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Paix et Justice au Moyen- Orient ( analyse 2008 - N° 2 )

Aujourd’hui : la vraie raison du voyage de Bush au Moyen-Orient

Notre rubrique géopolitique

dimanche 13 janvier 2008

Strasbourg, dimanche 13 janvier 2008

- Pourquoi la puissante marine américaine se présente-t-elle comme une victime des vedettes rapides iraniennes ?

- Une guerre (la guerre civile ?) dans la bande de Gaza est programmée par le trio Bush- Olmert- Abbas : Y arriveront-ils ?

Le 8 janvier 2008, George Bush est arrivé au Moyen-Orient pour une tournée de neuf jours. Les médias ont qualifié son séjour d’« historique ».

Il est arrivé au Moyen-Orient dans une position, on ne peut plus défavorable. L’échec militaire est total en Irak où les chefs sunnites des milices auxiliaires de l’armée américaine se font liquider, les uns après les autres, par la résistance irakienne qualifiée par les Américains d’« Al-Qaida ». Comme si le peuple irakien allait s’accommoder de l’occupation colonialiste et que seuls « Al-Qaida » et les « Gardiens de la révolution » iraniens étaient susceptibles de s’opposer aux Etats-Unis !

L’impasse en Afghanistan, la situation trouble au Pakistan, le lancement d’une enquête criminelle sur la destruction par la CIA d’enregistrements vidéos d’interrogatoires des suspects (« interrogatoires » pouvant être assimilés à de la torture), la résistance dans la bande de Gaza et au Liban, le renforcement de la position de l’Iran et de la Syrie dans la région, représentent autant d’échecs cuisants de la politique de George Bush.

A cela s’ajoute le fait que les économistes se demandent si les Etats-Unis entrent en récession ou s’ils y sont déjà plongés ? Une chose est certaine : « la crise immobilière américaine n’est pas terminée » (Henry Paulson, secrétaire américain au Trésor- Le Monde du 09/01/08). Pour l’économiste, Daniel Cohen, l’économie américaine a le choix entre : « effondrement du dollar ou krach boursier » (LM du 10/01/08). Inquiétant pour les Américains !

Les primaires aux Etats-Unis montrent que la bourgeoisie américaine s’inquiète fortement de l’étendue des dégâts causés par la politique de George Bush, dans le pays et dans le monde, et a hâte de tourner la page très peu glorieuse de la période Bush.

Comme son protégé israélien, les Etats-Unis sont devenus synonymes d’agression, de non respect des lois internationales, de torture.

Le « changement » est sur toutes les lèvres. C’est donc un Bush, représentant d’un pouvoir, oh combien discrédité et affaibli, qui est arrivé au Moyen-orient.

Qu’est-il venu y faire ?

Président de la première puissance mondiale dont le « Soleil ne se couche jamais sur son armée », George Bush est entouré, épaulé et conseillé par les meilleurs spécialistes, universitaires et responsables politiques qui, comme Anthony Zinni, George Mitchell, George Tenet, ont fait de longs séjours à Jérusalem. Il connaît donc parfaitement la situation et ce n’est pas pour annoncer la naissance éventuelle d’un Etat palestinien avant janvier 2009 (après l’avoir promis pour 2005, puis pour 2008) qu’il a effectué ce voyage.

Ce n’est même pas pour s’émouvoir devant le mémorial de l’Holocauste, rappelant le génocide des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Tout indique que le premier objectif du voyage « historique » et de l’engagement de façade de Bush pour un gouvernement palestinien serait de conforter la position critique des gouvernements des pays arabes « amis », en difficulté face à leur opinion publique, majoritairement anti-américaine et pro-palestinienne. Ces gouvernements sont qualifiés de « collabos » par les populations, de plus en plus séduites par les thèses nationalisto-islamistes des opposants.

L’opinion publique des pays arabo-musulmans ne se fait aucune illusion quant à la nature de la « paix » proposée à Mahmoud Abbas.

Soutenu par Bush, Olmert répète, à qui veut l’entendre : « Aussi longtemps qu’il y aura du terrorisme à Gaza, il sera très difficile de parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens » (LM du 11/01/08).

Et Bush d’enfoncer le clou, en s’adressant à Mahmoud Abbas : « Qu’allez vous faire » ?

En langage non diplomatique, cela signifie « éliminer le Hamas et vous aurez votre état croupion ». Tout porte à croire qu’avant la proclamation d’un état palestinien à la botte d’Israël, une guerre (la guerre civile ?) dans la bande de Gaza est programmée par le trio Bush- Olmert- Abbas.

La vraie raison du voyage de George Bush est ailleurs. Il arrive au Moyen-Orient pour ressouder les rangs lézardés de ses « amis » arabes démoralisés, pour les inciter à former un front uni, avec Israël, face à la montée de la résistance anticolonialiste dans la région.

L’incident naval du 6 janvier du Détroit d’Ormuz, provoqué par la marine américaine contre les vedettes rapides iraniennes, avait pour objectif de rappeler aux monarchies arabes du Golfe Persique, vivant presque exclusivement des rentes pétrolières, que leur existence et leur « sécurité », dépendaient de leur soumission aux Etats-Unis et de la présence militaire américaine dans le Golfe.

En effet, vu la faiblesse grandissante des positions colonialistes, les monarchies pétrolières se sont rapprochées de l’Iran. L’élection présidentielle libanaise est là pour nous rappeler que rien d’important ne peut se faire sans la participation de l’Iran et de la Syrie.

Pour autant, le voyage de George Bush peut-il être qualifié d’« historique » ?

La signature des « accords d’Oslo » est historique. Elle a permis de réunir, pour la première fois, autour d’une table, Israéliens et Palestiniens.

Parrainé par George Bush, le processus d’Annapolis jouit-il de la même importance historique que celui d’Oslo ?

Voilà la réponse de l’éditorialiste des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 8 janvier 2008 : « 2008 ne verra pas la moindre solution, même pas pour le « processus d’Annapolis » (…) La visite de George Bush demain en Israël et en Cisjordanie n’aboutira à rien ».

La messe est dite !

Le comité de rédaction