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La vérité toute nue et toute crûe !

Assassiner les civils Palestiniens : une politique israélienne délibérée

pâr Nigel Parry

lundi 26 juin 2006

Pour ceux qui ont peur des mots, peur des images, qui, sans cesse utilisent la langue de bois de peur de choquer, le dénominateur commun est : « la peur ».

Fi de celle-ci : un mort est un mort, un assassinat est commis par un criminel, fut-il d’Etat, l’image d’un enfant tué d’une balle entre les deux yeux par un sniper formé pour cela et placé à 400 mètres ne reflète que la réalité d’un fait horrible et délibérement programmé.

Les paroles haineuses qu’adressent aux militants de la paix, qu’ils soient israéliens ou autres, les personnes venues leur porter la contradiction ne traduisent que le manque total d’arguments pour défendre une politique criminelle indéfendable et qui ne laisse place qu’à l’invective et à l’extrêmisme verbal. On invective et on sort du lieu de débats (courage, fuyons !) afin de ne pas avoir à répondre à une explication calme et étayée par des faits, des récits, des images, des vidéos pris sur le « vif » !
et d’autres les auront remplacés.
Les autruches sont des animaux qui courrent trés vite mais qui ont la fâcheuse manie, lorsque quelque chose ne leur convient pas, d’enfuir leur tête dans le sable. Cette façon de faire gagne de plus en plus les décideurs et les politiques, passons donc à côté d’eux en les ignorant, lorsqu’ils réémergeront de leur catacombe, nous serons loin et d’autres les auront remplacés.

publié le lundi 26 juin 2006.

Israël assassine les civils palestiniens non pas seulement intentionnellement mais aussi de façon routinière, et cela depuis des décennies.
Lorsque je vivais à Ramallah entre 1994 et 1998, à l’époque du soit-disant processus de paix, j’ai été le témoin d’une trentaine d’affrontements entre de jeunes Palestiniens et des soldats israéliens. J’avais alors consciencieusement documenté et photographié ces scènes d’affrontements.

C’est pourquoi je ressens de la nausée lorsque je lis les récits faits par des correspondants de presse à l’étranger et qui parlent de ces évènements dans les termes qui suivent :

Des soldats israéliens et des Palestiniens se sont affrontés aujourd’hui dans la banlieue de Ramallah. Deux Palestiniens ont été tués et quatre autres blessés.

Ce qui est problématique dans ces récits, c’est l’absence complète d’information sur le contexte qui vous ferait comprendre comment une protestation avec jets de pierres pouvait de façon routinière se terminer par la mort d’adolescents et d’enfants Palestiniens.

Durant les cinq jours qu’ont duré les affrontements de 1996, qui a vu une escalade depuis le lancer de pierres jusqu’à l’utilisation d’armes à feu après que 5 Palestiniens aient été assassinés au début du premier jour, aucun des Palestiniens durant ces 30 affrontements n’était armé d’autre chose que de pierres et très occasionnellement d’un cocktail Molotov. Les choses étaient plus simples ces journées-là, avant la rapide militarisation de l’Intifada par le Fatah, le mouvement de Yasser Arafat.

Avec les armes à feu uniquement d’un côté, la complète disparité des forces en présence apparaissait dans toute sa nudité.

Parmi les Palestiniens que j’ai vu se faire tuer dans ces affrontements, aucun n’a été tué dans une zone où il aurait pu avoir touché un soldat israélien avec une pierre. Dans le seul cas où j’ai vu un soldat égratigné par une pierre, le meurtre qui a eu lieu s’est produit bien après. A aucun moment il n’y a eu de situation où la vie d’un soldat israélien était en danger et où ces soldats auraient dû se comporter différemment que n’importe quelle police dans un pays plus civilisé.

Dans ces affrontements, les soldats israéliens se comportent d’une façon qui défie l’entendement . A certains moments ils échangent des injures avec les jeunes Palestiniens, riant et hurlant avec les autres soldats. Parfois ils mettent leur arme à l’épaule et se mettent à jeter des pierres vers les Palestiniens.

Ils imitent aussi des cris d’animaux, sautant et grognant commme des singes, provoqaunt les Palestiniens pour qu’ils avancent à découvert. Ces soldats peuvent utiliser simultanément des munitions pour tuer ou des munitions « moins mortelles » (comme des balles recouvertes d’une couche en plastique très dur), ce qui enlève toute signification à l’usage de munitions qualifiées de « moins mortelles ».

Puis soudain, sortie de nulle part alors que l’affrontement semble se dissiper, un soldat vise et assassine délibérément un enfant ou un adolescent qui se trouvait alors à plus de 100 mètres d’eux et en face de vous. La prochaine fois que vous vous trouverez sur une aire avec rien ni personne autour de vous,vérifiez jusqu’à quelle distance vous êtes capable de lancer une pierre. Vous verrez que c’est à bien moins de 100 mètres.

Je veux être clair. Les évènements que je dépeins dans les affrontemnts où des gens sont morts n’étaient pas l’exception. Ils étaient la règle. Et jamais aucun soldat israélien n’a été puni.

Je voudrais croire...

Lorsque vous voyez quelqu’un qui tue un enfant, vous percevez ensuite les être humains différemment. Nous souhaiterions qu’un tel évènement tellement impardonnable se produise par une sorte « d’accident » ou par « erreur ».

« Echanges de coups de feu » est peut-être l’expression la plus mensongère et la plus réussie des israéliens au début de l’Intifada, et aucune des statistiques existantes ne semble devoir pénétrer nos consciences.

Cela ne fait pour nous aucune différence car à l’intérieur de nous-mêmes nous essayons désespérement de croire que tous les meurtriers et tueurs en série qui se trouvent dans le monde sont des aberrations, de rares exceptions, que ce sont des malades ou quelque chose de cet ordre-là. Cette idée ne tient plus quand vous êtes le témoin direct d’un comportement habituel et régulier qui traverse toute une armée. Quand votre conscience en arrive à cette conclusion, alors quelque chose s’est brisé en vous, et vos idées sur la décence humaine la plus élémentaire s’écroulent.

A un plus haut niveau, Israël se comporte avec une froideur équivalente à celle de ses soldtas lors des affrontements. Un des plus forts exemples au cours de l’Intifada s’est produit le 23 juillet 2002. Quatorze Palestiniens, essentiellement des femmes et des enfants, avaient été tués par une bombe d’une tonne lâchée par un F-16 sur un immeuble habité dans le quartier d’al-Daraj, dans la banlieue de la ville de Gaza, dans le but d’assassiner Salah Shahadeh qui était alors le responsable de la branche armée du Hamas.

De nombreuses pertes civiles étaient inévitables vu la taille de la bombe utilisée et le nombre de personnes vivant dans cette zone. Un journaliste d’Harretz avait ensuite interrogé le major-général Dan Halutz, un rouage important dans la politique israélienne d’assassinats, pour savoir s’il avait éprouvé un quelconque remord après cette tuerie. Commençant par défendre la politique d’assassinats et manifestation ensuite un regret pour les enfants tués qui sonnait faux, il répondit : « Si vous insistez pour savoir ce que j’ai éprouvé lorsque j’ai lâché la bombe, je vais vous le dire. J’ai senti un léger sursaut de l’avion suite au lâcher de la bombe. Une seconde après cet effet avait disparu, et c’est tout. Voici ce que j’ai ressenti. »

La désinformation est une arme de destruction massive

Qu’il s’agisse d’arme à longue portée ou de suicide à la bombe
Un esprit mal intentionné est une arme de destruction massive
Que vous soyez Soaraway Sun ou BBC One
La désinformation est une arme de destruction massive

Paroles de « Destruction de Masse » de Faithless

Notre aveuglement et notre volonté de prendre nos désirs pour des réalités font intrinsèquement partie du système qui tue. Nous sommes séparés des évènements par la distance et nous dépendons d’autres pour être informés. Les journalistes étrangers dont le rôle théoriquement est de rapporter les simples faits partagent ces mêmes défauts et il est difficile même pour eux d’aller au coeur du sujet car ils habitent presque tous sans exception dans des zones de population israélienne.

Comme leurs rédacteurs en chef encore plus éloignés exigent implacablement la « dernière » information plutôt qu’un article allant au fond des choses, ils ne peuvent rien faire d’autres que d’être comme des pierres faisant des ricochets à la surface de la réalité, ceci processus étant aussi inévitable que de savoir à l’avance qu’une bombe de 1.000 kilogrammes lancé sur un immeuble tuera des civils.

Quant à ceux qui vont moins vite et plus profondément dans les évènements en rapportant les faits évidents, les boîtes aux lettres électroniques de leurs éditeurs sont remplies de messages de colère écrits par des gens qui n’ont jamais lu un seul mot du récit et qui, pour en finir avec eux, répandent des accusations selon lesquelles ils seraient motivés par leur haine des Juifs.

Après le 9 juin 2006, jour où les israéliens ont tiré un obus sur une plage de Gaza qui a tué huit Palestiniens dont sept membres de la même famille et blessé 32 personnes dont 13 enfants, le gouvernement israélien a initialement exprimé « son profond regret » de ce qui était advenu. Le premier ministre israélien Ehud Olmert promettait alors une enquête, disant « qu’il n’y avait jamais eu, et qu’il n’y aurait jamais de politique consistant à attaquer des civils », un mensonge flagrant mais rassurant pour tous ceux d’entre nous qui veulent croire que les choses ne sont pas comme elles sont.

Dans les jours qui ont suivi ce massacre, Israël a vu une opportunité de changer le déroulement des faits. Aujourd’hui le site internet du ministère des affaires étrangères met en évidence un article du Jerusalem Post qui nie la responsabilité d’Israël et propose en alternative qu’il pouvait s’agir d’une mine palestinienne. La mcahine médiatique s’est tout de suite piquée au jeu, les gens ont commencé à peser le pour et le contre et soudain, le monde est comme paralysé, ne sachant plus qui croire malgré le fait que la dernière version israélienne ne tenait absolument pas la route.

Aujourd’hui, nous voyons toute la puissance du mensonge d’Olmert ; une nouvelle attaque israélienne a été lancée dans Gaza en plein jour. Les témoins rapportent qu’un avion israélien a tiré un missile sur une camionette qui circulait dans une rue très fréquentée. Les passant se sont alors précipités vers la voiture pour porter aide aux passagers, deux membres du Jihad Islamique, et que l’avion a alors tiré un second missile dans la foule.

Onze personnes ont été tuées, neuf étant des civils et au moins trente autres personnes ont été blessées. Les morts inclues deux infirmiers et deux enfants. Comme dans le cas de la bombe de 1000 kgs sur un immeuble d’habitations, que pouvait-il se produire d’autre qu’un carnage dans une rue aussi fréquentée ? Avec les systèmes les plus performants du moment installés sur les F-16, comment le fait de tirer un missile dans une foule peut-il être accidentel ?

Des assassinats perpétrés avec de lourds armements dans des zones densément peuplées ne sont rien de nouveau. Depuis le début de l’Intifada jusqu’au 1e mai 2006, 552 Palestiniens ont été tués lors d’assassinats [ciblés] commis par les israéliens. Sur ce nombre, 181 personnes, soit un tiers du total, étaient de simples passants qui se trouvaient près des cibles et qui s’étaient précipités pour apporter de l’aide puis avaient été tués lorsque de nouveaux missiles s’abattaient sur la foule (source : PCHR).

Les forces d’occupation israéliennes ont tué plus de 3000 civils Palestiniens depuis le début de l’Intifada. Le mépris d’Israël pour la vie palestinienne s’étend du simple soldat dans son armée d’occupation jusqu’à son premier ministre. Israël assassine les civils palestiniens non pas seulement intentionnellement mais aussi de façon routinière, et c’est vrai depuis des décennies. Les faits parlent par eux-mêmes.

Nigel Parry est un des fondateurs d’Electronic Intifada

13 juin 2006 - The Electronic Intifada - Vous pouvez onsulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Claude Zurbach