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L’ " art "de la guerre...........

La globalisation des forces spéciales

Mercredi, 14 mai 2014 - 8h58 AM

mercredi 14 mai 2014

La mort par procuration
Regardez ailleurs svp, sinon.......
En quelques lignes et en quelques minutes : des faits, une stratégie, une effrayante perspective en pleine phase de rodage
Le comité de rédaction

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Par Manlio Dinucci

Un accident, parfois, permet de découvrir une « guerre couverte ». C’est ce qui est advenu au Yémen, où à Sana un membre des Forces spéciales USA et un agent de la Cia ont tiré sur deux hommes en les tuant.

Selon la version officielle, il s’agissait de deux terroristes d’Al Qaeda qui voulaient les enlever. Le fait, rien moins que clair, a suscité une vague de protestations contre le gouvernement, déjà sous accusation parce qu’il permet aux drones de la Cia d’opérer au Yémen en partant d’une base saoudienne. Le Pentagone –confirme le New York Times- a intensifié les actions de ses forces spéciales au Yémen. Pays de grande importance par sa position géostratégique sur le Détroit Bab El Mandeb entre Océan Indien et Mer Rouge, traversé par les principales routes pétrolières et commerciales entre l’Asie et l’Europe.

En face du Yémen, à 30Kms à peine sur la rive africaine, se trouve Djibouti où est stationnée la Task force conjointe pour la Corne d’Afrique, formée d’environ 4mille hommes des forces spéciales étasuniennes. Avec des hélicoptères et des avions spéciaux elles effectuent des incursions nocturnes, en particulier dans la Somalie voisine et au Yémen, flanquées de contractors type tireurs d’élite et experts en techniques d’assassinat. Des forces spéciales, mises à disposition du Commandement Africa, opèrent au Nigeria et dans de nombreux autres pays du continent. Elles font partie du Commandement des opérations conjointes (Ussocom) qui, après avoir été utilisé par le républicain Bush surtout en Afghanistan et en Irak, a maintenant, avec le démocrate Obama, pris une nouvelle importance. L’administration Obama –écrit le Washington Post- « préfère l’action couverte plutôt que l’utilisation de la force conventionnelle ». Le commandant de l’Ussocom, l’amiral William McRaven, a déclaré il y a un mois à une commission sénatoriale que les forces étasuniennes pour les opérations spéciales opèrent dans 78 pays dans le monde entier. Soit par des actions directes, soit par l’entraînement d’unités locales.

L’amiral n’a pas spécifié dans quels pays, communiquant seulement qu’en Afghanistan a été établi un nouveau commandement des forces spéciales, comprenant aussi celles de l’OTAN. Donc la guerre USA/OTAN en Afghanistan ne cesse pas, mais devient « couverte ». D’autres sources officielles confirment que des forces spéciales ont été déployées en Jordanie et en Turquie, pour entraîner et conduire des groupes armés pour la « guerre couverte » en Syrie (comme il avait déjà été fait en Libye). Les forces spéciales sont de plus en plus employées en Europe orientale. En particulier pour entraîner les néo-nazis utilisés dans le putsch de Kiev, comme le confirme une documentation photographique qui montre des néonazis ukrainiens de Uno-Unso entraînés dès 2006 en Estonie.

Mais l’Ussocom regarde au-delà : dans sa « Vision 2020 » il prévoit « la construction d’un réseau global de forces pour les opérations spéciales », comprenant celles de pays alliés, parmi lesquels l’Italie, placé sous commandement étasunien. De cette manière, la décision de faire la guerre deviendra le domaine encore plus exclusif des coupoles du pouvoir et les parlements perdront le peu de pouvoirs décisionnels qui leur restent encore. Et la guerre disparaîtra de plus en plus aux yeux de l’opinion publique, déjà largement habituée à croire que n’existe que ce qu’on voit, ou, mieux, ce que nous font voir les grands medias en distordant et falsifiant la réalité.

Comme la campagne menée par la Maison Blanche pour la libération des jeunes filles nigérianes enlevées, alors qu’au Yémen contrôlé par les forces spéciales étasuniennes des milliers de fillettes et jeunes filles provenant d’Afrique sont réduites chaque année à l’état d’esclaves du sexe pour les riches Yéménites et Saoudiens alliés de Washington.

Edition de mardi 13 mai 2014 de "il manifesto"
http://ilmanifesto.it/la-scoperta-della-guerra-coperta/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio