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Opinion partagée

Aux côtés des Palestiniens, sans réserves ni conditions

par Pierre Yves Salingue

vendredi 14 avril 2006

France - 13-04-2006 ISM http://www.ism-france.org/news/

Nous sommes à la veille d’un moment tragique de l’histoire de la lutte du peuple palestinien pour sa libération.
La récente décision prise à l’unanimité par l’Union Européenne d’interrompre son aide économique à l’Autorité palestinienne en est un signe alarmant.
Avec cette décision, l’Europe confirme sa volonté de participer pleinement à l’entreprise de destruction du Peuple palestinien et de colonisation de la Palestine, voulue par l’Impérialisme et méthodiquement mise en œuvre par le pouvoir sioniste.

Car il ne s’agit pas seulement de « punir » les Palestiniens pour avoir « mal voté » : l’objectif n’est autre que celui de leur imposer une capitulation sans conditions.

Le chantage à l’argent et à la faim n’a d’autre but que celui d’une humiliation totale, pour contraindre enfin ce Peuple - qui refuse de se soumettre - à accepter de ne plus être qu’un peuple de mendiants et à renoncer à ses droits. L’objectif n’est donc pas de défaire le Hamas mais de liquider tout esprit de résistance.

C’est un coup d’état qui se prépare.

Les factieux dissimulent à peine leur projet. Après quelques moments de désarroi, suite à la victoire du Hamas aux élections palestiniennes, la décision a été prise de renverser rapidement le nouveau gouvernement palestinien.

Le gouvernement des Etats Unis a le premier fixé la ligne : isoler les Palestiniens et les contraindre par tous les moyens à renoncer à tout espoir de conquérir leurs droits légitimes, que ce soit par la lutte armée, par les mobilisations non violentes ou par les élections.

L’Etat sioniste d’Israël a poursuivi et amplifié son action méthodique de liquidation ou d’emprisonnements de résistants, de blocus, d’enfermement, de terreur et d’humiliation contre la population palestinienne.

Les régimes réactionnaires arabes à la botte des Etats-Unis ont joué leur rôle habituel. Après avoir laissé croire qu’ils soutiendraient leurs « frères palestiniens », ils se sont empressés d’oublier leurs engagements financiers et ils ont renoncé à toute initiative sérieuse au niveau du Conseil de Sécurité.

Pour masquer ce « silence arabe » la Ligue Arabe en appelle aujourd’hui à la générosité des arabes et des musulmans en donnant un numéro de compte bancaire sur les chaînes satellitaires !

En Palestine même, sous la houlette de Mahmoud Abbas, un « gouvernement fantôme » - composé de personnalités que les électeurs palestiniens ont chassées en raison de leur corruption et de l’échec de leur stratégie de négociation - organise un sabotage méthodique de l’action de la nouvelle majorité. Après avoir vidé les caisses et rempli leurs poches, ils tentent d’organiser la révolte des 150 000 employés de l’Autorité palestinienne qui attendent leurs salaires.

La décision de l’Europe les conforte dans leur action de sabotage interne destinée à affaiblir l’esprit de résistance populaire. Dans l’ombre d’Abu Mazen, Dahlan attend le feu vert de la CIA et des services de renseignements égyptiens pour lancer une action coordonnée de ses escadrons de la mort à Gaza.

L’armée israélienne préparera le terrain en assassinant des dirigeants du Hamas, du Jihad et de toutes les forces qui refusent de plier.

La récente décision de l’Europe n’est donc ni une « erreur », ni une décision « irresponsable ».

Les gouvernements européens, dont le gouvernement français, ne manquent ni de « bon sens » ni de « sens de la justice ». Ils ont tout simplement choisi de mener activement une politique d’asservissement des peuples.

Pour la solidarité, l’heure est venue d’en finir avec les ambigüités.

C’est l’heure de vérité, en effet, pour les forces qui se revendiquent de la solidarité avec le Peuple palestinien. Signer des pétitions protestant contre les menaces de désastre économique et de misère sociale ne suffit pas.

Ce que l’Impérialisme et l’état colonial sioniste veulent imposer aux Palestiniens, c’est la capitulation.

Proclamer aujourd’hui « nous n’abandonnons pas les Palestiniens » ou « nous sommes tous Palestiniens », ne peut avoir qu’une signification : le soutien à leur résistance, sans réserves ni conditions.

Soutenir la lutte des Palestiniens, c’est cesser de participer à la coalition qui veut contraindre les forces de la résistance palestinienne à « s’adapter » ou à faire preuve de « pragmatisme politique ».

Par leur vote les Palestiniens ont montré leur détermination à écarter tous ces « partisans d’une paix négociée » qui, depuis Oslo, prospéraient à l’abri de cette paix illusoire pendant que la colonisation sioniste de la Palestine permettait chaque jour un peu plus l’épuration ethnique et la dépossession des arabes palestiniens.

Proposer que l’aide qui est due aux Palestiniens leur soit distribuée par l’intermédiaire de ceux qui les ont hier désarmés et affaiblis, c’est participer au chantage et à l’oppression.

L’aide doit être maintenue et entièrement fournie à la population par l’intermédiaire des représentants que cette population a choisis et non par le biais d’ONG soumises aux diktats politiques de leurs financeurs ou par celui des anciens dirigeants désavoués par le vote démocratique.

On ne peut affirmer que l’on refuse la punition infligée au peuple palestinien en raison de son vote pour le Hamas et, en même temps, participer à l’embargo politique et financier infligé aux nouveaux représentants qu’il a élus.

Le temps presse. Un coup de force est en préparation contre le Peuple palestinien qui lutte pour se libérer de l’occupation coloniale.

Dans ces circonstances on doit choisir le camp dans lequel on se place : avec le peuple qui résiste ou avec les oppresseurs et leurs complices.

Sauf à choisir clairement et sans délais d’être avec la Palestine qui résiste le mouvement de solidarité sombrera.