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Sous occupation ou pas

C’est au peuple palestinien de choisir et à lui seul

Démocratie directe et surmontant les obstacles

mardi 17 janvier 2006

Le Hamas à 30 %
( mardi, 17 janvier 2006 )

Leur première apparition publique leur a été fatale. Trois des six candidats du Mouvement de résistance islamique (Hamas) aux élections législatives palestiniennes ont été arrêtés par la police israélienne à Jérusalem-Est, dimanche 15 janvier, alors qu’ils quittaient l’esplanade des Mosquées et s’apprêtaient à tenir une conférence de presse.

Peu avant, le gouvernement israélien, réuni pour la première fois autour du premier ministre par intérim Ehoud Olmert et réduit à sept ministres appartenant tous au parti fondé par Ariel Sharon, Kadima, avait confirmé l’autorisation, pour les habitants de la partie orientale de la ville, annexée et occupée depuis 1967, de voter, le 25 janvier, dans cinq bureaux de poste de Jérusalem. Les autorités israéliennes ont également réaffirmé avec force leur refus de voir des candidats du Hamas, considéré par elles comme une organisation terroriste, mener campagne dans la Ville Sainte.

Cheikh Mohammed Abou Ter, habitant de Jérusalem-Est et numéro deux sur la liste nationale du Hamas, baptisée pour l’occasion Réforme et changement, ne se faisait guère d’illusions. Rencontré en fin de semaine dernière à son domicile, dans un faubourg de Jérusalem, le quinquagénaire, qui a passé vingt-cinq ans dans les geôles israéliennes, s’attendait « à payer le prix » de sa participation aux élections. « Nous ne reconnaissons pas le pouvoir de l’occupant ; nous n’avons donc pas à respecter ses ordres », déclarait le dirigeant islamique, reconnaissable à sa longue barbe teintée au henné, posée sur une cravate de notable. Entouré de deux autres candidats, tout aussi déterminés que lui à participer à la campagne, il entendait prouver « au monde entier que Jérusalem est une ville occupée ».

Il n’est pas sûr que ces arrestations en série - au total près d’une trentaine de candidats du Hamas ont été emprisonnés depuis quelques semaines en Cisjordanie - atteignent le but escompté par les Israéliens et détournent les électeurs du mouvement islamique. Selon les sondages, le Hamas obtiendrait plus de 30 % des suffrages, soit des résultats équivalents à ceux du Fatah, le parti au pouvoir.

« Que les Israéliens le veuillent ou non, nous allons entrer au Parlement palestinien », assurait M. Abou Ter avant son arrestation. « Et les noms de nos candidats seront inscrits sur les bulletins de vote, y compris à Jérusalem, sinon les élections seront annulées », insistait Abou Youssef, le nom d’emprunt du « coordinateur » de la liste à Jérusalem.

Réputé pour son rejet de toute négociation avec Israël, sa condamnation des accords d’Oslo et son refus de reconnaître le droit à l’existence de l’Etat hébreu, le Hamas affiche désormais quelques nuances. Ses représentants n’hésitent plus à se référer aux résolutions internationales pour étayer leur programme. "La Palestine (historique) est certes un « waqf », un bien musulman, mais nous devons faire face à de nouvelles circonstances (l’existence d’Israël)", reconnaissait M. Abou Ter, avec quelques précautions. Son collègue, Mohammed Touta, numéro un sur la liste de Jérusalem, également interpellé dimanche, se montrait plus direct. « Nous sommes dans une période de longue trêve. Celui qui, aujourd’hui, parle de libérer toute la Palestine n’est pas sain d’esprit », assénait ce professeur de droit administratif. Une manière de reconnaître que le combat du Hamas, qualifié de « résistance », concernerait uniquement la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est.

Sur un dialogue avec Israël, le Hamas s’en remet aux Israéliens. « Pour l’instant nous n’avons pas de partenaire sérieux. Regardez ce qui s’est passé à Gaza, c’est la résistance qui a chassé les Israéliens, pas la négociation. Mais s’ils deviennent partisans du dialogue, nous sommes prêts à parler avec eux », assuraient les candidats islamiques, officiellement ostracisés par Israël et la communauté internationale.
Si, dans le discours tout au moins, le Hamas évolue, il n’a pas pour autant abandonné ses principes islamiques. « Nous tenons notre légitimité de Dieu et il est des principes fondamentaux auxquels nous ne renoncerons pas. Le peuple palestinien a beaucoup souffert ces dernières années, nous voulons le renforcer et reconstruire le front intérieur. Nous allons combattre la corruption, ramener la sécurité et promouvoir l’égalité », énumérait M. Touta, tout en rappelant le slogan de la campagne : « Notre histoire est blanche, nos mains sont propres et notre chemin est droit. »

Depuis quelques jours, le Hamas a multiplié les réunions électorales en Cisjordanie et aux abords de la Ville Sainte. Il semble exclu que le mouvement puisse en faire autant à Jérusalem.

Stéphanie Le Bars, Le Monde du 17 janvier 2006
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=2780