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Au pays de l’Apartheid (ndlr)

La propagande sioniste en Israël discrimine l’éducation palestinienne

Mardi, 17 avril 2012 -12h10

mardi 17 avril 2012

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L’exploitation historique du système éducatif israélien pour institutionnaliser la domination juive et sioniste s’est intensifiée ces dernières années. Le plus alarmant et le plus parlant de ces efforts est sans doute l’amendement, passé en mars de l’an dernier, à la Loi sur les principes budgétaires, popularisée parmi les Palestiniens sous l’appellation de « Loi Nakba ».

Des étudiants palestiniens entourent une réalisation en forme de carte de la Palestine historique, faite de raisins produits dans la ville d’Hébron, au cours d’une fête du raisin à l’Université d’Hébron, le 3 Octobre 2011 - Photo : AFP/Hazem BaderLa loi autorise le Ministre des Finances à couper les subventions publiques à toute entité qui « marque le Jour de l’Indépendance d’Israël ou le jour de l’instauration de l’Etat d’Israël comme un jour de deuil ». La Nakba (catastrophe) est commémorée pour honorer plus de 700.000 Palestiniens qui furent déplacés et chassés de leur terre lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948. En codifiant cet amendement, l’Etat criminalise les libertés civiques les plus élémentaires.

A travers des éléments de langage et des motivations manifestement discriminatoires, cette disposition crée une atmosphère de peur et de persécution qui censure fondamentalement l’enseignement sur la création de l’Etat d’Israël. Contraint de choisir entre des subventions essentielles et un enseignement consciencieux de l’histoire, les enseignants et éducateurs sont placés dans un dilemme dont souffrent tous les étudiants israéliens. « C’est de l’impudence fasciste et un cran de plus sur la pente glissante du racisme, que le gouvernement israélien, la Knesset et la société israélienne sont en train de dévaler » a déclaré le Comité de surveillance de l’Éducation arabe.

Sous Gideon Saar le Ministère de l’Éducation a promptement requis des changements au programme de l’Éducation nationale, exigeant que l’on se concentre sur « les valeurs juives et sionistes » sans mise en valeur de la démocratie ni de la coexistence juifs/arabes. Zvi Zameret, que Saar a nommé à la direction du secrétariat pédagogique du ministère, a critiqué les manuels antérieurs sur le civisme national comme trop centrés « sur la critique de l’Etat ». Il expliquait au journal Haaretz qu’en outre les objectifs de l’instruction étaient inacceptables. « La manière dont le civisme est enseigné est critique et analytique ».

Pour les 20% d’étudiants qui sont palestiniens, les implications personnelles de la critique de l’État et de la pensée analytique sont apparentes en classe même si elles sont en train d’être éradiquées des manuels scolaires. Gavriel Solomon, Professeur à l’Université de Haïfa et lauréat du Prix de l’Éducation israélien, a déclaré à Haaretz que le changement dans le programme a des motivations transparentes. « Il s’agit d’éducation au sionisme et au judaïsme, sans éducation à la démocratie et à la paix, et de promotion de l’ultra-nationalisme ».

Et ces changements ne s’arrêtent pas à la salle de classe. En février, plus de 260 enseignants israéliens ont signé une lettre ouverte en opposition à un programme récemment étoffé par le ministère de l’éducation, pour emmener les élèves en « excursions-patrimoine » [heritage tours], dans les colonies juives de la ville cisjordanienne de Hébron. Les colonies ont été condamnées par la communauté internationale et les autorités palestiniennes comme faisant infraction au droit international et et obstacle au processus de paix.

La lettre ouverte des enseignants tenait à se présenter comme la première instance d’opposition publique et organisée d’opposition à une politique ministérielle dans toute l’histoire d’Israël. Pour justifier le programme éducatif, le ministre de l’éducation déclarait : « Il est bon de venir voir les colonies. Il est bon que les colonies fleurissent. On ne devrait pas autoriser les arabes à entretenir l’illusion qu’un jour il n’y aurait plus de juifs ici ».

Ce commentaire de Saar représente un déni typique et dangereux du statut des Palestiniens comme le peuple natif de Palestine. L’appropriation actuelle de ce pays par Israël est systématiquement biaisée par les autorités gouvernementales comme un silence imposé qui présente beaucoup de similitude avec la politique éducative actuelle.

Le coup de torchon impressionnant de ces efforts pour contrôler l’éducation des élèves en Israël éclaire l’attaque en règle de l’administration Netanyahou contre les droits civiques dans ce qui se prétend « la seule démocratie du Moyen-Orient ». Le professeur de littérature Udi Gur expliquait à Haaretz les intentions de la lettre ouverte des enseignants : « Le système éducatif subit l’attaque de forces politiques extrémistes visant à échanger l’éducation contre l’endoctrinement ». Nous ne permettrons pas que cela se passe ».

Séparés et inégaux

La disparité historique actuelle entre éducation juive et palestinienne en Israël illustre les implications inacceptables de ces efforts visant à donner priorité au sionisme dans l’éducation publique. Depuis la fondation de l’état juif, les Palestiniens en Israël ont été éduqués séparément de la majorité juive, tandis que le programme et la distribution des fonds fédéraux sont dictés par l’État. Le succès universitaire palestinien a toujours été à la traîne de la majorité juive, et cet hiatus est renforcé par la subordination historique permanente de l’éducation palestinienne, tant en matière de ressources que d’attention.

Selon le rapport du Comité onusien pour les Droits de l’Enfant (CRC) sur le gouvernement israélien, « en 2001, l’investissement éducatif total par élève dans les municipalités arabes était d’environ un tiers de l’investissement par élève dans les municipalités juives. L’investissement gouvernemental par élève arabe était d’environ 60% de l’investissement par élève juif ».

La discrimination se poursuit. Les projets supplémentaires de subvention tout au long des années ’90 et du nouveau millénaire ont échoué à niveler ces deux systèmes ou à expliquer la discrimination passée contre les Palestiniens de 1948. En outre, ces projets insuffisants n’ont même pas été entièrement appliqués.

En 2008, 31,9% des étudiants palestiniens obtenaient un certificat de fin d’études après le secondaire, soit à peu près la moitié du taux d’étudiants juifs de 59,7%. Parmi les Palestiniens âgés de 18 à 39 ans, 1,8% étudiaient en premier cycle universitaire, la moitié des étudiants juifs ayant un taux de 3,6%.

Conséquences

Ces données doivent s’entendre dans le contexte de leurs conséquences très réelles en termes de qualité de vie, de mobilité économique et de conscience socio-politique des Palestiniens en Israël. Alors même que le gouvernement a été contraint de reconnaître les disparités de subvention, le ministre a ostensiblement invoqué qu’il était impossible de contrôler et de faire rapport sur les ressources allouées à l’éducation palestinienne.

« Les écoles arabes gérées par le gouvernement sont un monde séparé des écoles juives gérées par le gouvernement » a dit Zama Coursen-Neff, conseillère à la Division Droits de l’Enfant de Human Rights Watch, dans son rapport « Deuxième Classe : discrimination contre les enfants arabes palestiniens dans les écoles israéliennes ». « A presque tous égards, les enfants palestiniens reçoivent une éducation inférieure à celle des enfants juifs, et leurs performances scolaires relativement faibles en sont le reflet ».

Les implications ouvertement discriminatoires de ces politiques sont justifiées et excusées via des faux-semblants de religion, de peur et d’ultra-nationalisme.

Conseil pédagogique arabe

A la lumière de ces réalités troublantes, les Palestiniens d’Israël œuvrent pour participer à la discussion de la politique à mener en matière de contenu et sur la façon de dispenser l’éducation aux étudiants palestiniens. En juillet 2011, le Comité de suivi sur l’éducation arabe en Israël a réalisé partiellement la formation d’un Conseil pédagogique arabe. Ce Conseil, composé de 30 universitaires et professionnels arabes, cherche à appliquer une meilleure visibilité sur un système qui « souffre de discriminations graves et multifactorielles, notamment des inégalités d’allocation de ressources, un manque de reconnaissance de l’histoire nationale et culturelle de la minorité arabe et l’exclusion des cadres arabes du rôle décisionnel et de l’établissement des politiques ».

Le ministère israélien de l’éducation a refusé de reconnaître officiellement ce Conseil, refusant de considérer ou d’appliquer les recommandations qu’il avait présentées en octobre dernier dans un document intitulé « Les objectifs de l’éducation et de l’enseignement de la minorité palestinienne en Israël ». Le document affirme vouloir « d’une part, combattre la discrimination de la part de l’Etat et ses effets bloquants sur la société palestinienne en Israël, et d’autre part il combat la violence de certains modèles de pensée et de comportement, et certains des maux de la société arabe ».

Les stratégies soulignées dans le document incluent le renforcement de l’identité du peuple palestinien en Israël, l’enseignement des racines collectives arabes et musulmanes, et l’affirmation des droits nationaux et politiques du peuple palestinien.

Mais surtout, il recommande que l’éducation palestinienne « instille les valeurs du dialogue avec l’autre, Israélien juif, et la recherche d’un horizon pour une vie commune dans une seule patrie, sans le contrôle ni la suprématie d’un des deux côtés ».

La campagne israélienne sur l’enseignement secondaire, très richement dotée en vue de contrôler et de faire taire la culture arabe via le système éducatif est actuellement menée ouvertement.

La demande palestinienne de participer de façon significative au processus de prise de décision en matière d’éducation reflète l’échec persistant de l’état « juif et démocratique » à respecter les droits de ses étudiants minoritaires Dans un pays qui accorde autant d’importance à l’histoire et au récit existentiel, l’idéologie exclusive du sionisme nuit non seulement aux Palestiniens en Israël, mais à tous les enfants qui passent dans les différentes classes des écoles israéliennes.

* Ryan Brownell est basé à Nazareth, il travaille dans une ONG palestinienne et peut être suivi sur Twitter.@ryanbmn

Source : Info-Palestine