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Paix et Justice au Moyen- Orient (2008 - analyse N°5)

Aujourd’hui : La guerre secrète des américano-israéliens au Moyen-Orient

Notre rubrique géopolitique

dimanche 3 février 2008

Strasbourg, le 03 février 2008

Une grande confusion règne dans la presse mondiale quant à la nature des mouvements d’obédience sunnite au Moyen-Orient. Elle est alimentée, en grande partie, par la machine de propagande américaine, qui a érigé le mensonge en système de communication.

Dans un article consacré au film documentaire de Charles Ferguson, « Irak, de la dictature au chaos » (No End in Sight), Marc Garlasco, expert de l’Irak à l’Agence du Renseignement pour la Défense, explique : « Sitôt après les attentats, l’administration nous a demandé de trouver un lien entre Saddam Hussein et Al-Qaida (…) Nous avons consulté les spécialistes du terrorisme et nous n’avons rien trouvé du tout » (Le Monde- TV & Radio du 21 janvier au dimanche 27 janvier 2008).

Deux types de « mouvements sunnites » existent au Moyen-Orient. Le premier, comme le Hamas palestinien, est anticolonialiste. Pour lui, la lutte contre l’ennemi colonialiste prime sur toute considération d’ordre idéologique. Dans l’opposition composite libanaise, à côté des chiites et des chrétiens, on trouve également une composante sunnite. Le Hamas, de son côté, entretient de bonnes relations avec le Hezbollah chiite et avec le gouvernement iranien.

La deuxième mouvance sunnite, disséminée un peu partout au Moyen-Orient, est financée par l’Arabie saoudite et manipulée par les Etats-Unis. Pour cette mouvance, la « pureté idéologique », représentée par le « wahhabisme », prôné par les Saoudiens, prime sur toute autre considération. La plupart des attentats meurtriers perpétrés sur les marchés à forte concentration chiite et dans les mosquées chiites, sont l’oeuvre de cette mouvance dont la vitrine officielle, baptisée « Sahwa » (« Réveil »), est constituée de milices « volontaires », financées et armées par l’armée américaine (LM du 10/01/08).

Actuellement, avec la montée en puissance de la résistance anticolonialiste pachtoune au Pakistan, les attentats anti-chiites se multiplient, rendant difficile le rapprochement des deux branches de l’Islam. L’objectif de ces attentats est de détourner le mouvement anticolonialiste vers un combat idéologique stérile sunnite- chiite.

A son tour, le Liban est devenu le pays où se pratique la « guerre secrète » américano-israélienne. L’objectif affiché est d’ancrer le Liban à l’Occident. Un seul « obstacle » s’y oppose : le Hezbollah et ses alliés libanais. Dès lors, faut-il s’étonner que l’objectif de la guerre des 34 jours du Liban, à l’été 2006, était de : « briser la colonne vertébrale militaire du Hezbollah » ? (Shlomo Ben Ami, ancien ministre des affaires étrangères d’Israël- LM du 12/08/06). On connaît la suite : « une organisation semi- militaire de quelques milliers d’hommes [le Hezbollah] a résisté, pendant quelques semaines, à la plus forte armée du Proche-Orient qui disposait d’une supériorité aérienne complète ainsi que de moyens technologiques sans pareil » (Rapport de la commission Winograd- LM du 01/02/08).

Le Hezbollah et ses alliés sont toujours là et l’armée israélienne n’a brisé que le moral de ses propres troupes. Mais Israël a poursuivi ses objectifs par la guerre secrète ; la terreur qu’il tente de faire régner au Liban vise indistinctement les hommes politiques de la « majorité » pro-occidentale, qui résident dans un hôtel étroitement surveillé, près du Parlement, et ceux de l’opposition

La cinquième colonne israélienne tente de déstabiliser le pays et d’y provoquer la guerre civile. En effet, une vingtaine d’assassinats ciblés ont été perpétrés au Liban dont celui, fin avril 2007, de deux jeunes sunnites, proches du parti socialiste progressiste (PSP). Pour le ministre de la défense, Elias Murr : « une cinquième colonne » tente de « semer la discorde » (LM du 28/04/07). Les Libanais n’ont pas cédé à la provocation.

Dimanche 27 janvier 2008, une manifestation de l’opposition contre les coupures d’électricité a viré à l’émeute. Des coups de feu ont été tirés. Les participants ont accusé une « tierce partie » d’avoir ouvert le feu (LM du 29/01/07). Qui se cache derrière cette « tierce partie » dont l’objectif est de « semer la discorde » ?

Vendredi 25 janvier, le capitaine Wissam Eïd, chargé des enquêtes sur les attentats au Liban est assassiné. Il était responsable du service des écoutes, qui a fourni de précieuses informations notamment dans l’enquête relative à l’assassinat de Rafic Hariri (LM du 27- 8/01/08).

Selon le procureur belge, Serge Brammertz, chargé du dossier Rafic Hariri : « La commission d’enquête a confirmé l’hypothèse selon laquelle des « liens opérationnels pourraient exister » entre les responsables de 18 autres assassinats ou attentats ciblés au Liban ». Le prédécesseur de Serge Brammertz, l’Allemand Detlev Mehlis, avait montré du doigt les services syriens et libanais dans l’attentat contre Rafic Hariri, le 14 février 2005 à Beyrouth, mais le nouvel enquêteur n’a pas répété ces soupçons (Nouvelobs.com du 30/11/2007). Alors, qui avait peur du capitaine Wissam Eïd ?

La crise persiste au Liban et aucune force ne semble en mesure de s’imposer. Pour « semer la discorde », la situation est fort propice. Selon le journaliste libanais, Fidaa Itani, le Courant du futur de Saad Hariri « s’emploie à enrôler des combattants sous couvert de sociétés privées de sécurité. Le mouvement de M. Hariri a ainsi pu embrigader deux mille quatre cents miliciens ; il envisage d’en enrôler quatorze mille autres dans le seul nord du Liban » (Fidaa Itani- Le Monde Diplomatique du février 2008).

Les patriotes libanais sont pris en tenaille entre les commanditaires des « assassinats ciblés » et les partisans de la lutte pour la « pureté idéologique ».

S’appuyant sur des puissances étrangères (Etats-Unis, Israël et Arabie saoudite), le Courant du futur joue son va- tout. L’opposition est porteuse d’un message révolutionnaire, celui de la souveraineté nationale. La bataille s’annonce dure. Mais elle peut- être gagnée par les anticolonialistes.

Le comité de rédaction