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Ceci devrait soulever un sentiment de révolte chez un peuple qui a mis en place un tel gouvernement

Le silence complice de l’Occident finira par soulever la fureur populaire

Informer, plus que jamais, est notre devoir

mercredi 7 juin 2006

Vous avez dit calvaire ?
N’ont-ils pas honte ?
Est-ce ainsi qu’on traite les chiens ?

Chaque année, le 28 mai, le monde célèbre la Journée Internationale d’Action pour la Santé de la Femme. C’est un moment approprié pour attirer l’attention sur la santé et le bien-être de plusieurs femmes Palestiniennes qui languissent dans des prisons et des établissement de détention Israéliens et même de celles qui, anciennes prisonnières, continuent à éprouver les souffrances de post emprisonnement.

Depuis le début de l’occupation en 1967, plus de 650 000 Palestiniens ont été détenus par les Autorités Israéliennes (1) ce qui représente environ 40% de la population mâle Palestinienne (2), parmi lesquels beaucoup ont été humiliés, soumis à de mauvais traitements et à la torture. En janvier, cette année, il y avait 8 238 prisonniers Palestiniens, dont 794 en détention administrative sans accusation et sans procès (3).

Les femmes de Palestine ne sont pas à l’abri des arrestations. Actuellement, il y a environ 115 femmes prisonnières (4). J’ai rencontré Zahra, une ancienne détenue très connue, qui a passé onze ans en captivité. Elle est la mère de trois enfants, et vit à Deïr Ballut, une village de notre district de Salfeet. En 1986 l’armée est venu dans sa maison à minuit, lui a mis un bandeau sur les yeux et l’a emmenée sous les yeux de ses enfants, alors âgés de 9, 5, et 2 ans. Deux mois plus tard, sa maison était démolie par l’armée Israélienne, un acte de punition collective qui viole évidemment les lois internationales (4ième Convention de Genève et Régulation de La Haye), ce qui a laissé les enfants privés de foyer.

Zahra a parlé de la procédure d’interrogation, atroce, et des conditions dans lesquelles elle avait été détenue. Elle a bien expliqué qu’il n’y avait rien d’unique dans son expérience.

Car en vérité plus de 85 % des détenus Palestiniens sont soumis à des mauvais traitements et à des tortures au cours des interrogatoires (5). Les autorités Israéliennes commettent, dans leur pratique quotidienne, de graves entorses des droits de l’Homme et violent clairement le Droit International, qui interdit l’emploi de la torture et des traitements dégradants (4ième Convention de Genève, Convention Internationale pour les Droits Politiques et Civiques, Convention contre la Torture et les Traitements Inhumains).

Zahra passa les 31 premiers jours en cellule d’isolement, sans accès à un avocat, maintenue dans une cellule sombre, humide, sans avoir la place de s’allonger ou de rester debout. La cellule était habitée par des rats et des insectes. On lui refusa toute protection sanitaire pendant sa période mensuelle, et elle ne disposait que d’un seau comme toilettes. Parfois, on l’aspergeait de seaux d’eau froide.

A d’autre moments, se souvient-elle, on l’inondait de musique braillarde jouée à tue-tête. Les détenus étaient aussi envoyés en « salle de réfrigération » où régnaient des températures glacées.

On l’extrayait de sa cellule à des heures aléatoires du jour et de la nuit pour des interrogatoires. Il était très rare qu’il y ait une autre femme présente dans ces occasions. Les pratiques que Zahra a décrites sont bien documentées par un grand nombre d’organisations de droits de l’homme et révèlent que la torture est systématiquement employée par les autorités Israéliennes (6).

Elle a été torturée mentalement et physiquement. Menottée avec des menottes en plastique qui s’enfonçaient dans sa chair, on la suspendait au plafond. On la contraignait à rester pendant de longues périodes assise sur une chaise sans dossier, alors que ses mains et ses pieds étaient attachés. A d’autres moments, on mettait un sac sur sa tête, rempli de substances d’une odeur nauséabonde. Une fois au moins, on l’a emmenée dans la pièce d’interrogatoire et on l’a fait attendre une journée entière, sans autre suite que de la ramener dans sa cellule, clairement dans l’intention d’accroître sa tension mentale. A une autre occasion, elle fut maintenue da,s la salle d’interrogatoire pendant deux jours consécutifs.

Les violences sexuelles, sous forme de menace ou de passages à l’acte, ne sont pas absentes du tableau. Zahra a rencontré une jeune fille de 17 ans qui a été violée au cours d’un interrogatoire. Dans un contexte où la violence sexuelle est un danger réel au cours d’un interrogatoire, être menacée de viol comme méthode d’interrogatoire est une véritable torture. Elle a été menacée d’être complètement dévêtue, ce qui, dans la culture musulmane, constitue une menace d’une signification au moins égale.

Clairement, Sahra est une femme forte, à l’esprit clair. Une tranquillité calme et comme une lumière tamisée s’installait alors qu’elle parlait de violence sexuelle, en actes ou en menaces. Un long silence s’ensuivit. Elle avait manifestement touché quelques zones sombres et douloureuse de sa personne, et j’éprouvais pour elle une profonde compassion.

Sahra me parla de femmes qui étaient enceintes au moment de leur arrestation. Certaine avortèrent. Les autres furent enchaînées pendant leur accouchement et durent subir l’humiliation d’un manque total d’intimité.

Elle fut transférée du centre d’interrogation vers la prison de Ramle en Israël, où elle fut détenue en compagnie de prisonnières de droit commun, et non politiques, ce qui provoqua des difficultés supplémentaires.

De là, après une grève de la faim, elle fit transférée à la prison de Hasharon, où elle partagea une cellule de 6 mètres de large avec cinq autres prisonnières Palestiniennes. On leur refusait fréquemment de l’eau chaude et elle ne recevaient qu’un nourriture très inadéquate. Elle me parla d’un incident au poins au cours duquel une grenade lacrymogène fut lancée dans la cellule.

Il lui est arrivé de devoir passer une année entière sans voir ses enfants. A d’autres moments, elle les voyait une demi-heure tous les quinze jours. Parfois, la mère de Zahra pouvait amener les enfants à la prison, ùais ensuite on leur en refusait l’accès.

Elle a été libérée le 11 février 1997 après avoir passé onze années en prison. Neuf ans plus tard, elle continue à souffrir de problèmes de santé : des douleurs au cou et dans le dos, des problèmes d’estomac, et des déficiences de vision à distance.

Le temps de ma visite auprès de Zahra passa rapidement, et comme nous quittions sa maison la lumière commençait déjà à faiblir et la lune se montrait. Nous regardions ves l’ouest en direction du Mur qui découpait le paysage, avec les lumières de Tel Aviv clairement visibles dan le lointain. Je gardais en mémoire les paroles qu’elle avait prononcées : « Le sang Palestinien est bon marché. Nous ne demandons pas la Lune, seulement nos droits. »

La souffrance des prisonniers ne cesse pas à leur libération. Mes interviews avec un certain nombre de psychologues, y compris ceux du Centre pour le Traitement et la Réhabilitation des Victimes de la Torture (TRC) m’ont fait prendre conscience de la persistance des problèmes de santé mentale chez les anciens détenus. Le TRC offre des services de traitement et de rééducation aux victimes de torture et de violence organisée tout comme de soutien de leurs familles. Wa’il et Hadil, de l’annexe récemment ouverte à Naplouse, expliquent comment ils restent en liaison avec le ministère Palestinien des Prisonniers, de sorte qu’ils sont en mesure d’offrir en temps utile leur assistance aux détenus au moment de leur libération, et ainsi les aider dans le difficile processus de réajustement à la vie au sein de leur famille et de leur communauté.

Il y a tout un éventail de problèmes de santé mentale dont souffrent les anciens détenus torturés, dont la grande majorité appartiennent à la famille des désordres de tension post traumatiques (PTSD), des réactions de tristesse, et de désordres de tension extrême. Le statut de héros donné aux ex-prisonniers peut rendre très difficile pour ces hommes (en majorité) de faire face à la réalité et d’admettre les problèmes psychologiques et physiques qui résultent de la torture et des traitement humiliants soufferts en prison. De la même façon, le statut héroïque des martyrs peur rendre plus difficile pour les familles d’admettre leur souffrance.

Le TRC cherche à traiter et à soutenir les victimes de la torture, de même qu’à s’en faire les avocats au sein de la communauté. Ils ont un programme de défense et de rééducation qui vise à créer une culture qui soit active contre les sentiments de vengeance, qui s’efforce de d’assurer que les victimes de violence ne poursuivent pas en devenant eux-mêmes des bourreaux. Ils cherchent à encourager des changement d’attitude envers les problèmes de santé mentale grâce à leur travail avec d’autres professionnels de la santé, de l’éducation et des services sociaux, de même qu’avec les programmes de rééducation de l’AP.

Mon interview avec la direction de l’annexe de Ramallah a indiqué qu’il y a encore une réticence de la société pour traiter les problèmes de santé associés à la torture. L’arrestation est un danger toujours présent pour les Palestiniens dans les Territoires Palestiniens Occupés, et elle comporte une forte probabilité d’humiliations, de mauvis traitements, et de torture. Pour le nombre, très significatif, de Palestiniens qui ont été victimes de campagnes d’arrestations de masse, qui ont été torturés ou mal traités en détention, retenus en détention administrative sans accusation ni procès, ou jugés par des tribunaux militaires comme des adultes alors que ce sont des enfants, ce qu’ils ont vécu passe largement inaperçu de la vision internationale.

(1) www.palestinemonitor.org
(2) www.palestinemonitor.org
(3) www.btselem.org
(4) www.addameer.org
(5) www.btselem.org
(6) PCATI (www.stoptorture.org.il)

beaucoup d’éléments précis concernant beaucoup de formes de torture comportant les coups, les gifles, les coups de pieds, le fait de marcher sur les fers, le fait courber la personne interrogée et de la mettre dans d’autre positions douloureuses, le resserrement intentionnel de ses fers, de lui infliger des secousses violentes, la privation de sommeil et le fait de maintenir pendant de longues périodes enchaîné dans le dos.

Les exactions psychologiques comportent les menaces envers le détenu ou les membres de sa famille, les longues périodes de confinement solitaire, et les pressions en vue d’un collaboration.

Les campagne d’arrestations de masse au cours de la période de mars à octobre 2002 ont entraîné la détention d’environ 15 000 hommes, des villages entiers étant parfois vidés de tous les hommes de plus de 15 ans. En octobre 2002, il y avait plus de 1 050 Palestiniens en détention administrative (www.palestinemonitor.org).

Aux termes des règlements militaires, la détention administrative est indéfiniment renouvelable. Des preuves secrètes sont présentées devant les tribunaux militaires, auxquelles ni le détenu ni ses avocats n’ont accès. Addameer rapporte que des personnes sont retenues en détention administrative, sans accusation ni procès, pour des périodes qui peuvent aller de 6 mois à 6 ans. La production d‘ordres de détention administrative est en relation directe avec la situation politique, avec une augmentation de son emploi lorsqu’il y a une augmentation de la protestation contre l’occupation. (www.addameer.org).

Text de Alys
Edité par Clara et Lina
Date : 28 May 2006

The International Women’s Peace Service, Haris, Salfit, Palestine.
Tel :- (09)-2516-644
Email :- iwps@palnet.com Website :- www.iwps.info