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Hier 5/07, à Strasbourg,ambiance au dehors et à l’intérieur du Parlement européen

Assaut trés majoritaire hier au Parlement européen contre la politique d’Israël et le Conseil européen des Ministres

Actions immédiates réclamées et fin des tergiversations et langues de bois stériles

jeudi 6 juillet 2006

C’est à midi, hier 5 juillet, que les interventions sur la situation en Palestine ont débuté. Le temps de paroles accordé à chacun des parlementaires a été court (de 1 à 3 minutes)mais il a suffi et peut-être a-t’il même favorisé le désir de chacun d’exprimer de façon trés condensée et trés percutante ce qu’il avait à dire.

Des mots, habituellement rarement employés en ce lieu solennel, ont été utilisés et prouvent bien le degré d’exaspération de la majorité des parlementaires ayant pris la parole devant ce qu’ils ont appelé : « l’immobilisme coupable » du Conseil des Ministres.

Quelques exemples :

Mme Lucas (verts) : Il y a déséquilibre dans les prises de position. Le Conseil est condamnable pour sa non-condamnation d’Israël. Le Hamas évolue, nous devons faire de même.

Mr Kassoulides (PPE-DE) :Le comportement d’Israël est totalement inadmissible

Mr Davies (ALDE) : On ne parle pas du pire. On ignore le racisme israélien ; le Conseil et la Commission soutiennent des criminels (sic)

Mme Napolitano (PSE) : On inflige à la population palestinienne une punition collective inadmissible. Décapiter le Hamas est une folie (sic). Israël foule aux pieds le Droit international.

Mr Francis Würtz (GUE/NGL) :

Nous demandons que le caporal Gilad Shalit soit libéré ! Et nous demandons que les 9000 prisonniers palestiniens en Israël - dont 128 femmes, 300 adolescents et 900 détenus sans jugement - soient libérés !

L’offensive de l’armée israélienne à Gaza et l’enlèvement - fait sans précédent - du tiers des ministres palestiniens, du Président du parlement et de nombreux députés du Hamas n’ont, pour ainsi dire, rien à voir avec la volonté de libérer ce soldat. Ces plans étaient prêts bien avant cette capture. Le gouvernement Olmert se saisit en fait de cette occasion pour tenter de faire franchir une étape décisive à une stratégie bien établie et désormais bien connue.

En premier lieu, il s’agit de renverser le gouvernement palestinien, quitte à anéantir dans la foulée ce qui reste de l’Autorité palestinienne du Président Abbas.

Ensuite, comme toujours, on déclarera qu’il n’existe plus d’interlocuteur palestinien pour négocier. La voie sera ainsi dégagée pour imposer unilatéralement les frontières d’Israël : regroupement des colonies en trois grands blocs plus faciles à défendre ; morcellement des territoires palestiniens et annexion de près de la moitié de la Cisjordanie, de la vallée du Jourdain et de Jérusalem-Est ; poursuite de la construction du Mur. En un mot : un fait accompli tuant tout espoir d’un Etat palestinien digne de ce nom.

Enfin, le chaos ainsi généré dans la société palestinienne permettra de justifier le recours durable à la force au nom de l’impératif de sécurité.

Cette stratégie n’est pas seulement monstrueuse à l’égard du peuple palestinien. Elle risque de réserver des lendemains cauchemardesques au peuple israélien lui-même. Comment imaginer que d’un tel effondrement puissent émerger comme par miracle des dirigeants palestiniens dociles et une population consentante ? Qui sème le désespoir récolte la violence. L’expérience collective de la société palestinienne risque d’être que le fait d’avoir joué le jeu de la démocratie ne lui a apporté que du malheur supplémentaire.

Et l’Union européenne face à un tel enjeu ? Va-t-elle laisser détruire les institutions palestiniennes qu’elle a, douze ans durant, contribué à construire ? Va-t-elle lâcher le Président palestinien en pleine tourmente, alors qu’il vient de réussir, avec le chef du gouvernement, ce que personne n’osait espérer : la conclusion d’un accord reconnaissant de fait Israël et ouvrant la voie à un gouvernement d’union nationale ? Ou va-t-elle avoir la volonté et le courage d’imprimer sa marque, en exigeant la libération des responsables du Hamas, en rétablissant une aide conséquente et une coopération active avec l’Autorité et le gouvernement palestiniens, et en parlant clair sur les obligations incombant à tout Etat sans exception en vertu du droit international et des Conventions de Genève ?

Je pense que c’est sur ce terrain et maintenant que l’Europe va jouer une grande part de la crédibilité du projet euro-méditerranéen, et plus généralement de sa propre crédibilité comme acteur mondial.

Mme Véronique de Keyser (PS Belgique)

"Un drapeau sombre flotte sur l’opération en cours à Gaza. Plus l’opération progresse, plus ce drapeau devient noir. Les « pluies d’été » dont nous inondons Gaza ne sont pas seulement inutiles, mais elles sont d’abord et avant tout, totalement illégitimes. Il n’est pas légitime de priver 75O.OOO personnes d’électricité. Il n’est pas légitime d’appeler 2O.OOO personnes à quitter leur foyer pour transformer leur ville en ville fantôme. Il n’est pas légitime de pénétrer dans l’espace aérien syrien. Il n’est pas légitime de kidnapper le quart d’un gouvernement et le quart d’un Parlement. Un état qui prend de telles mesures ne se distingue plus d’une organisation terroriste." Ces mots ne sont pas de moi. Ils sont ceux d’un Juif, Levy dans Haaretz.com cette semaine. Alors que des voix de Justes s’élèvent en Israël pour dénoncer ces crimes, pourquoi le Conseil est-il frappée de mutisme ? Son communiqué du 3 juillet va moins loin que celui de la Suisse ou de la Turquie. L’Union européenne qui a payé 3 millions d’euro pour observer des élections en Palestine, ne s’émeut que tardivement du kidnapping de 64 membres du gouvernement et de membres du Conseil législatif élus démocratiquement et ne réclame pas leur libération immédiate. Le pilonnage de Gaza, la destruction d’une centrale électrique, les coupures d’eau ne provoquent pas de levée de boucliers. Les morts qui s’accumulent, le cycle de violence qui reprend ne suscitent pas le seul mot qu’on attend d’elle : ASSEZ. ASSEZ. STOPPEZ ce carnage ! Vous êtes devenus fous ! Oui je condamne les missiles Kassam, oui je veux qu’on libère le soldat Gilad, mais aussi les 339 enfants palestiniens dans les prisons d’Israël. Si un soldat c’est sacré, les enfants le sont aussi. Mais surtout, je suis stupéfiée de ce que l’Union européenne n’ait pas salué le pas historique, dans la bonne direction que constituait l’accord sur le document des prisonniers. Six mois après les élections, le Fatah et le Jihad islamique s’engageaient à reconnaître implicitement Israël et de stopper la violence à l’extérieur des territoires. Pas un mot. Un silence assourdissant. Notre aide humanitaire peut mettre la Palestine sous perfusion. Mais avons- nous encore l’ambition d’aider l’état palestinien à bâtir sa démocratie ? Je m’adresse à la présidence finlandaise : faites respecter le droit international.

Voici donc quelques extraits de quelques interventions qui ont soulevé un tonnerre d’applaudissement de la majorité des groupes ou parlementaires présents.

L’indignation était palpable et la réponse de la représentante du Conseil des Ministres, Mme Lethonski n’a été qu’une litanie trés brève de ce qui peut être considéré comme le répertoire classique de la langue de bois.

Par contre, la représentante de la Commission européenne, Mme Ferrero-Waldner, a, donné acte et semblé prendre en compte, un certain nombre d’éléments énumérés par les parlementaires et son discours s’est nettement démarqué de celui de la représentante du Conseil des Ministres.

Pendant que ce tenait cette réunion parlementaire en plénière, une manifestation de soutien et à la Palestine occupée et aux parlementaires qui prennent le temps et ont le courage de s’exprimer clairement et en termes de droit sur ce conflit, se tenait à l’extérieur du Parlement et a eu droit à la visite de Francis Wurtz et de Luisa Morgantini venus les assurer de leur solidarité et les remercier de leur soutien.

Durant tout l’été un suivi sera assuré par l’ensemble de nos sites ainsi ainsi que par nos correspondants sur place.

Les manifestations se généraliseront pour peu que l’immobilisme perdure.

M.F.