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Égypte :

Les Frères musulmans revendiquent la victoire de leur candidat Mohammed Morsi

Lundi, 18 juin 2012 - 9h39 AM

lundi 18 juin 2012

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Les Frères musulmans ont revendiqué lundi la victoire de leur candidat Mohammed Morsi à l’élection présidentielle en Égypte, annonce aussitôt contestée par son rival Ahmad Chafik, une ancienne figure du régime de Moubarak renversé en février 2011. Peu après la fermeture des bureaux de vote, la junte aux commandes du pays s’est, elle, attribué de vastes prérogatives, dont le pouvoir législatif.

« Le docteur Mohammed Morsi est le premier président de la République élu par le peuple », a affirmé sur son compte Twitter le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, présidé par Mohammed Morsi. Son directeur de campagne, Ahmad Abdelati, a pour sa part affirmé lors de la même conférence de presse que Mohammed Morsi avait obtenu 52,5 % des voix contre 47,5 % pour son rival Ahmad Chafik, après le dépouillement des bulletins dans près de 98 % des bureaux de vote et en tenant compte du vote des Égyptiens à l’étranger dont les résultats ont été compilés ces derniers jours.

Bataille de chiffres

Cette annonce a aussitôt été rejetée par le camp de Ahmad Chafik, un général à la retraite considérée comme le candidat de l’armée qui tient les rênes du pays depuis la chute de Moubarak et s’est arrogé dimanche de vastes prérogatives réduisant largement les pouvoirs du futur président. « Nous la rejetons totalement », a déclaré à la presse un responsable de la campagne de Ahmad Chafik, Mahmoud Barakeh. « Nous sommes étonnés par ce comportement bizarre qui revient à détourner le résultat de l’élection », a-t-il ajouté.

Un autre responsable de la campagne Mahmoud Farrag a affirmé que Ahmad Chafik avait recueilli 51,6 % des voix, selon des résultats partiels en provenance des bureaux de vote.

« Ils savent que le résultat qu’ils annoncent n’est pas le bon, mais ils font ça pour crier à la fraude par la suite », a ajouté un autre responsable parlant sous le couvert de l’anonymat.

Après l’annonce de sa victoire, Mohammed Morsi a remercié lors d’une allocution dans son QG ceux qui ont voté pour lui et s’est engagé à travailler « main dans la main avec les Égyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix ». Il a aussi promis de « servir tous les Égyptiens », quelles que soient leurs obédiences politiques ou religieuses.

Les résultats officiels doivent être annoncés le 21 juin par la Commission électorale. Mais la junte aux commandes du pays s’est d’ores et déjà attribuée dimanche de vastes prérogatives, dont le pouvoir législatif. Quel que soit le vainqueur du scrutin, l’essentiel du pouvoir restera ainsi aux mains des militaires jusqu’à l’élection d’une nouvelle Assemblée du peuple à la place de la chambre dissoute samedi.

Les nouvelles dispositions, vivement contestées par les Frères musulmans et les partis de la mouvance révolutionnaire qui les ont assimilées à « un coup d’État », sont contenues dans une Déclaration constitutionnelle complémentaire publiée par le Conseil suprême des forces armées (CSFA). Les prérogatives législatives, assumées par le CSFA après le départ de Moubarak, avaient été transférées un an plus tard au Parlement issu des législatives.

La Chambre des députés dissoute

Mais la Chambre des députés, dominée par les Frères musulmans, a été dissoute samedi en application d’un arrêt de la Haute Cour constitutionnelle. Le nouveau texte précise que le CSFA exercera le pouvoir législatif « jusqu’à l’élection d’une nouvelle Assemblée du peuple ».

Ce scrutin ne pourra toutefois pas avoir lieu avant la rédaction d’une nouvelle Constitution par une commission ad hoc et son adoption « par voie de référendum », précise le texte. La rédaction de la nouvelle Constitution sera confiée à une « commission constitutionnelle représentant tous les segments de la société » et qui disposera de trois mois pour terminer ses travaux, ajoute le texte. Le CSFA s’accorde en outre un droit de veto sur tout article qu’il estime « contraire aux intérêts suprêmes du pays ». Le texte donne également le droit au CSFA de former une nouvelle commission constitutionnelle si l’instance actuelle, dominée par les islamistes, « est empêchée d’accomplir son travail ».

La Déclaration précise aussi que le CSFA du maréchal Hussein Tantaoui « dans sa composition actuelle a le pouvoir de décision pour tout ce qui relève des forces armées, la nomination de ses commandants et la prolongation de leur service ».

Les mesures annoncées par les militaires et la dissolution de la Chambre ont éclipsé le scrutin présidentiel qui s’est déroulé samedi et dimanche sans accroc majeur.

Les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 22 heures, soit deux heures plus tard que prévu afin de favoriser la participation. Quelque 50 millions d’électeurs étaient appelés à voter. Le dépouillement a commencé aussitôt après. Ancien commandant en chef de l’armée de l’air, Ahmad Chafik, 70 ans, a fait campagne sur le thème de la stabilité, chère à de nombreux Égyptiens après plus d’un an d’une transition politique chaotique. Il est soutenu par de nombreux Coptes (chrétiens d’Égypte), inquiets d’une victoire islamiste.

Mohammed Morsi, un ingénieur de 60 ans, a de son côté cherché à gommer son image d’islamiste conservateur pour se présenter comme le seul recours des partisans de la « révolution » contre un retour de l’ancien régime.

Hosni Moubarak, 84 ans, est détenu dans une aile médicalisée de la prison de Tora, au sud du Caire, après sa condamnation le 2 juin à la perpétuité pour son rôle dans la répression de la révolte de 2011.

Source : Al-Oufok avec les agences de presse