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Egypte - de notre correspondant

Arrestation de la famille Moubarak, les manifestations sociales et politiques ne cessent pas.

Mercredi, 20 avril 2011 - 6h41 AM

mercredi 20 avril 2011

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Que se passe-t-il en Égypte ?

Transition démocratique ou contre-révolution ?

Le comité Égypte en lien étroit avec les acteurs de la « société civile révolutionnaire » en Égypte vous informe au jour le jour du processus en cours…

Les Moubarak arrêtés, les gouverneurs contestés, Qena en prise aux salafistes.

Le Conseil militaire d’Égypte a pris plusieurs mesures, la semaine du 10 avril, pour répondre aux revendications des manifestants du 8 Avril et prévenir de nouvelles manifestations.

Parmi elles, l’arrestation du l’ex président Hosni Moubarak et de ses deux fils Gamal et Alaa. Hosni Moubarak est accusé d’avoir ordonné de tirer sur les manifestants lors du « vendredi de la colère », le 28 janvier 2011 et encoure la peine de mort. Ses fils sont inculpés pour enrichissement illicite et corruption. L’épouse de l’ex-président, Suzanne Thabet, ne devrait pas tarder pas à rejoindre le cortège des accusés pour les mêmes chefs d’accusation que sa progéniture.

Les autres mesures annoncées ne sont qu’un écran de fumée visant à couvrir les violences commises par l’armée, contre les occupants de la place Tahrir, la nuit du 8 au 9 avril. Entre autres, l‘octroi du droit de vote aux Égyptiens expatriés pour les élections parlementaires et présidentielles. Et aussi, le changement des gouverneurs tant réclamé par les manifestants. Si la première mesure a suscité beaucoup de joie, la seconde a provoqué de nombreuses protestations. En effet, sur les 26 gouvernorats Égypte, 20 nouveaux gouverneurs ont été nommés. La plupart sont des généraux, issus de la police et de l’armée.

Carte des gouvernorats d’Egypte

Trois nouveaux gouverneurs sont vivement contestés :

•Mohammad Hafzi, général, nommé gouverneur du gouvernorat de Daqahliyya (au nord-est) du Delta, et dont la capitale est Mansoura), est un ex-adjoint de l’ancien ministre de l’intérieur Habib El Adli, aujourd’hui incarcéré. Le 12 septembre 2010, il ordonne l’attaque de l’église de la Sainte vierge et de l’ange Michel à al-’Umrâniyya (Gîza). Cette église était occupée par des chrétiens qui protestaient contre l’arrêt des travaux de construction du bâtiment, pourtant préalablement autorisés. Hafzi a ordonné de tirer sur les manifestants massés devant le gouvernorat et est responsable de la mort de trois personnes. Comme récompense, Hafzi a été promu adjoint au ministre de l’intérieur, après la révolution du 25 janvier, puis gouverneur de Dakhlia. L’association MARED (Egyptiens contre les discriminations religieuses) a adressé une lettre au Premier ministre pour contester ce choix.

•Le second gouverneur, Magdi Michel, général de la police, a été nommé gouverneur de Qena (à 60 km de Louxor, au sud de Égypte, vallée du Nil). Plusieurs dizaines de manifestants se sont réunis depuis le 16 avril devant le gouvernorat, déterminés à l’empêcher de prendre ses fonctions. Si certains l’accusent d’avoir collaboré avec les services de la sécurité de l’Etat, d’autres brandissent des slogans anti-chrétiens comme « le peuple veut un gouverneur musulman ». Pourtant, le précédent gouverneur, Magdi Ayoub, était aussi chrétien. Cette percée par la force des salafistes est une menace à prendre au sérieux.
NDLR : différentes sources font état d’intrusions salafistes, en connivence avec d’anciens soutiens du PND et de la Sécurité d’Etat : un drapeau saoudien a été brandi. Les salafistes auraient déclaré Qena principauté islamique, sans l’appui des Frères musulmans ; les accès sont coupés ; le gouverneur est menacé de mort ; ni la police ni l’armée ne sont intervenues… Pourquoi ?

Retrouvez la chronologie des événements dans le communiqué de l’alliance des jeunes de la révolution du 25 janvier à Qena (traduit en français). Pour en savoir plus, lire ici et ici (en arabe). Voir aussi cet article dans Masr al-Youm (en anglais)

•Le troisième gouverneur indésirable est celui du Nord Sinaï, accusé de connivence avec le PND (Parti national démocrate d’H. Moubarak) et les services de sécurité de l’Etat .

Démantèlement du PND

La haute Cour administrative, présidée par Magdi el Agati, vient de démanteler le PND et exige la cession de ses locaux et biens à l’Etat. Selon le jugement, la chute du président Moubarak, chef du PND, justifie le démantèlement de son parti.

Mouvements sociaux et démocratiques : l’armée réprime un meeting à Imbâba, marche de chrétiens de Shubrâ à Tahrir

•Le 13 avril, à Imbâba, quartier populaire du Caire jouxtant la rive ouest du Nil, l’Association Hicham Moubarak pour les droits de l’Homme a organisé un meeting afin de traduire des civils devant les tribunaux militaires. L’assistance était très importante, selon les membres du parti de l’alliance populaire socialiste (APS). Parmi l’assistance, importante selon l’APS, un des membres des Forces spéciales de l’armée est intervenu pour mettre fin au rassemblement. En ayant recours à des voyous, des baltageya et aux services de sécurité de l’état, les Forces spéciales ont attaqué l’assistance à l’arme blanche blessant plusieurs intervenants. Selon l’APS, la police est intervenue, a arrêté les organisateurs, laissant libre les assaillants.

•Une marche organisée par des chrétiens égyptiens a eu lieu vendredi 15 avril pour commémorer le 40è jour (Arbiin) de la mort des victimes des événements de Sol (au sud du Caire) et de Manchiyyat Nasser (sur les collines du Moqattam*). La marche a réuni entre 5000 et 10 000 manifestants. Elle est partie de Shubrâ (quartier à forte composante chrétienne au nord du Caire), et s’est achevée place Tahrir. Les manifestants ont exigé le jugement des assassinats de Manchiyyat Nasser comme celui de la destruction de l’église de Sol. Ils ont aussi réclamé que les programmes scolaires soient nettoyés de toute tension confessionnelle et discrimination religieuse. Seuls l’APS et le Mared ont appelé à soutenir cette marche. Elle n’a pas été relayée par les Jeunesses révolutionnaires.
Mouvements ouvriers : grève des ouvriers du Canal de Suez
•La protestation des ouvriers et travailleurs continuent au Caire et dans les autres régions (cf. Al Masry al Youm, article en anglais)
•La grève des ouvriers de sept entreprises du Canal de Suez, entre dans sa troisième semaine. Elle revendique des augmentations salariales et des droits syndicaux. Elle s’est radicalisée face au refus de la direction de faire la moindre concession. Une manifestation devant le siège du Canal de Suez était prévue le samedi 16 avril. La presse observe un silence total sur ce mouvement

Mouvement paysan

Le Premier ministre, Essam Charaf, a reçu, au Cabinet, Rawia Mohamed, paysanne, star d’un documentaire de Zeinab El Deeb, Le paysan éloquent des temps modernes.

Objectif visé : l’auto-suffisance alimentaire, en moins de deux ans, par la relance de la production de céréales en Egypte. Enfin, le premier syndicat paysan indépendant est en cours de création. A lire : Un moment historique : une femme égyptienne paysanne reçue au Cabinet, (en anglais)

•Plus d’informations sur les paysans dans la prochaine lettre

* Les événements de Sol ont éclaté il y a 40 jours, quand des Salafistes du village de Sol, au sud du Caire, ont démoli une église, sans que l’armée ne les en empêche. Protestant contre cet acte, des chrétiens habitant le quartier informel de Mancheyet Nasser, situé sur les collines de la Moqattam, à l’est du Caire, ont organisé des manifestations en coupant la circulation sur le boulevard périphérique. L’armée a tiré et tué 17 personnes.