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Lettre ouverte de Martine Monville
à Madame Arlette Chabot , responsable de l’information télévisée.
Nous nous associons totalement à cette dénonciation de pratiques indignes d’un grand pays. Il est temps que, là aussi, la « rupture » intervienne dans les plus brefs délais.(ndlr)
jeudi 21 juin 2007
Madame,
Je proteste avec la plus grande énergie contre l’information mensongère que nous délivre la chaîne publique à propos des évènements qui se passent actuellement à Gaza.
Ainsi Télématin nous présentait ce jour le Hamas comme une organisation terroriste contre ses propres compatriotes et Israël comme le bon voisin secourable qui accepte de soigner dans ses hôpitaux les blessés palestiniens.
Pas un mot sur l’engrenage mis en place depuis des mois par le même Israël et que l’on nous taisait au fur et à mesure que les évènements se passaient.
Quarante ans après la guerre des 6 jours, désastreuse pour la population palestinienne, après plus de dix ans d’immobilisme et de corruption du Fatah face à l’agression criminelle et continue de l’état d’Israël, les Palestiniens ont élu de façon très démocratique, des députés du Hamas, réputé efficace avec les « mains propres » pour le peuple.
Sans laisser au Hamas la possibilité de faire ses preuves politiques, et surtout ne lui laissant plus la possibilité d’aider ses concitoyens, Israël s’est lancé dans la politique du pire. Avec les Etats-Unis, l’Europe l’a aidé concrètement en supprimant les subventions attribuées par Oslo, réclamant du Hamas la reconnaissance d’Israël, aux frontières non établies ( qui le sait ? qui le dit ?) et qui n’a jamais reconnu lui-même la Palestine !
Depuis plus de 15 mois, à la construction des MURS, aux destructions de maisons et aux humiliations continuelles aux checks points, se sont ajoutés le vol des taxes douanières sur toute la Palestine, l’enlèvement des députés et leur emprisonnement, les assassinats ciblés avec leurs effets collatéraux sur des civils, les incursions avec arrestations arbitraires jours et nuits, les bombardements répétés sur Gaza, ses frontières fermées les 9/10 du temps, avec des observateurs « bidons », toujours consignés pour « raison de sécurité », l’empêchement d’approvisionnement en eau, électricité et alimentation des Gazaouis. Tout cela, en tant que « grande expérimentation » sur Gaza ainsi que l’ont dénoncé, dès octobre 2006, les journalistes israéliens Amira Hass, Gidéon Lévy, Orly Noy et Ury Avnery. Ilan Pappe, professeur à l’université de Tel Aviv, avait d’ailleurs prévenu en Juillet 2005 que la « libération » de Gaza n’était qu’une étape préliminaire à l’écrasement de tous les Gazaouis. Jamais les médias françaises se sont fait l’écho de ces informations émanant d’Israël même.
Tandis que la population de Gaza meurt petit à petit de faim, il a été donné des salaires, des armes et de l’entraînement aux membres du Fatah, que les Palestiniens avaient rejetés, afin qu’ils éliminent le Hamas. Résultat logiquement attendu : les Palestiniens s’entretuent. Mais le coup d’état qu’Abou Abbas était chargé de faire avec le Fatah pour éliminer le Hamas a échoué. Qu’importe. On nous dit que c’est le Hamas qui a fait un coup d’état, que les Palestiniens, terrorisés par le Hamas, fuient et que Abou Abbas a été obligé de faire un nouveau gouvernement ( on oublie de dire qu’il était pressé par les Etats unis de le faire depuis octobre et que ses rencontres avec Condolezza Rice n’avait pas d’autre but que de trouver comment s’y prendre).
On ne nous dit pas non plus que le même Israël, qui fait preuve d’une telle bonne volonté en laissant passer quelques blessés vers ses hôpitaux, se prépare à bombarder toute la bande de Gaza pour éliminer le Hamas (légitimement élu pourtant ), sans ses soucier des civils innocents.
Il y a quelque temps Mademoiselle Drucker invitait un écrivain israélien à parler de son livre à la gloire de Sharon, mais le fera-t-elle pour Avraham Burg, ancien haut politique israélien, et son livre « defeating Hitler » dans lequel il condamne avec force la politique d’Israël ? .
Un grand battage sur le Darfour ( en situation réellement terrible ), retombé depuis comme un soufflé, est venu à point pour faire passer en « arrière, arrière plan » le souvenir de l’invasion de la Palestine par la guerre des 6 jours en 1967. Invasion pourtant condamnée par le Conseil de sécurité de l’ONU dans la Résolution 242.
Avec les résolutions 181, 194, 338, 1322, 1397, 1435, la résolution du Parlement Européen du 10 Avril 2002, l’avis de la Cour Internationale de Justice de La Haye du 9 Juillet 2004 entériné par la résolution ES-10/15 du 20 Juillet 2004 de l’Assemblée générale de l’ONU, avec les rapports de Jean Ziegler en 2003 et John Dugard en 2006 dénonçant la situation humanitaire terrible en Palestine du fait du gouvernement israélien, il s’agit d’ une partie de l’ensemble éloquent des textes officiels condamnant la politique suivie patiemment par l’état d’Israël. Alors qu’on nous rappelle chaque date qui ponctue la Shoah , qui en parle dans nos médias ?
Je vous remercie de faire que l’information soit plus objective sur les chaînes publiques et vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes sentiments distingués