Accueil > Rubriques > Paix et Justice - Géopolitique > Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, Président de la République

Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, Président de la République

jeudi 24 mai 2007

Monsieur le Président,

Comme vous, mon entourage et moi même avons été trés émus par la cérémonie qui s’est déroulée, lors de votre prise de fonction, à la mémoire des jeunes résistants qui, voici plus d’un demi-siècle, ont donné leur vie pour la libération de notre pays.

De même, j’approuve personnellement votre décision de faire lire la lettre de Guy Mocquet dans toutes les classes des collèges et(ou) lycées lors de la prochaine rentrée des classes.

La critique de cette décision ne peut avoir que des raisons politiciennes et est donc dérisoire face à l’exemplarité civique que constituera l’audition par chaque adolescent(e) du contenu de cette missive qui passera certainement à la postérité.

Par ailleurs, militant parmi des milliers d’autres, pour la liberté, la justice, le respect des droits humains, je suis, chaque jour, profondement choqué, révolté, non seulement par la situation inique dans laquelle se trouve le peuple palestinien , mais également par la chappe de silence qui, jusqu’à présent, pesait sur la réalité des faits et sur la façon partisane dont les moyens d’information traitent de cette problématique.

Ce matin même en apprenant l’arrestation par l’armée israélienne d’occupation de maires, de députés et d’un ministre démocratiquement élus, j’ai revécu, en pensées, le cauchemar qui a été le mien quand, à l’âge de 8 ans (je suis né en 1935) j’ai assisté, entre autres, à l’arrestation puis à la torture quasi publique d’innocents arbitrairement arrêtés par la gestapo dans un petit village de la Meuse.

Ce n’est pas rendre service à Israël que de lui assurer par un silence, certes peut-être gêné, mais un silence tout de même, une sorte d’impunité qui ne peut que l’encourager dans cette voie qui bafoue toutes les lois et conventions internationales.

En tant que Président de tous les Français, qui, vous nous l’avez assuré, vous sont chers, vous ne pouvez douter que leur sens de l’indépendance, de la liberté, de la justice, serait profondément heurté si la réalité de la situation leur était livrée objectivement telle que l’exige le droit à l’information.

Malheureusement, la manipulation des mots, faisant, par exemple, qu’un résistant devient un terroriste, formate l’opinion publique qui risque de se réveiller brutalement un jour lorsqu’elle réalisera qu’elle a été dupée.

Ne vaut-il pas mieux faire en sorte que, sur la base de la vérité des faits et, sans préoccupation politicienne à court terme, l’opinion publique française, récemment mobilisée à un niveau record, soit considérée comme adulte, digne de « savoir » ?

Monsieur le Président de la République, vous avez le pouvoir de faire cesser cette occultation et ces manipulations et d’obliger à rompre avec ces pratiques indignes à durée de vie éphémère.

En tant que citoyen, je sollicite de vous même et de votre gouvernement une action dynamique, exemplaire, incontestable parceque basée sur le Droit international mais aussi, si nécessaire, sur le « devoir d’ingérence », en d’autres temps, prôné par votre Ministre des Affaires étrangères. La majorité citoyenne de la France ne pourra que vous en savoir profondement gré.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma plus haute considération.

Michel Flament
Strasbourg, le 24 mai 2007