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APPEL DE LA SOCIETE CIVILE EUROPEENNE AU PARLEMENT EUROPEEN
Afrique-du-Sud mémorial
mardi 16 novembre 2004
Les Etats-Unis, Israël et l’Europe par Pascal Boniface
in L’Economiste Maghrébin (bimensuel tunisien) du mercredi 27 octobre 2004
Un document supposé être confidentiel, élaboré par le Centre de recherche politique du ministère israélien des Affaires étrangères a fait l’objet de fuites.
Curieusement, ce document n’a pas été extrêmement commenté. Pourtant, son contenu est véritablement explosif et remet profondément en cause la politique actuelle du gouvernement israélien.
Aujourd’hui, ce dernier se montre insensible au sort des Palestiniens et n’a aucune volonté de mettre en place une véritable paix avec eux.
Le gouvernement Sharon estime qu’un retrait unilatéral de la seule bande de Gaza suffit à lui faire gagner du temps pour sa politique de fait accompli en Cisjordanie. Il sait que la communauté internationale condamne le maintien de l’occupation des territoires palestiniens et l’accroissement de la répression. Mais il compte surtout sur la protection absolue des États-Unis pour ne tenir aucun compte des demandes des pays européens et arabes de respecter ses engagements et le droit international.
Or, selon le document du Centre de recherche politique, cette stratégie conduit clairement Israël dans une impasse.
Les auteurs du rapport estiment que l’État hébreu pourrait à terme entrer en confrontation avec l’Union européenne et devenir un véritable État-paria comme le fut l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid, si le conflit avec les Palestiniens n’est pas résolu de façon satisfaisante et juste.
L’analyse du Centre de recherche politique réside sur leur vision d’une Europe qui va devenir de plus en plus un acteur majeur au niveau global dans les dix prochaines années, alors que parallèlement, les États-Unis qui sont le principal allié d’Israël vont à terme perdre de leur influence internationale.
Si les 25 pays membres de l’Union dépassent leur division interne, et parlent d’une seule voix, leur influence globale pourrait s’accroître considérablement et correspondre plus à leur puissance économique.
Jusqu’ici, l’Europe est divisée sur les C’est certainement le message que le ministre des Affaires étrangères français, Michel Barnier a voulu faire passer à Ariel Sharon lors de la visite qu’il a effectuée les 18 et 19 octobre.
L’Europe ne peut plus être considérée au Proche-Orient et ailleurs comme un supermarché qui distribue des chèques.
L’Union européenne n’acceptera pas d’être cantonnée dans un rôle de soutien financier ou technique, a t-il dit lors d’une conférence de presse. « Elle a un rôle à jouer pour la stabilité du Proche et du Moyen-Orient et elle veut le jouer, nous voulons être un acteur politique ».
Il y a deux ans, devant la dégradation de la situation dans les territoires occupés, le Parlement européen avait demandé la suspension de l’accord commercial entre l’Union européenne et Israël.
Faut-il rappeler que l’Europe est le principal partenaire commercial d’Israël ?
40% des importations d’Israël viennent de l’Union européenne qui absorbent 30% de ses exportations.
L’Europe a en fait, si elle le souhaite, les moyens de se faire entendre par Israël. Si elle n’a pas la puissance stratégique des États-Unis, sa force commerciale et économique lui permet de se faire entendre.
Elle ne pourra rester trop longtemps dans une attitude attentiste car les Européens sont convaincus que la poursuite du conflit israélo-palestinien est l’une des sources majeures du terrorisme.
La morale et le réalisme politique se rejoignent donc pour que tout soit fait le plus rapidement possible pour le règlement pacifique et juste de ce conflit.
sujets de politique étrangère comme elle le fut par exemple sur la guerre d’Irak. Au cas où elle fasse entendre sa voix de façon plus unique, l’Europe pourrait demander à Israël un plus grand respect des conventions internationales et lui demander de limiter sa liberté d’actions dans le conflit avec les Palestiniens, prédirent les chercheurs du ministère israélien des Affaires étrangères.
Israël pourrait également payer le prix d’une plus grande compétition entre les États-Unis et l’Union européenne. Si l’Union européenne et Israël ont des relations profondes et étroites dans le domaine du commerce et de la recherche scientifique, ils ont des opinions très différentes concernant les Palestiniens.
Jusqu’ici Israël a réussi à tenir l’Europe en dehors du volet stratégique et a préféré construire une alliance unique avec les États-Unis.
Mais mettre tous les oeufs dans le panier américain pourrait conduire à un isolement d’Israël.