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Deuxième séance du Tribunal Russell sur la Palestine (TRP),

Palestine : Légitimer la résistance

Mardi, 16 novembre 2010 - 6h46 AM

mardi 16 novembre 2010

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Du 20 au 22 novembre aura lieu la 2ème séance du Tribunal Russell sur la Palestine (TRP), inspiré du célèbre tribunal des années 60 sur la guerre au Vietnam (voir cadre).

La responsabilité de la banque Dexia dans l’occupation israélienne sera examinée.

Pierre Galand, président de l’Association Belgo-Palestinienne, et un des initiateurs du TRP, a bien voulu nous en dire plus.
LUC VANCAUWENBERGE

Pourquoi ce tribunal Russel sur la Palestine ?

En 2000, le Secrétaire général de l’ONU a demandé un avis motivé à la Cour Internationale de Justice (CIJ) à La Haye concernant la construction du mur en Palestine par les Israéliens. En juillet 2004, la Cour émet son avis, adopté par 14 des 15 juges. Seul le juge américain s’abstient, il ne vote même pas contre. Le secrétaire général de l’ONU soumet cet avis à l’assemblée générale de l’ONU qui l’adopte à une très large majorité, y compris par les pays européens. La résolution adoptée par l’ONU demande le démantèlement du mur mais aussi l’indemnisation des Palestiniens victimes de la construction du mur. L’avis de la Cour est accompagné d’un rapport avec des analyses précises sur la violation du droit international et humanitaire par Israël. Mais ensuite, plus rien. Aucune mesure n’est prise ni par l’UE ni par les USA. Au contraire, le mur s’allonge, on construit également des murs autour de Gaza, Jérusalem et des check-points impressionnants. Israël instaure un blocus inhumain à l’égard de la population de Gaza. Des citoyens engagés ont alors décidé de relancer un « tribunal d’opinion ».

Et pourquoi reprendre le concept du tribunal Russell qui date de la guerre du Vietnam ?

A l’époque, les travaux du tribunal Russell ont constitué un véritable progrès en droit, notamment en matière d’usage de défoliants. Le tribunal a légitimé la résistance contre la guerre, ce qui a encouragé les objecteurs de conscience à refuser d’aller se battre au Vietnam. Avec un impact important.

Il nous faut aujourd’hui un évènement du même ordre d’importance. Un tribunal Russell aujourd’hui servira à légitimer la résistance de Palestiniens comme d’Israéliens contre la guerre coloniale menée par Israël. A légitimer la résistance de tous les citoyens dans le monde contre la politique israélienne et qui se font aujourd’hui accuser d’antisémitisme.

Israël a des responsabilités, c’est un État voyou. Mais à quoi cela sert-il de le répéter ? Israël n’est qu’un petit pays, s’il peut faire tout cela en toute impunité, c’est parce qu’il bénéficie de complicités. C’est le cœur même de notre action d’éclairer ces différentes complicités. Ce n’est pas un tribunal pour la Palestine mais sur la Palestine.

En quoi consistent les travaux du TRP ?

Nous avons eu une première session en mars 2010 à Barcelone, sur la complicité de l’Europe. Barcelone, car c’est dans cette ville qu’ont été signés à partir de 1995 les accords d’association entre l’UE et les pays méditerranéens, notamment avec Israël.

Nous avons envoyé le rapport de conclusions de Barcelone à tous les responsables politiques européens. Au début, c’était le silence. Puis certains nous ont remercié assurant que cela facilite drôlement leur travail.

La seconde session du TRP sera consacrée à la responsabilité des entreprises dans les violations des droits humains et du droit international humanitaire par Israël. On y traitera notamment du cas belge Dexia

Oui, c’est très important. A l’époque de l’apartheid en Afrique du Sud, les actions contre les banques étaient un axe essentiel pour sensibiliser les gens en les faisant réfléchir sur ce qu’on fait avec leur argent.

Aujourd’hui, l’action lancée par l’association intal contre Dexia est très importante. Tout comme celle contre les grandes surfaces contre les produits israéliens.

Avec notre action aujourd’hui, nous voulons légitimer l’action des citoyens là ou les États sont défaillants.

Ne craignez-vous pas d’être traité d’antisémite ?

Israël est un État comme un autre, il n’y a rien d’antisémite dans notre action. Lorsque nous nous opposions à l’apartheid on était contre un système, pas contre l’Afrique du Sud.

Quels seront les autres moments clés après cette session ?

En 2011, nous prévoyons une session en Afrique du Sud. Le thème sera l’applicabilité des crimes d’apartheid à Israël. L’apartheid a été qualifié par l’ONU de crime contre l’humanité, comme les crimes de guerre et de génocide.

Ensuite, nous prévoyons une session aux USA pour examiner les responsabilités d’une part des États-Unis et d’autre part de l’ONU.

Pourquoi ce combat est-il si important pour vous ?

Israël est une espèce de porte-avion pour protéger nos intérêts, occidentaux, dans la région. Et au nom de la défense de nos intérêts, Israël aurait l’autorisation de violer le droit ? On ne pourra construire un ensemble méditerranéen sans résoudre ce problème. La Palestine est comme la reliure d’un livre pour l’ensemble méditerranéen.

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Tribunal Russel

En 1966, la guerre au Vietnam fait rage. Les États-Unis sont accusés de crimes de guerre. C’est alors que le savant et philosophe britannique Bertrand Russell et l’écrivain et philosophe français Jean-Paul Sartre lancent l’initiative d’un tribunal citoyen chargé d’examiner les crimes commis au Vietnam par les États-Unis. Cette initiative militante et symbolique a eu un retentissement mondial.

Le Tribunal Russell sur la Palestine (TRP) est lancé sur le même modèle. Des personnalités de premier plan ont prêté leur collaboration ou soutien : Stéphane Hessel, ambassadeur de France et co-rédacteur de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1948, François Maspero, écrivain et ex-éditeur français, Boutros Boutros-Ghali, ex-secrétaire égyptien des Nations unies, Ahmed Ben Bella, ex-président algérien, Luisa Morgantini, ex-vice-présidente du Parlement européen, le réalisateur Costa-Gavras, l’ex-footballeur Éric Cantona, l’historien israélien Ilan Pappé, ou encore le sociologue Jean Ziegler. Le TRP a été créé suite à l’absence de suite réservée à l’avis du 9 juillet 2004 de la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant la construction, par Israël, d’un mur en territoire palestinien occupé.

Les conclusions de la première session sont disponibles sur http://www.russelltribunalonpalestine.org