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Paix et Justice au Moyen- Orient (volet N° 37)
Aujourd’hui : Moyen-Orient sous pression, Liban sous tutelle
Notre rubrique géopolitique
dimanche 3 juin 2007
Strasbourg, le 3 juin 2007
La guerre du Liban de juillet-août 2006 n’est pas terminée. Cette guerre, dont l’objectif affiché était de « briser la colonne vertébrale militaire du Hezbollah » afin de « changer la carte politique du Liban » n’a pas atteint ses objectifs.
Plus tard, l’évolution de la situation permit de constater que l’armée israélienne n’était qu’un simple exécutant du projet américain de créer le « nouveau Moyen-Orient ». G.W.Bush alla jusqu’à déclarer que le Proche-Orient se trouvait à un « moment charnière de son histoire ».
Malgré la destruction d’une grande partie des infrastructures du Liban par l’aviation, la marine et l’artillerie israéliennes, causant la mort de 1183 civils libanais, les appels à la cessation des hostilités étaient rejetés par l’administration Bush qui croyait pouvoir en finir avec la résistance libanaise. Un mois et demi après le déclenchement de la guerre, la crainte de l’enlisement de son armée, fragilisée par la résistance libanaise, poussa Israël ainsi que son parrain américain à accepter l’arrêt des combats.
Le Liban conserva sa souveraineté politique, bien qu’atteint dans son intégrité territoriale. Les fermes du Chebaa restent toujours occupées, les eaux de ses fleuves sont pompées par Israël, ses côtes sont « surveillées » par les marines israélienne et allemande, le Sud Liban est occupé par près de 15000 militaires venus du monde entier et son espace aérien est violé quotidiennement par l’aviation israélienne.
Il est vrai que le conflit au Moyen-Orient et surtout au Liban, jeune et petit pays dépourvu d’une armée digne de ce nom et enclavé entre la Syrie et Israël, prend immédiatement des proportions mondiales. La majorité, composée de riches hommes d’affaire, comme Hariri, liés aux milieux financiers internationaux, s’appuie sur l’Occident qui détient les rênes des finances mondiales ; alors que l’opposition, soucieuse de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du Liban, s’appuie sur les forces anti-colonialistes du Moyen-Orient dont l’Iran et la Syrie. Il est d’usage de parler de « majorité pro-occidentale » ou d’« opposition prosyrienne ».Sont-elles pour autant, l’une ou l’autre, vassalisées par l’Occident ou par la Syrie et l’Iran ? Mise à part une petite frange de chaque camp, il est difficile aujourd’hui, de parler de la soumission desdits courants à l’Occident ou à la Syrie et l’Iran, et ce, malgré les tentatives présentes et à venir des soutiens étrangers de tel ou tel camp (majorité ou opposition) de vassaliser les courants politiques libanais, en commençant par les chef politiques et leur lieutenants.
C’est ce qui se passe actuellement au Liban. Lors de l’agression israélienne du Sud Liban, l’armée libanaise n’a opposé aucune résistance. C’est l’opposition qui s’est battue contre l’armée d’invasion israélienne. De ce fait, la notoriété de l’opposition patriote a augmenté auprès des Libanais. L’opposition réclame plus de pouvoir au sein du gouvernement, ce que la majorité refuse. C’est le blocage des institutions. Profitant de ce blocage, l’Occident, très exactement les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, s’engouffre dans la brèche pour tenter de mettre la main, une nouvelle fois, sur le Liban. L’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU, mercredi 30 mai, de la constitution du « tribunal Hariri » à caractère international, conduit à mettre le Liban sous tutelle des trois puissances occidentales. L’exemple de la Serbie, démembrée et réduite à sa portion congrue, par un « tribunal » à caractère international, montre l’efficacité d’un tel « tribunal ». Le Liban suivra-t-il le même chemin que la Serbie ?
Tout porte à croire que la majorité, affaiblie suite à la guerre de juillet-août et portée par l’affairisme, donc désintéressée de la souveraineté judiciaire et politique libanaise, applaudisse des deux mains la constitution du « tribunal Hariri ». Elle voit dans ledit « tribunal » un « soutien international » non négligeable dans le bras de fer avec l’opposition. La majorité, consciente des enjeux judicaires et politiques du « tribunal », néfastes pour la souveraineté du Liban, préfère-t-il la soumission à l’Occident plutôt que la confrontation démocratique avec l’opposition ?
L’aspect hautement politique du « tribunal » ressort de l’analyse de Robert Malley, Directeur de l’International Crisis Groupe, et de Peter Harling, Consultant à l’International Crisis Groupe : « Vu des Etats-Unis, le Liban est une pièce sur un échiquier à dimension régionale ; la partie qui s’y joue vise à affaiblir un axe Hezbollah-Syrie-Iran » (Le Monde du 02 juin 2007). Pour ces analystes : « La France notamment semble aveugle. (…) La France, qui semble foncer tête baissée vers la confrontation ».
Actuellement, l’armée libanaise bombarde à l’arme lourde le camp palestinien de Nahr el Bared dont la superficie est de 2 km2. Les groupuscules fondamentalistes Asbat al- Ansar et Jund as-Sham du camp Aïn Héloué attendent, peut-être, leur tour. L’armée israélienne met la bande de Gaza à feu et à sang et des opérations clandestines américaines, contraires aux traités internationaux, se déroulent fréquemment au Sud- Est et à l’Ouest de l’Iran.
Le Moyen-orient est sous pression et les réactions de défense contre l’ingérence des puissances colonialistes occidentales se multiplient. La région, transformée en poudrière, est prête à exploser à tout instant.
Le Moyen-Orient n’est pas les Balkans et vouloir le soumettre (il s’agit bien du Moyen-Orient, en commençant par le Liban) par un « tribunal » à caractère international aux ordres des puissances colonialistes occidentales, par des actes de sabotage dans des pays souverains ou par des assassinats ciblés et des blocages de territoires, c’est faire preuve, une fois de plus, d’une méconnaissance de la région, lourde de conséquences
Le comité de rédaction