête demande une enquête plus approfondie... »

[16] Lire notre rubrique « Les facéties d’Alexandre Adler ».

[17] Lire : Les facéties d’Alexandre Adler : Hugo Chavez, « gorille populiste » et « antisémite ».

[18] La démonstration d’agilité mentale d’Alexandre Adler parviendrait presque à nous faire oublier les inexactitudes dont il jalonne son raisonnement. Un seul exemple : Adler évoque « le premier putsch de Chávez », comme s’il y en avait eu un second, après l’échec de la tentative de 1992. Ce qui évidemment faux.

Source : acrimed | action critique médias
http://www.acrimed.org/article.php3?id_article=2241