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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Mercredi, 7 mai 2008

mercredi 7 mai 2008

nombre d’entrées : 7

Envoyé le 06/05/08

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53101

Le FPLP : l’échec du sommet Abbas-Olmert montre l’inutilité des négociations actuelles

Le porte-parole du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) a souligné l’échec des négociations inutiles lors de la dernière rencontre, lundi 5/5, entre le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le premier ministre de l’entité sioniste, Ehud Olmert.
Le porte-parole du front populaire a affirmé dans sa déclaration de presse dont le centre palestinien a reçu une copie, que ces rencontres sont les résultats des négociations et des réunions qui ignorent la loi internationale autant que le droit des gens ainsi que les constantes nationales inviolables (le retour des réfugiés palestiniens, l’autodétermination, l’état palestinien indépendant et sa souveraineté dont sa capitale Al Qods).

Il a insisté que ces droits légitimes du peuple palestinien ne peuvent pas être satisfaits tant que les Etats-Unis américains dominent la politique mondiale en soutiennent uniquement les objectifs et les agendas de l’entité sioniste.

Ce dirigeant palestinien a fortement stigmatisé le rôle joué par le comité international, le Quartet, qui se dérobe devant ses responsabilités et se montre totalement inefficace face aux crimes incessants des autorités sionistes, tels les assassinats, les massacres, le nettoyage ethnique, la poursuite de la colonisation, les confiscations de terres agricoles, la judaïsation des lieux saints …

Il a confirmé l’opposition du FDLP aux négociations inutiles et honteuses menées par les leaders de l’autorité palestinienne avec les occupants sionistes, tout en soulignant que la direction américaine continue de profiter de ces entretiens pour réaliser ses projets, politiques, économique et sécuritaires, ainsi que les projets de son partenaire sioniste dans la région, au dépend des droits légitimes des peuples arabes.

Le porte-parole du FDLP a appelé la direction de l’autorité palestinienne, le comité exécutive de l’OLP et toutes les forces du peuple palestinien, politiques et sociales à se mobiliser, immédiatement, pour mettre fin aux politiques et pratiques sionistes dangereuses contre les droits du peuple palestinien et sa nation, devant le monde entier, et le silence officiel des milieux officiels au niveau international, régional et arabe.
 
Il a souligné que les autorités sionistes intensifient leurs crimes contre les palestiniens, au moment où elles s’apprêtent à commémorer le 60ième anniversaire de leur occupation des terres palestiniennes en 1948, après l’expulsion des habitants originaires par la force ainsi que la complicité des puissances internationales.
Il a appelé notamment l’autorité palestinienne à condamner fermement toute participation internationale à cette commémoration, en qualifiant les participants de racistes et de côtés qui sont loin des valeurs démocratiques ou des droits de l’homme.
 
Enfin, il a appelé le groupe de Ramallah à mettre un terme à toutes sortes d’entretiens, contacts ou négociations inutiles avec les occupants sionistes, en exigeant une protection au peuple palestinien sous la protection de l’ONU, tout en appelant à l’organisation d’un congrès international pour garantir l’exécution des décisions internationales en présence de tous les côtés liés et concernés par la question palestinienne.

[commentaires : comment ne pas être totalement d’accord ?]

Gaza - CPI - 06/05/2008 - 13:15

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7RzFYhR8fOzMHBUitWYHa6MF3HDXOgI9p%2blvsTOZXot243Kj21%2fxV%2fqSbcc3cW2hHonILlVmBG3XtDAktYuME3EBdE2KjnfRJZyKUH6Cbc5Y%3d

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53102

L’ancien Secrétaire Général de l’ONU réaffirme l’hostilité profonde des peuples arabes à l’occupation

Le Dr. Boutros Ghali, ancien secrétaire général de l’ONU et chef du conseil national des droits de l’homme en Égypte, a déclaré que les pratiques oppressives de l’occupation dont les confiscations des terres, la construction coloniale très étendue et les agressions des colons ont enflammé ce que certains appellent « le terrorisme palestinien » (la résistance nationale), tout en soulignant que l’occupation sioniste paralyse toute initiative pour parvenir à une solution pour la crise et la misère imposée contre les palestiniens.

Dans son article trimestriel de la dernière édition du journal, « la politique internationale », publiée au centre des études politiques et stratégiques d’Al Ahram, Ghali a attiré l’attention que les échecs continuels pour ceux qui tentent à réaliser une solution à la question palestinienne et les tragédies incessantes du peuple palestinien, au lieu d’appuyer le processus de paix, à intensifier l’hostilité contre l’occupation sioniste dans la région.

Dans son article intitulé, « les racines du conflit et l’avenir de la paix », ce responsable international a montré que les peuples arabes éprouvent une grande hostilité contre l’occupation sioniste à cause de ses politiques détestables, honteuses et indignes, au moment où les arabes ressentent qu’ils sont incapables d’aider leurs frères palestiniens.
Il a souligné qu’au moment où le langage du dialogue est devenu à peu près inaudible faible et que l’éclat des balles est devenu si fort, on ne voit à l’horizon aucune solution sérieuse et générale pour les palestiniens.

« La continuation des activités coloniales représente un obstacle insurmontable à tout arrangement de paix », a–t-il ajouté.
« Le retrait de l’occupation de Gaza n’a aucune valeur si les palestiniens sont obligés d’avoir une permission des occupants pour entamer des contacts entre Gaza et la Cisjordanie, en empêchant la construction d’un port ou d’un aéroport », a déclaré Boutros Ghali.

[commentaire : et Boutros Ghali est un modéré (un vrai), un homme de paix entre tous...]

Le Caire - CPI - 06/05/2008 - 13:10

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7397gV88dknALRibw1%2b6wijjkOha3r3m3ewQvaWBezxt29FLQEsxr0WDDpg%2bN6uEbNAeBaFudq3I%2fGftEWWNFdQWtThLiuBtuBj5Vir4y8Fc%3d

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53103

L’occupation envahit la maison du député Salhab et enlève son fils et le mari de sa fille

Les forces de l’occupation ont encerclé, aujourd’hui à l’aube mardi 6/5, la maison du député captif, Dr. Azzam Salhab dans la ville d’Al Khalil, au sud de la Cisjordanie, en arrêtant son fils et le mari de sa fille.

Des sources locales ont déclaré que trois blindés de l’armée d’occupation israélienne ont encerclé la maison du député Salhab de tous les côtés et ont arrêté son fils.

L’épouse du député Salhab a déclaré que les forces d’occupation ont encerclé la maison, puis les soldats sionistes ont lancé des pierres sur les fenêtres et les portes de la maison pour réveiller ses habitants.
Les soldats sionistes ont ordonné les habitants de quitter la maison et ont saccagé l’intérieur avant d’enlever son fils, Nouman, et de l’emmener vers une direction inconnue.

On rappelle que le député Azzam Salhab a été enlevé par les forces occupantes il y plus de trois ans.

Dans le même contexte, d’autres unités ont encerclé la maison de Bilal Al-Moutasseb, le mari de la fille du député Salhab en l’arrêtant également.

Les forces d’occupation avaient arrêté deux citoyens palestiniens inconnus dans la ville d’Al Khalil en les emmenant vers une direction inconnue.

Al Khalil – CPI - 06/05/2008 - 12:40

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7WIiXCENt%2f4xkYpEEZCwVRue7BWnrU0lkk5HH8WHztbI5PpGUPhOvlwYRVeOE4kz%2bWnF505VIpj6u7dsoZEHcxWRUK2DU0ZuistY9DsiVjUs%3d

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53104

L’occupation envahit Naplouse et fait exploser deux maisons dans la vieille ville

Les forces d’occupation sionistes ont envahi, la nuit dernière, la ville de Naplouse au nord de la Cisjordanie, et elles ont effectué une opération militaire dans la vieille ville, en faisant sauter deux maisons.
Des témoins oculaires ont déclaré qu’une force sioniste appuyée par plus de vingt chars, a envahi la ville de Naplouse à travers la région de Tour et a encerclé le quartier d’Al-Yassamina en lançant des grenades assourdissantes.

Plusieurs blindés militaires sionistes se sont déployés dans la rue de l’université d’Al-Najah, en transformant plusieurs maisons en postes militaires.

Les témoins ont ajouté qu’une force spéciale de l’armée d’occupation s’est infiltrée dans la vieille ville de Naplouse en faisant sauter deux maisons Palestiniennes.

Les forces d’occupation ont été accrochées par les jeunes et les enfants palestiniens qui ont lancé des pierres sur les soldats sionistes.
On croit que cette opération sioniste dans la ville de Naplouse visait à arrêter un résistant palestinien.

Naplouse – CPI - 06/05/2008 - 12:24

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7r1WcE6ZWdniU0D7QpjlrNbS9%2bQhAadbFgtNv9iyQqgPBXF340NR1ZFLNLps6PAGrD6nwk0rXjgEnm9caKHU2VT9sIOf6D8frol8MG%2fHdUpk%3d

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53105

L’ambassadeur de l’Union Européenne constate l’échec du blocus pour isoler le mouvement du Hamas

L’ambassadeur de l’Union Européenne, Ramiro Cibrian Uzal, a constaté l’échec du sévère blocus sioniste imposé contre la bande de Gaza depuis plus de onze mois successifs pour isoler le mouvement du Hamas et obliger les habitants de Gaza à se soulever contre le mouvement.
L’ambassadeur de l’UE à l’entité sioniste,Ramiro Cibrian Uzal, a déclaré, hier lundi 5/5, dans ses déclarations de presse que la communauté internationale a échoué dans sa politique contre la Bande de Gaza, où elle n’a pas pu isoler le mouvement du Hamas.

Ozal a appelé au changement de cette politique internationale contre Gaza et à l’ouverture des passages pour faire entrer les vivres, les marchandises et les aides humaines.

Le responsable européen estime que les trois conditions du Quartet contre Hamas ne doivent pas être imposées pour l’ouverture des passages.

Le blocus sioniste a fait de la Bande de Gaza habitée par plus d’un million et demi de citoyens palestiniens, la plus grande prison à ciel ouvert dans le monde.

Al-Qods occupée – CPI - 06/05/2008 - 13:14

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53106

Deux balles droit dans l’entrejambe...

« Tout ce que le carreleur Sami Houatra voulait, c’était rentrer chez lui, au sud du Mont Hébron, après avoir quitté son travail dans la localité [israélienne] de Meitar. Un soldat de l’armée israélienne a tiré sur lui, deux balles, sans raison apparente. Il est resté étendu, perdant son sang une heure durant avant de recevoir des soins. A l’hôpital de Soroka, on l’a gardé menotté pendant plus d’une semaine. »

Un soldat de l’armée israélienne a tout à coup surgi d’entre les arbres
Gideon Lévy Haaretz, 25 avril 2008

Tout ce que le carreleur Sami Houatra voulait, c’était rentrer chez lui, au sud du Mont Hébron, après avoir quitté son travail dans la localité [israélienne] de Meitar. Un soldat de l’armée israélienne a tiré sur lui, deux balles, sans raison apparente. Il est resté étendu, perdant son sang une heure durant avant de recevoir des soins. A l’hôpital de Soroka, on l’a gardé menotté pendant plus d’une semaine. Un mois et demi plus tard, il a encore des difficultés à tenir debout.

A la fin de la journée, au bout d’une semaine de travail, au terme de deux semaines éreintantes, le carreleur Sami Houatra a pris le chemin de la maison. Sami rénove des villas de Juifs dans la localité

communautaire de Meitar, se cache comme un chien dans la localité bédouine de Houra, toute proche, passe la nuit dans un conteneur et, une fois toutes les deux ou trois semaines, il s’en retourne clandestinement chez lui, dans le village de Wadi a-Shajana, au sud du Mont Hébron. Sami, célibataire de 29 ans, habite avec ses parents âgés. Tous les autres membres de sa famille vivent en Israël, citoyens du pays. La main du destin a déchiré cette famille bédouine en 1948 : une partie est restée en Israël, l’autre fut condamnée à vivre dans les Territoires [occupés]. Sami subvient aux besoins de ses parents en se rendant illégalement en Israël. Il y en a beaucoup d’autres comme lui. Les 6000 shekels de son salaire mensuel [1100 €] représentent une somme considérable pour les standards du sud du Mont Hébron.
Le matin du jeudi 6 mars, Sami s’est réveillé dans son conteneur, il s’est présenté à son travail de carrelage à Meitar et, à la fin de sa journée de travail, il a dit qu’il retournait chez lui après deux semaines d’affilée passées à carreler les maisons des Juifs. Le trajet vers la maison ou depuis la maison est coûteux et dangereux. C’est pour cette raison qu’il ne rentre pas trop souvent.

C’est comme ça depuis des années. Jamais il ne s’était fait prendre. Sami dit savoir comment éviter la police et les garde-frontières qui traquent les personnes en séjour illégal. Son conteneur, il le partage avec un ouvrier de Dehariya. Ils paient 500 shekels [92€] par mois pour la location de cet abri douteux à Houra.

16h : fin d’une journée de travail, mais aussi fin d’une semaine de travail, et début du trajet de retour à la maison. Il en fait une partie à pied, en passant par les collines. Une voiture israélienne l’a déposé près de Ramdin et de là, il a continué à pied jusqu’au moment où il est monté dans un taxi palestinien de Dehariya qui l’a emmené jusqu’aux abords de son village. A partir de là, il y a un chemin à faire à pied, plus long mais plus sûr, et un autre plus court mais plus risqué où il arrive que des soldats se mettent en embuscade, guettant les personnes en séjour illégal et ceux qui lancent des pierres. Sami était éreinté : il a choisi le chemin le plus court.

Sami est arrivé aux abords de son village retiré, à 18h30. Il a pris entre les arbres, est passé à côté de la fabrique de poteries du village, quand tout à coup un soldat de l’armée israélienne a surgi d’entre les arbres. C’est là, parmi les arbres, que parfois, les soldats s’embusquent et guettent les enfants qui lancent des pierres sur la route 60 qui passe au pied du village. C’était le cas ce jour-là. Le soldat a ordonné à Sami de s’arrêter, de relever son T-shirt et son blouson et de tourner sur place. Sami dit avoir fait ce qu’on lui disait. Le soldat paraissait tendu et nerveux. Peut-être avait-il peur. Sami lui a dit qu’il revenait de son travail et qu’il rentrait chez lui. « Où travailles-tu ? », a demandé le soldat. « A Meitar », a répondu Sami. « Tu as un permis ? » « Non, je n’ai pas de permis. Il y en a beaucoup qui vont travailler sans permis. » Sami dit que le soldat s’est mis à l’injurier : « Abou sharmouta » [père de pute] et toute une sélection d’autres insultes.

Et puis tout à coup – sans le moindre avertissement, d’après Sami – le soldat lui a tiré dessus, deux balles l’une après l’autre, droit dans l’entrejambe. Entre le soldat et lui, il y avait cinq mètres tout au plus. Sami est tombé à terre. Le soldat s’est alors approché de lui, lui a collé son fusil à la tête et a crié : « pourquoi passes-tu par ici ? ». Le carreleur perdait beaucoup de sang de sa blessure.

Le corps de Sami était secoué de tremblements et les douleurs étaient intenses. Il a tenté d’expliquer au soldat qu’il n’avait lancé aucune pierre et que tout ce qu’il voulait c’était rentrer chez lui en paix. « Je revenais de mon travail et je ne savais pas que vous étiez ici », a dit Sami pour essayer de se justifier. Tout cela se passait à quelques dizaines de mètres de sa maison, près de la maison de ses voisins. Très vite, cinq autres soldats ont surgi d’entre les arbres. Sami a entendu l’officier demander au premier soldat : « pourquoi as-tu tiré sur lui ? ».

Les soldats ont pris la carte d’identité de Sami et vu son âge : 29 ans. Pas l’âge de ceux qui lancent des pierres. Pendant tout ce temps, Sami était étendu par terre, perdant son sang mais pleinement conscient. Un quart d’heure plus tard, un infirmier ou un médecin militaire – Sami ne sait pas – est arrivé et a demandé aux soldats pourquoi ils n’avaient pas prodigué les premiers soins au blessé. Les soldats lui ont répondu n’avoir pas l’équipement pour les premiers soins. L’infirmier, à moins que ce ne fût un médecin, a pansé les blessures de Sami et arrêté l’hémorragie. Ensuite on lui a immobilisé les jambes et on l’a emmené vers une ambulance qui l’a évacué vers le checkpoint de Meitar, où une ambulance de Magen David Adom l’a conduit à l’hôpital Soroka, à Beer Sheva.

A Soroka, on lui a demandé de signer un formulaire de consentement à l’opération. Sami, paniqué et seul, a eu peur de signer le mystérieux document en hébreu mais a fini par y consentir. On l’a amené en salle d’opération. Sami s’est réveillé le lendemain matin, après avoir subi une intervention à l’aine, pour s’apercevoir rapidement qu’il était menotté et qu’un de ses pieds était attaché au lit. Deux soldats gardaient sa chambre par alternance toutes les six heures.

Une semaine durant, Sami Houatra est resté alité dans le département d’orthopédie de l’hôpital, menotté et attaché, sous la surveillance de deux soldats, et sans qu’aucun de ses proches ne fût autorisé à lui rendre visite. Ni ses parents âgés qui vivent avec lui dans les Territoires [occupés], ni ses frères, ni les autres membres de sa famille qui vivent dans le Néguev et qui ont essayé de se rendre à son chevet mais que les soldats n’ont pas laissés entrer dans la chambre. Pendant son hospitalisation, un officier de l’armée israélienne est également venu l’interroger. A la fin de l’interrogatoire, l’officier lui a dit : « Nous sommes convaincus que vous n’êtes pas un terroriste. C’est pourquoi nous vous libérerons. »

Après une semaine, menottes et gardes ont été retirés, et trois jours plus tard, Sami était renvoyé chez lui. Dans la lettre de sortie d’hôpital, le Dr Oren Zvieli a écrit : « Age 29. Amené aux urgences par les forces de sécurité, après avoir été touché à la cuisse gauche. Transféré dans notre département après intervention chirurgicale sur fracture ouverte au fémur gauche et reconnexion des vaisseaux sanguins ouverts… Ne donne pas d’informations sur les circonstances de l’incident… A commencé, dans le département, une physiothérapie mobile sans appui sur la jambe opérée, à l’aide d’un déambulateur… Renvoyé aux forces de sécurité et pour un suivi. »

La porte-parole du Centre médical de Soroka, Inbar Darom-Guter, a communiqué cette semaine l’explication suivante à propos de l’utilisation des menottes durant l’hospitalisation de Sami, blessé : « D’après les instructions du Ministère de la Santé, la décision de menotter un patient placé sous surveillance incombe à l’autorité responsable de l’application de la loi qui a la garde du patient… Le détenu est attaché selon les directives des services de sécurité et par ceux-ci qui n’ont pas répondu à la demande de l’équipe médicale de détacher le patient. Les services de sécurité sont, eux, entraînés à définir le degré de danger représenté par le détenu. Il a reçu les meilleurs soins médicaux et le fait d’être menotté et attaché n’a pas le moins du monde porté atteinte aux soins qui lui étaient donnés. L’état du patient était bon au moment de sa sortie de l’hôpital ».

Le porte-parole de l’armée israélienne a expliqué : « Il y a eu, ces derniers temps, plus de dix cas d’activité terroriste populaire hostile… ayant pour but de porter atteinte à des habitants et à des soldats de l’armée israélienne dans le secteur de Wadi a-Shajana. Lors de l’incident dont il est question,… des soldats de l’armée israélienne ont repéré deux personnes qui s’approchaient de l’endroit d’un pas furtif et suspect, et tenant un pneu qu’ils ont lancé en direction de l’axe routier. Les soldats ont appliqué la procédure d’arrestation d’un suspect, procédure qui comporte plusieurs appels et un tir de sommation en l’air. En l’absence de réponses aux sommations, les soldats ont effectué un tir de précision à hauteur des jambes et constaté avoir touché leur cible. Les soldats ont ensuite apporté au blessé les premiers soins, sur place. Puis celui-ci a été évacué vers l’hôpital pour continuer à y recevoir des soins ».

Dans sa triste et pauvre maison, Sami est maintenant étendu sur le flanc, après avoir passé une semaine avec des menottes qui n’ont pas – le ciel nous préserve ! – nui à l’excellence des soins médicaux qu’il a reçus. Il est étendu sur un lit métallique défait et éprouve des difficultés à se mettre debout. Plus d’un mois et demi a passé depuis qu’il s’est fait tiré dessus et il n’est toujours pas capable de se tenir sur ses jambes. Son père âgé est allongé sur un matelas près de lui, dans la seule pièce de leur maison. Sur la radiographie qu’il nous présente, apparaît la broche fichée dans sa cuisse. Chaque jour, son frère vient le chercher et il le porte pour l’emmener se faire soigner à l’institut de physiothérapie de Dehariya.

Lorsque nous demandons à Sami de pouvoir le photographier à l’entrée de sa maison, son visage s’assombrit : tout mouvement lui est douloureux. Finalement, nous l’avons porté jusqu’au hall d’entrée. Il porte un t-shirt de sport, gris : « Tournoi Ramadan de mini-foot adulte 2005. Conseil local de Houra ». Il a le teint gris, il est physiquement mince et faible, et dit que ça lui est dur. « Ce sont des problèmes pour toute la vie », marmonne le carreleur de Wadi a-Shajana, qui ne demandait qu’à rentrer chez lui en paix.
(Traduction de l’hébreu : Michel Ghys)

Gidéon Levy

[commentaire : si vous avez pu lire ça sans hurler....C’est donc devenu ça, « leur combat » !]
CCIPPP et Gidéon Levy - lundi 5 mai 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6162

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53107

Il y a 60 ans, la Naqba

Les Israéliens parlent de l’indépendance d’Israël, proclamée le 14 mai 1948 et aussitôt entérinée par l’ONU. Pour les Palestiniens, c’est la Naqba, la catastrophe, la destruction de leur société et de leurs villages suivie de l’exil de la grande majorité de la population. Aujourd’hui, il y a environ 5 millions de Juifs et 5 millions de Palestiniens qui vivent entre Méditerranée et Jourdain. Les premiers ont un Etat dit « Juif » et occupent 90% de l’espace. Les seconds connaissent marginalisation, discriminations, assassinats « ciblés », misère et privation des droits élémentaires. 60 ans après la Naqba, des millions de Palestiniens sont toujours réfugiés, dispersés dans des camps du Proche-Orient, voire exilés plus loin. 60 ans après, les Palestiniens continuent de payer pour un crime européen : le génocide nazi. 60 ans après, c’est l’impunité d’Israël malgré les violations constantes du droit qui permet la poursuite de la destruction de la Palestine. Une injustice majeure a été commise : un nettoyage ethnique et l’expulsion de tout un peuple de sa terre. Il n’y aura pas de paix sans réparation et cette paix devra reposer sur les droits fondamentaux qui s’imposent à tou-te-s.

Une rencontre improbable

Beaucoup de guerres trouvent leurs racines dans l’histoire ancienne et proviennent de la manipulation de la mémoire, de l’identité ou de la souffrance. Celle-ci ne fait pas exception. Cette guerre est née de la rencontre improbable entre un peuple autochtone (le peuple palestinien) et des communautés juives (dispersées mais organisées autour d’un projet politique, le sionisme) qui ont eu recours au colonialisme pour conquérir un pays et s’y imposer.

L’histoire de la Palestine ancienne repose en partie sur les mythes bibliques. Ce qui est avéré, c’est qu’un peuple y a vécu (les Hébreux) mais jamais seul, toujours aux côtés d’autres peuples : Iduméens, Moabites, Philistins, Cananéens. Les Hébreux avaient une grande singularité : une religion monothéiste (la religion juive). Au départ de la guerre actuelle et du conflit des « légitimités », il y a la destruction du deuxième temple en 70 après JC. Les historiens divergent sur la suite. Pour certains, les Juifs se sont répandus dans le monde entier, mais cette dispersion (« diaspora ») ne pouvait être que provisoire et il était « normal » qu’ils effectuent un jour ou l’autre leur « retour ». Cette interprétation est très discutable. C’est la religion qui s’est largement répandue. Les Juifs d’aujourd’hui sont largement les descendants de Berbères, Espagnols, Allemands, Khazars convertis au judaïsme et les Palestiniens sont un peuple autochtone, descendant de ceux qui sont restés en Palestine après la destruction du temple. L’histoire des Palestiniens est celle des autres peuples de la région. Occupation romaine puis Byzantine. Lors de la conquête arabe, la langue et la culture s’imposent. La majorité de la population devient musulmane avec une minorité chrétienne. Au XVIe siècle, la Palestine devient une province ottomane et elle le restera jusqu’en 1918.

Existe-t-il UN peuple Juif ? Les Juifs du Maghreb, ceux de l’ex-empire russe ou ceux du Yémen n’ont pas grand-chose à voir entre eux. Il y a pour les Juifs dispersés une communauté de destin liée à la religion. Il y a le souvenir mythifié d’un passé idéalisé et une prière (« l’an prochain à Jérusalem ») qui n’a jamais été une aspiration à recréer un quelconque royaume. Les Juifs ont appris à vivre ou à survivre dans une situation de minorité. S’ils avaient un statut en pays musulman, ils ont subi en pays chrétien une longue suite de discriminations et de persécutions. L’antijudaïsme chrétien a produit l’interdiction de posséder la terre, l’enfermement dans le ghetto, les expulsions (la plus importante étant celle d’Espagne) et les pogroms. Quand l’émancipation des Juifs a commencé en Europe, cet antijudaïsme s’est transformé en antisémitisme racial, le Juif personnifiant pour les différents nationalismes l’obstacle à la création d’états « ethniquement purs ». C’est dans ce contexte qu’est apparu le sionisme.

Le projet sioniste

C’est un projet multiforme. Il a un côté nationaliste. Alors qu’à la fin du XIXe siècle, les nationalismes explosent, à contre courant de la majorité des Juifs de l’époque qui entrevoient leur émancipation dans celle de l’humanité toute entière, le sionisme élabore toute une série de « mensonges fondateurs ». Il théorise le « complexe de Massada », l’idée que l’antisémitisme est inéluctable, qu’il est vain de le combattre et que la seule issue est de fuir et de créer un Etat Juif. Il crée une notion revisitée de « peuple juif » avec une nouvelle langue (l’Hébreu) se substituant aux langues de la diaspora. Alors que la grande majorité des dirigeants sionistes ne sont pas croyants, les sionistes s’emparent du récit biblique pour revendiquer un prétendu retour en terre promise et la reconstitution d’une nation (le « royaume unifié » dont l’existence n’est pas avérée). La Palestine est présentée comme une « terre sans peuple pour un peuple sans terre ».

Comment conquérir un pays ? Le sionisme a incontestablement un aspect colonialiste. Depuis plus d’un siècle, la même stratégie s’applique : s’emparer des terres, institutionnaliser le fait accompli, marginaliser le peuple autochtone, détruire son organisation sociale, expulser, repousser la frontière. En Palestine, comme dans les pays voisins, existait une communauté juive qui vivait sans heurts avec les Palestiniens d’autres religions. C’est la colonisation sioniste et la volonté de créer un Etat Juif qui déclenche dès les années 1930 le conflit actuel. La colonisation de la Cisjordanie entreprise après 1967 n’est pas un accident de l’histoire. Elle est la suite logique des terres palestiniennes confisquées après la Naqba et de la destruction des villages.

Le sionisme affirme offrir un « havre de paix » aux Juifs persécutés. Et pourtant, s’il y a un pays où les Juifs sont en insécurité, c’est bien Israël et c’est à cause d’un projet qui n’est pas seulement criminel pour les Palestiniens : il est aussi suicidaire à terme pour les Juifs israéliens. Le sionisme n’est pas un projet religieux au départ, mais l’apparition après 1967 du courant « national-religieux » qui justifie annexion et expulsion au nom de Dieu complique le conflit. Le sionisme a un côté messianique. Pour créer l’Israélien nouveau, il a fallu « tuer » le Juif, le cosmopolite, l’universel. Il a fallu éradiquer les « valeurs » de la diaspora pour fabriquer un homme nouveau et une nation militariste, impérialiste voire raciste, méprisant ou ignorant le peuple autochtone privé de droit.
Le sionisme a également transformé Israël en pion avancé de l’Occident et de l’impérialisme au Proche-Orient.

Aujourd’hui, Israël reçoit une aide colossale publique et privée des Etats-Unis et en même temps, aucun dirigeant américain ne semble en mesure de s’opposer à une décision qui ferait consensus chez les dirigeants israéliens. Le sionisme a gommé les différences idéologiques. Dans les faits, la « gauche » sioniste a toujours suivi la droite qui depuis près de 80 ans est pour le « transfert » : l’expulsion des Palestiniens au-delà du Jourdain. Le sionisme utilise la peur comme un carburant : « les Israéliens ont peur de ne plus avoir peur ». Pour la propagande habituelle, toute contestation de la politique israélienne ne peut être qu’antisémite et vise à « jeter les Juifs à la mer ».

Cette instrumentalisation de l’antisémitisme et du génocide nazi (qui a permis la fondation de l’Etat d’Israël) se poursuit plus que jamais. La paix passera par une sécularisation de la société israélienne, une « dé-sionisation » ou un dépassement du sionisme. Sans cela, ce seront les aventures militaires et les crimes de guerre sans fin.

La guerre de 48

L’ouverture des archives et le travail des « nouveaux » historiens israéliens sont venus conforter ce que les historiens palestiniens savaient depuis longtemps. Il n’y a plus de place au doute. Tout d’abord, les années qui ont précédé la guerre ont été très défavorables aux Palestiniens : tandis que, depuis la déclaration Balfour, les Israéliens mettaient en place les instruments pour créer leur Etat, les Palestiniens ont été très affaiblis par la répression (de la part du colonisateur britannique) de la révolte de 1936. Ils ont eu beaucoup de morts, d’emprisonnés ou d’exilés. Le partage de 1947 de la Palestine n’était pas seulement incompréhensible pour les Palestiniens (au nom de quoi les a-t-on amputés de leurs terres ancestrales ?), mais il était très inégalitaire : l’Etat juif prévu par la partition était plus grand que l’Etat palestinien alors que les Juifs étaient moins nombreux. Si 10000 Israéliens seulement vivaient dans l’Etat palestinien, plus de 400000 Palestiniens vivaient dans l’Etat juif. Au coeur de l’Etat palestinien, Jérusalem était internationalisé. Un tel partage était inacceptable. Il se faisait contre les Palestiniens. Pire, il préparait le départ des non-juifs du futur Etat juif. A contrario, l’acceptation du partage par la direction israélienne a été purement tactique, celle-ci se préparait à des conquêtes beaucoup plus importantes.

Cette guerre est présentée en Israël comme le combat de David contre Goliath, le « pauvre Israël » étant encerclé par des voisins hostiles. En réalité, il y avait un énorme déséquilibre en faveur des Israéliens. Ceux-ci ont au début du conflit 50000 hommes en arme contre à peine 10000 chez les Palestiniens. Et leur armement est beaucoup plus sophistiqué. De plus, aux côtés de l’armée israélienne et agissant de façon complémentaire, il y a les milices des futurs premiers ministres israéliens (l’Irgoun de Menahem Begin et le groupe Stern d’Yitzhak Shamir) qui n’hésitent pas à massacrer les civils. Avant même le 14 mai, plus de 350000 Palestiniens ont déjà été chassés de chez eux. Plusieurs documents de la Haganah (l’armée « officielle » israélienne) montrent que l’expulsion a été intentionnelle. L’historien Ilan Pappé parle du plan Dalet qui a organisé ce nettoyage ethnique. Quand la propagande israélienne répète inlassablement que « les Arabes sont partis d’eux-mêmes » à l’appel de leurs dirigeants, il s’agit d’un mensonge fondateur destiné à masquer le crime qui s’est déroulé, il y a 60 ans.

L’aide internationale a été déterminante pour Israël qui a reçu pendant la guerre de grandes quantités d’argent et d’armes en provenance des Etats-Unis ou des pays de l’Est (Tchécoslovaquie, URSS).

La « communauté internationale », malgré la guerre froide a trouvé un consensus facile : se débarrasser du problème juif (on est à une époque où des centaines de milliers de rescapés ne savent pas où aller, le Yiddishland a disparu) sur le dos d’un peuple innocent. Le peuple palestinien a été trahi par les dirigeants des pays arabes voisins. Il n’y avait pas la moindre coordination entre les troupes irakiennes, syriennes, égyptiennes ou jordaniennes, chaque armée agissant pour son compte personnel. Pire, la Jordanie, qui avait l’armée la plus forte, avait un accord secret avec la direction sioniste. Elle ne s’est battue que sur le tracé de la frontière et sur la volonté israélienne de conquérir un territoire pour désenclaver Jérusalem. À la fin de la guerre, Jordaniens et Egyptiens se sont partagé les restes (la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza), ravis de faire disparaître la Palestine.

Le bilan de la guerre de 48, ce sont 6000 morts israéliens et 13000 morts palestiniens. Mais ce sont surtout 800000 expulsé-e-s. Les villages ont été détruits et leur trace a souvent été effacée. Dès 1949, les terres des expulsé-e-s ont été confisquées. Israël a reconnu formellement le droit au retour des Palestiniens au moment des armistices de 1949, mais tout a été fait pour rendre impossible ce retour. Les Palestiniens qui ont échappé à l’expulsion en 1948 forment aujourd’hui avec leurs descendants 20% de la population israélienne. Certains dirigeants israéliens regrettent « qu’on n’ait pas achevé la guerre de 48 », qu’on n’ait pas expulsé tous les Arabes. Dans un Etat qui se définit comme juif, les non-juifs sont des citoyens de seconde zone. De très nombreux emplois leur sont interdits. Ils ont connu la loi martiale. Ils subissent toute une série de discriminations. Le taux de pauvreté chez eux est beaucoup plus important que dans la population juive. Les Bédouins du Néguev dont les terres ont été volées vivent majoritairement dans des bidonvilles 60 ans après la Naqba.
Pourquoi la paix est-elle si lointaine ?

Le peuple palestinien est un peuple de réfugiés. Pendant des années, tout a été fait pour effacer son existence, pour le diluer dans le monde arabe, pour transformer le conflit israélo-palestinien en guerre israélo-arabe. La guerre de 1967 est un tournant. Le gouvernement travailliste de l’époque prend la décision immédiate de coloniser les territoires occupés. Pour y parvenir, les travaillistes ont fortement contribué à créer le courant national-religieux. Cette mouvance intégriste représente aujourd’hui 25% de la société israélienne. 40 ans plus tard, il y a 500000 Israéliens installés en territoire occupé. Il y a les colons religieux qui ont accaparé les terres, l’eau, les routes. Mais il y a aussi les colons économiques attirés par les loyers à bas prix. Les limites de Jérusalem se sont considérablement étendues. Les nouvelles colonies du secteur (sur les ruines d’anciens villages palestiniens dont celui de Deir Yassine) deviennent des quartiers et sont progressivement intégrées à Jérusalem. La frontière a disparu. La ligne verte (la frontière de 1949) a été effacée. Elle ne figure sur aucune carte ou aucun livre scolaire israéliens. C’est une véritable société d’Apartheid qui s’est instaurée en Cisjordanie, en toute impunité.

Après 1967, le mouvement national palestinien s’est structuré. Il a tout essayé. Des années de lutte armée ont été ponctuées par des revers militaires face à l’occupant mais aussi face à la Jordanie et la Syrie. L’OLP a été contrainte à l’exil. C’est l’Intifada qui a provoqué une mutation majeure. En 1988, l’OLP abandonne son ancienne revendication (« un seul état laïque et démocratique en Palestine ») et reconnaît Israël dans ses frontières d’avant 1967, en ne revendiquant plus qu’un Etat Palestinien sur 22% de la Palestine historique (les territoires occupés). A priori, le nettoyage ethnique de 1948 ne diffère pas fondamentalement de la conquête et des annexions de 1967. La seule différence, mais elle n’est pas mince, c’est que le droit international reconnaît le fait accompli en 1948, mais ne reconnaît pas celui de 1967. L’OLP a fait en 1988 une concession énorme dont les dirigeants israéliens auraient dû se saisir pour obtenir enfin leur reconnaissance et leur insertion au Proche-Orient. Jusqu’à l’assassinat de Rabin, on a pu croire qu’un tel processus aboutirait. Sauf que la nature de l’Etat d’Israël a radicalement changé après 1967. La colonisation des territoires palestiniens est devenue centrale dans le projet sioniste. Il est d’ailleurs significatif que Rabin lui-même a installé 60000 nouveaux colons entre les accords d’Oslo et son assassinat. Le rêve fou de faire venir tous les Juifs du monde entier en Israël a semblé possible avec la disparition de l’URSS.

Si les négociations avaient été basées sur le droit international et les droits fondamentaux, elles auraient dû aboutir rapidement. L’occupant ne l’a pas voulu. Il a sans arrêt mis en avant la question de la « sécurité de l’occupant ». Il a refusé de s’engager dans la fin de la colonisation, le démantèlement des colonies, la libération des prisonniers et le retrait des territoires occupés. Il a multiplié les actes criminels, les humiliations, les assassinats ciblés. Il a superbement ignoré toutes les résolutions internationales (comme celle qui proclame que la construction du mur est illégale). Dernier acte criminel en date : le siège de Gaza destiné à affamer un peuple dont le principal tort est d’avoir mal voté.
Après l’échec des négociations, les dirigeants israéliens et leurs alliés américains se sont acharnés à faire porter sur les Palestiniens la responsabilité de l’échec. Ils ont exigé des Palestiniens une capitulation sur leurs droits historiques et sur le droit international (en particulier le droit des réfugiés). En fait, ce sont les Palestiniens qui « n’ont pas de partenaire pour la paix ». Ils n’ont jamais rencontré de dirigeant israélien respectueux du droit. Depuis Oslo, les différents gouvernements israéliens ont tout fait pour poursuivre la colonisation et rendre impossible la création d’un Etat Palestinien digne de ce nom. Il n’y a donc aucune perspective à continuer de discuter sur les bases actuelles. Le processus issu de la conférence d’Annapolis est mort-né. Pour vraiment négocier, il faudra en revenir au droit.

Quelle issue ? Quelle solidarité ? La paix basée sur l’égalité et la justice passe avant tout par la fin de l’impunité d’Israël. Il faut sanctionner ce pays tant que durera l’occupation. Il faut un boycott politique, économique, sportif, moral, à l’image de celui qui a fait plier le régime de l’Apartheid. Ce boycott est demandé par de nombreuses associations palestiniennes. Il faut en finir avec une impunité qui conduit à la perpétuation d’une politique criminelle. Plus de 15% des Israéliens vivent hors d’Israël. La plupart des Israéliens voyagent. L’économie israélienne est totalement insérée dans la mondialisation libérale. Il ne fait pas de doute qu’un boycott suivi et organisé serait en mesure de convaincre les dirigeants israéliens que la fuite en avant n’est plus possible. Dans l’impunité israélienne, il y a aussi les crimes de guerre commis. Ceux-ci devront être jugés.

Malgré l’occupation, malgré une économie qui a été détruite, malgré une pauvreté et un chômage massifs, la société palestinienne résiste. Ce pays a vu naître une société civile multiple, des associations de toutes sortes, des ONG, une auto organisation et des coopératives. Les Palestinien-ne-s ont besoin de notre aide. Nous devons les aider économiquement, matériellement, mais aussi moralement en allant là-bas et en témoignant de l’injustice majeure qu’ils/elles vivent depuis 60 ans. Il faut établir des jumelages, créer des projets concrets, briser le blocus de Gaza. Cette solidarité doit s’étendre aux Palestiniens d’Israël, citoyens de seconde zone et aux éternels oubliés, les réfugiés. Une jonction, une convergence ont commencé à s’établir entre la petite minorité « anticolonialiste israélienne » (les refuzniks, l’Alternative Information Center, les Anarchistes contre le Mur, Les Femmes en Noir, le Bloc de la Paix …) et les Palestinien-ne-s. Cette convergence est fondamentale parce qu’elle porte en germe les termes d’une vraie paix. Nous devons la soutenir énergiquement.

Enfin, le moteur du sionisme, c’est le « complexe de Massada », c’est la peur, ce sont les mécanismes utilisés pour persuader les Israéliens et les Juifs que toute inflexion de la politique actuelle aboutira à leur disparition. C’est la transformation de l’occupant en victime. Nous devons être très clair-e-s. La paix passe par l’égalité des droits entre les différents peuples de la région et le refus de toutes les formes de racisme ou de discrimination. En ce sens, l’antisémitisme, comme toutes les autres formes de racisme, est un crime et doit être dénoncé sans retenue. Mais son instrumentalisation aussi est un crime. Les dirigeants sionistes n’ont aucun droit à parler au nom des Juifs ou au nom du génocide nazi. Ils n’ont aucun droit à détruire la Palestine au nom d’un crime européen. Nous devons chercher à briser le front intérieur en Israël et à persuader les citoyens que leur avenir passe par une paix équitable et pas par la poursuite d’une aventure criminelle.
Pierre Stambul

[commentaires : des gens de la trempe intellectuelle de Pierre Stamboul, des gens qui ont autant de rectitude et de courage que lui et ses amis, on n’en rencontre pas très souvent. Je salue son objectif « chercher à briser le front intérieur en Israël et à persuader les citoyens que leur avenir passe par une paix équitable et pas par la poursuite d’une aventure criminelle ». Mais je ne puis que constater que ses chances de succès sont extrêmement minces.]

CCIPPP et Pierre Stamboul - dimanche 4 mai 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6156