Accueil > Rubriques > Paix et Justice - Géopolitique > Aujourd’hui : La prochaine guerre du Liban a-t-elle déjà commencé (...)

Paix et Justice au Moyen- Orient

Aujourd’hui : La prochaine guerre du Liban a-t-elle déjà commencé ?

Notre rubrique géopolitique

dimanche 27 mai 2007

STRASBOURG, le 27 mai 2007

Selon des informations circulant sur le net, informations « ignorées » par la presse officielle, porte parole des chancelleries, les membres de Fatah al-Islam, milice sunnite intégriste retranchée dans le camp palestinien de Nahr el Bared, « sont originaires d’Arabie Saoudite, du Pakistan, d’Algérie, d’Irak, de Tunisie, et d’autres pays encore. Il n’y a pratiquement pas de Palestiniens chez eux, mis à part quelques glandouilleurs. (…) Ils sont payés par le Mouvement du futur de Saad Hariri qui met sur pied des cellules terroristes islamistes sunnites qui devaient servir de couverture aux projets anti-Hezbollah du club Welch, du nom d’un conseiller de la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice ».

Ce n’est un secret pour personne que depuis toujours, pour perpétuer leur domination, les colonialistes et les gouvernants des pays composés d’ethnies, jouent avec les tensions interethniques. Formées de déshérités, de lumpens et autres voyous, armées, logées, nourries par les puissants, les milices interviennent au moment voulu comme précurseurs d’une guerre interethnique, suivie de massacres et de destructions, épargnant les gouvernants, les vrais responsables et causes des problèmes sociaux.

Pour chasser les Soviétiques d’Afghanistan, la CIA et les services de sécurité pakistanais avaient lancé le « djihad » anti-communiste en se servant des fanatiques musulmans, des marionnettes au service des intérêts géostratégiques occidentaux, formés dans des écoles coraniques pakistanaises financées par l’Arabie saoudite.

Au Cachemire, tout indique que le gouvernement pakistanais se sert des « djihadistes » bornés pour tuer des indous traités d’« impurs ». En Irak, les attentats perpétrés par des kamikazes sunnites contre les chiites et vice-versa font les gros titres de la presse occidentale, alors qu’il faut fouiller dans les articles traitant de la guerre d’Irak pour découvrir qu’il y a également des pertes américaines : 103 militaires américains et assimilés morts en avril et 90 en mai, selon les « chiffres officiels » communiqués par les Américains.

Comme en Algérie où les services gouvernementaux organisent des attentats contre des civils, d’aucuns voient la main des services américains derrière les attentats ethnico- religieux en Irak. Il est à souligner qu’on n’entend jamais les autorités religieuses irakiennes souffler sur la braise de la haine religieuse. Pourtant, à l’instar de l’imam chiite Moqtada Al-sadr, elles tiennent des discours politiques anti-américains, peu relatés par la presse.

Pour diviser l’opposition multiethnique, tout porte à croire que le Fatah al-Islam du camp palestinien de Nahr el Bared a pour rôle de servir de précurseur de guerre interreligieuse au Liban. Or l’expérience de l’organisation Al Qaida, montée par la CIA pour combattre les Soviétiques, montre que les « marionnettes » peuvent se retourner contre leur mentor. Sera-ce le cas au Liban ? Toujours est-il que, vu la radicalisation montante au Moyen-Orient, les sentiments anticolonialistes peuvent l’y emporter sur les tensions interethniques.
D’autant plus que, selon certaines informations, les gens du Fatah al-Islam, anciens combattants d’Afghanistan et d’Irak, doivent avoir un minimum de conscience politique. Dans une analyse très intéressante, Hussein Agha, professeur chargé d’étude sur le Proche-Orient à l’université d’Oxford, écrit : « Rien n’aura autant affaibli la force de dissuasion israélienne que la performance américaine en Irak- performance qui sert d’inspiration pour les ennemis d’Israël, désormais convaincus que même la force militaire la plus puissante du monde peut être mise à genoux ». Un affaiblissement qui contribuera à « radicaliser » l’opinion publique des pays arabo-musulmans (Le Monde du 25 mai 2007).

Au Liban, la composition de l’opposition montre que les sentiments politiques l’emportent largement sur les tensions interethniques : chiites, sunnites et chrétiens forment l’opposition au gouvernement de Fouad Siniora, uni à Samir Geagea, à Saad Hariri et à Walid Jumblat, tous membres du fameux « Club Welch », qui, avec le retournement éventuel du Fatah al-Islam, pourrait subir un échec cuisant. La famille Hariri soutient d’autres groupes fondamentalistes : Asbat al- Ansar et Jund as-Sham, groupuscules fondamentalistes du camp de réfugiés de Aïn Héloué. Vont-il suivre l’exemple du Fatah al- Islam ?

Plus troublant, c’est l’aide militaire urgente envoyée par les Etats-Unis à l’armée libanaise (60000 hommes), qui dispose de suffisamment d’armes lourdes et légères pour venir à bout d’un groupuscule assiégé dans un camp de réfugiés de 2 km2 ! A son tour, la France « est également disposée à satisfaire une éventuelle demande de coopération militaire sous forme de fourniture d’équipements légers » (Le Monde du 26 mai 2007). L’affaire du Fath al-Islam prend une importance telle que le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner s’est rendu jeudi 24 mai à Beyrouth pour une visite de « solidarité » avec le Liban. Que se cache-t-il derrière cette agitation ? Y a-t-il un lien avec le vote de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, qui, en votant la loi de financement de la guerre en Irak, affiche son unité provisoire avec l’administration Bush ?

Avec ce vote, « l’heure de vérité » de l’administration Bush au Moyen-orient sera repoussée en septembre. Quatre mois pour inverser la tendance à la déroute des Etats-Unis au Moyen-Orient. Quatre mois pendant lesquels les Etats-Unis et son allié israélien, voulant rétablir leur autorité régionale bafouée, essaieront-ils d’en découdre une fois de plus avec les mouvements islamistes (le Hamas, le Hezbollah,…), seuls vrais dangers pour Israël et la présence américaine dans la région ? La prochaine guerre du Liban a-t-elle déjà commencé ? La question mérite d’être posée.

Le comité de rédaction