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Paix et Justice au Moyen-Orient (2008 - analyse N° 8)

Roulement de tambours à l’est de la Méditerranée

Notre rubrique géopolitique

samedi 15 mars 2008

Strasbourg, le 16 mars 2008

La nation qui contrôle le Moyen-Orient domine le monde

L’Histoire de toutes les guerres, abjectes par nature, montre qu’elles aboutissent inéluctablement à la destruction totale et au nihilisme. Ce fut le cas des deux guerres mondiales, des guerres d’Algérie et du Vietnam. C’est maintenant le cas des guerres en Irak, en Afghanistan et en Palestine où les colonialistes semblent ne connaître aucune limite.

L’opération « Hiver chaud » des 1er et 2 mars de l’armée israélienne a causé d’énormes dégâts matériels et provoqué la mort d’enfants, de nourrisson, d’hommes et de femmes non combattants dans la bande de Gaza.

Cette macabre situation se perpétue depuis la création de l’Etat d’Israël. Ehoud Barak, ministre israélien de la défense, assure que « nous n’en resterons pas là ». Il y aura des incursions plus massives, plus profondes, plus destructrices, plus meurtrières (Le Monde du 06/03/08). En effet, tout porte à croire que les Américano- israéliens sont décidés à réduire au silence la bande de Gaza.

L’étau se resserre autour de Gaza. L’Egypte érige un mur haut de trois mètres et long de 14 km, sur sa frontière avec Gaza. Afin de fixer les forces du Hezbollah libanais, susceptibles d’intervenir pour soutenir le Hamas, Washington envoie des navires de guerre, dont USS Cole, au large du Liban (LM du 06/03/08).

Le roulement de tambours inquiète les pays de la région. Le Koweït appelle ses ressortissants à ne pas se rendre au Liban. A son tour, le commandement de l’armée libanaise invite les médias à la plus grande vigilance pour éviter la propagation de rumeurs (LM19/02/08).

Sur l’importance stratégique de la résistance palestinienne, le journaliste, écrivain et fondateur du Centre d’information alternative (AIC) en Israël, Michel Warschawski écrit dans son bulletin du samedi 8 mars 2008 : « les Palestiniens de Gaza se battent en ce moment non seulement pour leur propres droits et dignité, mais pour la liberté de tous les peuples du monde ; ils résistent aux dirigeants unis de l’Empire, à ces dirigeants et à leurs tentatives de faire des peuples de notre planète leurs esclaves, y compris les peuples travaillants dans les métropoles industrialisées ».

Pour se dégager de l’impasse irakienne et afghane, l’administration Bush ne cherche-t-elle pas, à tout prix, une victoire militaire ? Mais, l’heure n’est plus aux guerres- éclairs où excellent les armées américaine et israélienne. En 1969, l’armée israélienne avait vaincu, en six jours, les armées égyptienne, syrienne et jordanienne.

La guerre de l’été 2006 au Liban a montré qu’on en est à la guerre asymétrique où se font face une armée classique et un peuple mobilisé et décidé à se libérer du joug colonialiste. L’assise populaire du Hezbollah, comme celle du Hamas, font hésiter l’armée israélienne, qui redoute défaite et épuisement matériel et moral. La défaite de l’armée française en Algérie et celle de l’armée américaine au Vietnam a montré qu’une armée classique, si puissante soit-elle, n’est en mesure de gagner une guerre asymétrique. En 2003, l’armée irakienne a résisté 14 jours face à la machine de guerre américaine. Même si une partie de la résistance (l’armée du Mahdi compte 60 000 hommes) a décrété un cessez- le- feu unilatéral, la machine de guerre peine à venir à bout de la résistance irakienne.

D’après un sondage de la revue « Foreign Policy », il ressort que « pour 60% des officiers, l’armée américaine est plus faible aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a cinq ans ». Seuls les coups portés à l’occupant, par les résistances irakienne et afghane, peuvent expliquer l’affaiblissement de l’armée américaine (LM du 9-10/03/08). Selon un rapport interne du service psychiatrique « 121 soldats se sont suicidés en 2007, soit 20% de plus que l’année précédente. Quant aux tentatives de suicide ou de blessures auto- infligées, leur nombre a été multiplié par six depuis le début de la guerre en Irak, en mars 2003 » (LM du 3-4/02/08).

Dans ces conditions, les Israéliens, différant la confrontation finale, préfèrent affamer les Palestiniens et renforcer le blocus, en bombardant et tuant un maximum de civils. La relance de « la construction de centaines de logements dans la colonie de Givat Zeev (Cisjordanie), au nord-ouest de Jérusalem » montre, une fois de plus, que les « pourparlers de paix » ne sont que de la poudre aux yeux. Seule « la résistance est un choix qui paye » (Fawzi Barhoum, porte- parole du Hamas- LM du 06/03/08).

Tout porte à croire que l’Empire et son obligé israélien, malgré les difficultés rencontrées, vont bientôt passer aux actes. La démission de l’amiral William Fallon, chef du CentCom (Central Command) de l’armée américaine, est un présage da mauvais augure. Son départ a été exigé par la Maison Blanche. Ce n’est pas pour se promener que l’USS Cole, bientôt rejoint par le NASSAU et cinq autres navires, a été envoyé au large du Liban. A en croire l’amiral Michael Mullen, le chef d’état- major des armées : « l’est de la Méditerranée est une région très importante » pour les Etats-Unis (LM du 06/03/08).

Il serait plus juste de dire que tout le Moyen-Orient « est une région très importante » pour les Etats-Unis et le monde occidental. Cette région se trouve sur la plus importante voie de communication maritime, reliant l’Orient à l’Occident. Chaque année, plus de 50 000 navires passent par les détroits et voies de navigation du Moyen-Orient. La nation qui contrôle le Moyen-Orient domine le monde. Ce fut le cas de la Grande Bretagne ; c’est actuellement le cas des Etats-Unis.

Il est à remarquer que la crise entre le Venezuela, l’Equateur et la Colombie, pays situés dans une région bien moins stratégique que le Moyen-Orient, s’est apaisée rapidement, par une poignée de main, au sommet du Groupe de Rio à Saint- Domingue. Tandis que, depuis plus de deux siècles, les tensions n’ont jamais cessé de secouer le Moyen-Orient ; colonisation, émancipation, gouvernements fantoches, coup d’état colonialistes et nationalistes sont les lots permanents de cette région. Il serait simpliste de réduire le Moyen-Orient à ses puits de pétrole. Même après la fin du pétrole, les tensions persisteront dans ce carrefour stratégique du globe, comme elles existaient déjà avant la découverte de l’« or noir ».

Actuellement, la situation est très favorable aux peuples et nations de la région. Des mouvements de libération avec leur coloration religieuse mobilisent les masses déshéritées. Soutenus par des millions de Libanais et Palestiniens, le Hezbollah et le Hamas ne semblent pas pouvoir être vaincus par la machine de guerre américano-israélienne.

L’est de la Méditerranée (le Liban et la Palestine) se trouve à l’avant-garde de la lutte anticolonialiste mondiale. Une guerre imposée aux peuples de la région ne ferait qu’affaiblir un peu plus l’Empire, voire précipiter sa chute.

Le comité de rédaction