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Paix et Justice au Moyen-Orient (volet N° 35)

Aujourd’hui : Moyen-Orient, Palestine : Le vent tourne

Notre rubrique géopolitique

mercredi 23 mai 2007

Edition spéciale

Strasbourg, le 23 mai 2007

Depuis le 11 mai, des « combats fratricides » font rage à Gaza.

D’aucuns pensent que ces combats résultent de « calculs imbéciles » (éditorial du Monde du 18 mai 2007).

Certes, face à l’ennemi sioniste qui fait saigner la Palestine à blanc ; face à une « communauté internationale » plus que complaisante à l’égard d’Israël et de ses attaques incessantes contre les civils aussi bien que contre les infrastructures palestiniennes ; bref, face aux velléités occidentales pour étouffer dans l’œuf toute possibilité de création d’un Etat palestinien, on serait tenté de souhaiter la paix entre fractions armées.

Or la question que l’on ne se pose pas c’est de savoir pourquoi le Hamas, le mouvement de résistance islamique, a pris une importance telle qu’il met en danger l’existence même du Fatah, qui a tant fait pour la Palestine et la dignité des Palestiniens ?

Force est de constater que la naissance et la montée en puissance du Hamas traduit l’incurie et l’incapacité du Fatah et de ses soutiens internationaux qui n’ont pas voulu répondre aux aspirations légitimes du peuple palestinien.

L’Occident et Israël ne veulent pas d’un Etat palestinien. Ils veulent d’un territoire sous contrôle, d’une sorte de bantoustan sous perfusion, dépendant des ONG occidentales, statut accepté par une partie du Fatah de Mahmoud Abbas mais que refuse les Palestiniens.

Il faut souligner que le Fatah de Mahmoud Abbas n’a pas les mêmes objectifs que le Fatah de Yasser Arafat. Ce dernier, partisan sans concession de la création d’un Etat palestinien, a été marginalisé, humilié dans son QG de Ramallah par l’armée israélienne, soutenue par les colonialistes américains qui songeaient à étendre la domination sans partage des Etats-Unis à tout le « Grand Moyen-Orient ». Après la mort de Yasser Arafat et l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Abbas, plus conciliant avec Israël, l’Occident a cru pouvoir atteindre ses objectifs de « bantoustanisation » de la Palestine. C’etait sans compter avec la volonté du peuple palestinien, avide de sa souveraineté et de son Etat.

La montée en puissance du Hamas répond à l’attente historique des Palestiniens, attente qui tarde à se concrétiser.

L’accord de la Mecque du 8 février 2006 entre le Fatah et le Hamas pour former un gouvernement d’union nationale, avait fait naître, auprès des Palestiniens, hantés par la peur de la guerre civile, l’espoir d’une paix durable. C’était oublier que la situation en Palestine se doit d’être analysée dans le cadre des rapports de force aussi bien à l’échelle internationale qu’à l’échelle régionale.

L’accord de la Mecque n’a marqué qu’un répit, dans la longue guerre menée par les Etats-Unis pour dominer la région.

Sitôt l’accord conclu, les Etats-Unis ont entrepris le renforcement de l’appareil militaire du Fatah : « Le congrès des Etats-Unis a débloqué, mardi 10 avril, l’attribution d’une aide de 59,8 millions de dollars (45 millions d’euros) aux forces loyales au chef de l’Autorité palestinienne, explicitement destinée à lui permettre de renforcer sa position face au mouvement de la résistance islamique (Hamas) », écrivait Sylvain Cypel, Le Monde du 12 avril 2007.

En effet, les nuages s’amoncellent au-dessus des Etats-Unis. Rien ne va plus en Irak. Acculés, les Américains dialoguent officiellement avec l’Iran, leur ennemi juré, qui tient tête à l’Occident. Nancy Pelosi, le chef du Parlement américain s’est entretenue en Syrie avec Bachar Al- Assad. De son côté, la Russie contre-attaque et Poutine, président russe, s’en prend aux Etats-Unis en évoquant « des Etats aux prétentions à l’hégémonie mondiale » comme à « l’époque du troisième Reich » (Le Monde du 17 mai 2007).

Autrement dit, les Etats-Unis ne font plus peur. Selon l’ancien ministre israélien Yossi Beilin : « L’aggravation du conflit au Moyen-Orient est le symbole éclatant de l’affaiblissement de la puissance américaine ».

Les rapports de force évoluent lentement, mais sûrement, en faveur des forces anticolonialistes. C’est sous cet aspect qu’il faut analyser les bombardements des forces du Hamas par l’aviation israélienne, soutien on ne peut plus clair au Fatah.

Tout porte à croire que les combats entre le Fatah et le Hamas continueront jusqu’à la victoire finale de ce dernier. Les éventuelles trêves ne serviront qu’à la réorganisation des forces en présence. Cette lutte s’inscrit dans le cadre de la « quatrième offensive de l’Histoire moderne » développée dans le communiqué n°33 du 13 mai 2007.

Actuellement, un combat a lieu entre un camp de réfugiés palestiniens dans le nord du Liban et l’armée libanaise. Malgré des « informations » émanant de sources officielles contrôlées par les colonialistes et leurs suppôts, faut-il y voir un lien avec le combat qui oppose le Fatah au Hamas ? S’agit-il d’un mouvement de révolte des Palestiniens qui risque de s’étendre à tous les camps de réfugiés ?

L’instabilité régionale, liée à l’ingérence des colonialistes anglo-américains au Moyen-Orient, continuera et s’accentuera avec l’affaiblissement des Etats-Unis et de leur allié israélien, suivi du renforcement de l’Iran, de la Syrie, des mouvements de la résistance anticolonialiste en Irak, en Palestine, en Afghanistan, au Liban et l’approche des élections présidentielles américaines en novembre 2008.

La défaite soviétique en Afghanistan s’est traduite par l’écroulement de l’Union soviétique. Allons-nous être témoins de l’écroulement de l’Empire américain suite à sa défaite en Irak ?

Le comité de rédaction