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Paix et Justice au Moyen-Orient (volet N°40)
Aujourd’hui : où est la ligne de démarcation ?
Notre rubrique géopolitique
samedi 23 juin 2007
Strasbourg, le 24 juin 2007 :
La question de légitimité se pose en termes historiques
Après la signature des Accords d’Oslo en septembre 1993, tout le monde pensait que la question palestinienne trouverait enfin une issue heureuse, qu’un Etat palestinien verrait le jour et qu’une « paix durable » entre deux Etats, palestinien et israélien, s’installerait au Moyen-Orient. Bientôt, les aberrations des « Accords d’Oslo » mirent fin au rêve.
Suite aux Accords d’Oslo, et fait sans précédent dans la juridiction internationale, une « Autorité palestinienne » fut mise sur pied. Ladite « Autorité », qui n’est pas un « gouvernement provisoire », ressemble plus à un « bureau exécutif » des partis politiques composant l’OLP. Alors que c’est à un Etat souverain qu’il revient de reconnaître l’existence d’un autre Etat, la « communauté internationale » exigea de l’« Autorité palestinienne » de reconnaître l’Etat d’Israël, chose encore inédite dans la juridiction internationale !
D’un autre côté, « on » avait fait croire aux Palestiniens qu’ils avaient enfin un « gouvernement », voire même un « embryon d’Etat ». Avec le temps, les Palestiniens découvrirent que leur « Autorité » n’en a aucune : leurs frontières sont surveillées par l’armée israélienne qui peut les fermer, les ouvrir ou les modifier comme bon lui semble. Des « check- points » bloquent toute circulation à l’intérieur des territoires palestiniens, alors que, sous l’œil bienveillant de la « communauté internationale », des colonies israéliennes grignotent, jour après jour, les territoires palestiniens. Les droits de douane et autres taxes sont perçus par la douane israélienne qui peut refuser de les reverser à leur destinataire palestinien. Le carburant est distribué par une société israélienne, liée au gouvernement. L’eau et l’électricité sont distribuées par le gouvernement israélien. Bref, une situation de dépendance totale, celle d’un territoire colonisé, à la merci du pouvoir occupant.
L’objectif d’un tel asservissement ? Faire comprendre aux Palestiniens, pris au piège dans les territoires contrôlés hermétiquement par l’armée israélienne, qu’ils ont le choix entre l’absorption forcée par la société israélienne ou la répression.
Réagissant à ce que l’on peut appeler un complot international pour étouffer l’aspiration du peuple palestinien à disposer d’un Etat digne de ce nom, Yasser Arafat, n’acceptant ni l’absorption ni la répression, encouragea la seconde Intifada. Assiégé à la Mouqataa par l’armée israélienne, Yasser Arafat paya au prix fort son « insolence » : la destruction de la totalité des infrastructures de l’« Autorité palestinienne ». Il mourut sans avoir atteint ses objectifs.
Tout porte à croire qu’une fraction de l’aristocratie palestinienne, formée d’hommes d’affaires, de banquiers et de technocrates liés aux institutions internationales, finit par trouver des affinités avec les milieux financiers internationaux. Celle-ci, menée par Mahmoud Abbas, successeur de Y. Arafat, mit fin à l’Intifada, alors que les humiliations, les brimades et les « check- points » continuent d’empoisonner quotidiennement la vie du peuple et que des ministres et députés élus croupissent dans les geôles israéliennes.
La dissolution par Mahmoud Abbas du gouvernement démocratiquement élu et la nomination d’un nouveau premier ministre en la personne de Salam Fayyad « apprécié tant des Américains et des Européens que des Israéliens », éloignent un peu plus cette fraction du Fatah du peuple palestinien. Il est trop tôt de conclure que cette fraction, qui pense pouvoir établir un Etat palestinien par des négociations, s’est transformée en vassal d’Israël. Le comportement d’Israël, soutenu par l’Occident, montre que ce pays met à profit les négociations avec les Palestiniens pour développer la colonisation de la Cisjordanie et rendre impossible la construction de l’Etat palestinien.
Les partisans des deux camps s’accusent mutuellement d’illégitimité. Or cette question se pose dans les termes suivants : qui œuvre réellement pour la libération de la Palestine et pour la construction d’un Etat ? C’est la ligne de démarcation. L’Histoire des nations nous enseigne que la construction d’un Etat résulte de rapports de force militaire sur le terrain. Partant de ce postulat, Mahmoud Abbas, qui ne cherche plus le rapport de force avec l’occupant israélien, est le grand perdant.
Le score du Hamas aux dernières législatives palestiniennes montre que, exaspéré et aspirant à un Etat, le peuple a porté son espoir sur le Hamas qui a repris, en quelque sorte, l’étendard de la « lutte armée » laissé par le défunt Y. Arafat.
Il est à souligner que l’Islam, idéologie médiévale , est actuellement portée par la résistance anticolonialiste. Les démocrates occidentaux, attachés à la démocratie, aux « Droits de l’Homme » et à la libération de la femme, sont paralysés à l’idée de devoir soutenir un mouvement fondamentaliste comme le Hamas qui combat le colonialisme. La paralysie et la neutralité profitent aux colonialistes qui mettent en avant les « Droits de l’Homme » pour mieux combattre les anticolonialistes. Or le combat pour l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale et le droit à la vie pour l’ensemble du peuple palestinien font partie des « Droits de l’Homme » les plus élémentaires, au même titre que les libertés fondamentales.
La division des Palestiniens sur les moyens d’accéder à l’indépendance ravit et, en même temps, inquiète, Israël et ses amis Occidentaux. Les partisans du Hamas sont encore puissants en Cisjordanie et les mesures d’intimidation du Fatah à l’encontre de ces derniers ne peuvent qu’exacerber les tensions entre les deux fractions. Les mesures vexatoires israéliennes pour asphyxier la bande de Gaza, provoqueront la division du Fatah et renforceront la volonté farouche des Palestiniens de lutter pour un Etat palestinien indépendant.
Le comité de rédaction