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OPINION (in french and in english ) (ndlr)

Quelques réflexions sur le récent échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah

par Khalid Amayreh

samedi 19 juillet 2008

Le dernier échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah donne l’indication, encourageante, que certains Arabes commencent à comprendre l’état d’esprit dépravé des sionistes, et à agir en conséquence. Cet état d’esprit a pour fondements l’arrogance, l’insolence, et un profond sentiment de supériorité ethnique et religieuse.

Israël, un pays dont la mentalité collective considère les non-Juifs comme des êtres humains de catégorie inférieure, a dû faire face à un nouvel ennemi, un adversaire qui ne se laisse pas impressionner par la brutalité écrasante, mais qui affronte le terrorisme d’état d’Israël avec fermeté, ténacité, courage, et clairvoyance.

C’est là une nouvelle réalité qu’il reste encore aux israéliens, et tout particulièrement aux dirigeants israéliens, à accepter, surtout psychologiquement.

C’est ce qui explique le profond découragement qui apparaît dans la tonalité des réactions des dirigeants israéliens au récent accord d’échange, particulièrement en face du fait qu’Israël a été contraint de relâcher le combattant de la résistance libanaise Samir Kuntar.

Israël, qui a complètement effacé de sa mémoire ses propres meurtres innombrables, en est venu à considérer Kuntar comme le prototype du terroriste ultime, comme si les dizaines de milliers de meurtriers et de terroristes Juifs, qui ont du sang innocent sur les mains, étaient les anges du Seigneur venus apporter l’amour et la pitié.

En réalité, si Israël était un état normal, et son peuple un peuple normal, il aurait adopté une attitude honnête et juste envers ses voisins, une attitude qui ne ferait pas de discrimination entre « sang et sang », entre « vie et vie ».

Assurément, une telle approche aurait sauvé des milliers de vies, Juives et Arabes, et épargné à la région et à ses peuples des décennies de chagrin et de souffrance.

Mais alors le Sionisme perdrait la face, comme son esprit et son coeur, et se transformerait en quelque chose d’entièrement différent.
Malheureusement, il est sans doute futile de prêcher la morale au Sionisme, un mouvement manifestement démoniaque qui, l’expérience le prouve, est incapable de se conduire de manière morale et humaine.
Eh bien, examinons quelques unes des déclarations et des remarques des dirigeants sionistes à propos du récent accord d’échange avec le Hezbollah.

Shimon Peres, "le héros du massacre de Qana en 1996", qui est maintenant président de l’état d’Israël, aurait dit « Ce n’est pas que nous voulions que des meurtriers sortent libres, mais nous avons l’obligation morale de ramener à la maison les soldats que nous avons envoyé défendre leur pays. »

Peres aurait encore déclaré « mon coeur est déchiré par la décision de gracier Kuntar », ajoutant que sa décision à cet effet « ne constituait en aucune manière un pardon. »

Personne assurément, Arabe ou non, n’est particulièrement en extase devant ce qu’a fait Kuntar en 1979, bien que l’armée israélienne, ce jour là, ait été au moins partiellement responsable de la mort, donnée par la résistance Libanaise, de trois israéliens, dont un policier paramilitaire, un homme et sa fille.

Ces trois vies, comme celles de nombreuses autres victimes, Arabes et Juives, auraient été épargnées si l’insolente direction militaire israélienne s’était comportée autrement.
Après tout, Kuntar, comme ses amis qui ont été tués au cours de l’opération de récupération, n’était pas venu en Israël dans le but de verser le sang, mais afin d’obliger Israël à relâcher des prisonniers Arabes.

Néanmoins, on est amené à poser des questions difficiles, des questions que la plupart des Israéliens n’ont pas envie d’entendre, et auxquelles ils ont encore moins envie de répondre : lorsqu’elles leurs sont posées, ou bien ils cherchent quelque échappatoire, ou bien ils essayent de chicaner et de tergiverser.

Qui a tué le plus de gens innocents, Shimon Peres ou Samir Kuntar ? Qui a le plus de sang, et de sang des enfants, sur les mains, Shimon Peres ou Samir Kuntar ? Qui a infligé le plus de terreur, de souffrance, de mort, à des gens innocents, Shimon Peres ou Samir Kuntar ?
Si l’honnêteté doit finalement arbitrer entre les hommes, alors on ne peut échapper à la conclusion inévitable que ce sont des meurtriers de masse comme Peres, Ariel Sharon, et d’autres dirigeants israéliens, morts et vivants, qui ont vraiment besoin d’être pardonnés pour leurs horribles crimes contre l’humanité.
En fait, il faut rappeler aux israéliens, à cette occasion,qu’un poste présidentiel, un job avec une cravate, la possibilité de parler dans d’autres langues que la sienne, des bribes de discours à la tonalité éloquente, de fréquenter les hommes d’état et les VIP de partout dans le monde, ne transforment pas vraiment un criminel en un véritable être humain.
Un criminel reste un criminel, tout particulièrement s’il refuse d’assumer ses crimes et de présenter des regrets à ses victimes. Est-il besoin de dire que Peres n’a rien fait de tout cela ?
Bon, mais les criminels ne se préoccupent pas de leurs crimes.
Une vieille dame interviewée par le Ha’aretz a critiqué le Haezbollah pour avoir refusé jusqu’au tout dernier moment de dire si les 2 prisonniers israélien étaient morts ou vivants.
« C’est le jour le plus triste pour Israël. Ils nous ont laissé attendre jusqu’à la dernière seconde pour connaître le sort de nos fils, » a dit cette femme.
J’éprouve certainement de la sympathie pour cette femme, au niveau personnel. Cependant, je suis bien obligé de demander à la dame Juive si elle pense que des vies Juives valent plus que des vies non-Juives.
J’aimerais lui demander ce qu’elle a à dire aux mères, aux familles, aux parents des milliers de prisonniers Arabes qui languissent dans les cellules sombres, souterraines, des prisons israéliennes, depuis 1967 ?
Nous parlons de prisonniers de guerre et de « disparus au combat », et d’autres gens ordinaires dont les familles n’ont aucune possibilité de savoir si ceux qui leurs sont chers sont vivants ou morts. Est-ce que ces « prisonniers oubliés » ne sont pas, eux aussi des êtres humains ? Sont-ils les enfants d’un Dieu inférieur ?
Malheureusement, la plupart des israéliens, profondément concentrés sur eux-mêmes à l’exclusion de tout le reste, n’aiment pas que ces questions leur soient posées, car ils craignent qu’elle ne mettent en lumière leurs complexes de supériorité et leur psychose collective.
Finalement, le dernier échange de prisonniers montre qu’Israël ne comprend que le langage de la froide realpolitik qui est, par définition, immoral et coercitif.
Pour les Palestiniens, qui ont plus de 10 000 des leurs qui languissent dans des camps de concentration israéliens, le message est très clair : si vous voulez qu’Israël relâche ceux que vous aimez, prenez des otages israéliens et échangez-les contre les prisonniers Palestiniens.

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et voici le texte en anglais

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Palestine Think Tank

Free Minds for a Free Palestine

Khalid Amayreh - Reflections on the Israel-Hezbollah Prisoner Swap Deal

By Khalid Amayreh • Jul 17th, 2008 at 7:38

The latest prisoner swap deal between Israel and Hezbollah is a healthy indicator that at least some Arabs are beginning to understand the depraved Zionist mentality, and act accordingly. Such mentality is based on arrogance, insolence, and religious and ethnic superiority.
Israel, a country whose collective mindset views non-Jews as virtual animals or at least lesser human beings, had to face a new enemy, an enemy that will not be scared by overwhelming brutality, but one that will meet Israel’s state terror with toughness, resilience, valor and defiance.
This is a new reality that Israelis, especially Israeli leaders, have yet to come to terms with, especially psychologically.
This explains the deep frustration that is apparent in the tone of Israeli leaders reacting to the latest swap deal, especially the fact that Israel has been forced to release the Lebanese guerilla Samir Kuntar.
Israel, utterly ignoring her own countless murderous sins, has come to view Kuntar as the prototype of the ultimate terrorist - as if the tens of thousands of Jewish murderers and terrorists who have enormous amounts of innocent blood on their hands were the Lord’s angels of love and mercy.
Indeed, if Israel were a normal state, and its people a normal people, it would have adopted an honest and just approach toward its neighbors, an approach that would not discriminate between “blood and blood” and “life and life.”
Undoubtedly, such an approach would have saved thousands of lives, Jewish and Arab, and spared the region and its peoples decades of pain and suffering.
But then Zionism would be losing its face, mind and heart, and would morph into something entirely different.
Unfortunately, it is probably futile to preach morality to Zionism, a manifestly demonic movement which experience shows is not capable of behaving morally and humanely.
Well, let us examine some of the statements and remarks Zionist leaders have been making with regard to the latest swap deal with Hezbollah.
Shimon Peres, the hero of the Qana massacre of 1996, who is now Israel’s President, has been quoted as saying that “We don’t want murderers to go free, but we have a moral obligation to bring home soldiers whom we sent to defend their country.”
Peres also reportedly said that “my heart is torn over the decision to pardon Kuntar,” adding that his decision to that effect “in no way constituted forgiveness.”
Certainly no one, Arab or otherwise, is particularly infatuated with what Kuntar did in 1979, although the Israeli army then was at least partially responsible for the killing by the Lebanese guerilla of three Israelis, including a paramilitary policeman, a man and his daughter.
The three lives, like numerous other victims, Arab and Jewish, would have been spared had the insolent Israeli military establishment behaved wisely.
After all, Kuntar, and his friends who were killed in that rescue operation, didn’t come to Israel to kill and shed blood but to force Israel to release Arab prisoners.
Nonetheless, one is prompted to ask difficult questions, questions that most Israelis don’t like to hear - let alone answer, but when confronted with them, they either seek to evade or prevaricate and quibble in their answers.
Who has killed more innocent people, Shimon Peres or Samir Kuntar ? Who has more blood, including children’s blood, on his hands, Shimon Peres or Samir Kuntar ? Who has inflicted more terror, suffering and death upon innocent people, Shimon Peres or Samir Kuntar ?
If honesty is to be the ultimate arbiter among men, then one can’t escape the inescapable conclusion that it is mass murderers like Peres, Ariel Sharon and other Israeli leaders, dead or living, who really need forgiveness for their horrible crimes against humanity.
In fact, Israelis should be reminded on this occasion that a Presidential post, a business suit with a necktie, and the ability to speak eloquent sound-bites in several languages and have audience with statesmen and VIPs from around the world, doesn’t really transform a criminal into a true human being.
A criminal is a criminal especially if he refuses to come to terms with his crimes and if he refuses to apologize to his victims. Needless to say, Peres has done neither.
But then criminals are not concerned about their sins.
One elderly Israeli woman interviewed by the Ha’aretz newspaper lashed out at Hezbollah for having refused until the very last moment to tell if the two Israeli prisoners were dead or alive.
“It’s the saddest day for Israel. They kept us waiting until the last second to learn the fate of our sons,” the woman was quoted as saying.
I certainly sympathize with the woman at the personal level. However, I would want to ask the Jewish lady why she thought that Jewish lives were worth more than non-Jewish lives ?
I also would like to ask her what she would tell the mothers, families and relatives of thousands of Arab prisoners who have been languishing in Israel’s dark, underground dungeons since 1967 ?
We are talking about POWs and MIAs and other ordinary people whose families have no way of knowing if their beloved ones are dead or alive. Aren’t these “forgotten prisoners” human beings, too ? Are they children of a lesser God ?
Unfortunately, most Israelis, thoroughly self-absorbed and self-centered, don’t like to be asked such questions lest their superiority complexes and collective psychosis be exposed.
Finally, the latest prisoner swap shows that Israel only understands the language of cold realpolitik which is by definition immoral and coercive.
For Palestinians, who have more than 10,000 of their beloved ones languishing in Israeli concentration camps, the message is very clear : If you want to get Israel to release your beloved ones, take Israeli hostages and swap them for the Palestinian captives.