Accueil > Rubriques > Paix et Justice - Géopolitique > Une attaque raciste

Révélation stupéfiante.............. !!!!!!

Une attaque raciste

Yair Sheleg - Ha’aretz

lundi 2 avril 2007

dimanche 1er avril 2007

Les juifs de France n’ont pas d’avenir en France avec la montée des musulmans et des noirs, selon Finkielkraut de passage en Israël.

Le philosophe juif français, Alain Finkielkraut ne veut pas révéler pour qui il votera aux élections françaises prochaines. Mais ce qu’il dit en bien du candidat de la droite, Nicolas Sarkozy ne laisse aucun doute sur son choix : « Sarkozy réussit parce qu’il n’utilise pas le politiquement correct quand il parle. Il dit la vérité et les gens l’écoutent mais il est décrit comme un fasciste d’abord par la Gauche, et maintenant par le Centre. Il pourrait être élu, mais peut-être sera-t-il battu en raison de son image de fasciste. Par exemple, quelqu’un a pronostiqué son échec à la télévision parce qu’il ne peut pas être accepté dans les banlieues. Comme si c’était sa faute et non celle des manifestants violents [des banlieues]. »

Finkielkraut est une star des médias en France. Il y a un an, l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur l’a décrit comme l’un des cinq intellectuels « exceptionnels » qui représentent « la nouvelle droite » (trois d’entre eux sont juifs : Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann) et qui sont les équivalents français des néo-conservateurs américains. Ils avaient débuté leur carrière publique dans la « nouvelle gauche » avec la révolte des étudiants en mai 1968, mais 40 ans plus tard, la gauche les inquiète, avec ses tendances dominantes telles que les décrit Finkielkraut : l’émiettage du nationalisme français et la légitimation des minorités (musulmanes et noires principalement) qui s’opposent à lui.

Il est arrivé la semaine dernière en Israël pour faire une conférence à l’université de Tel Aviv sur sa philosophie et pour présenter la traduction en hébreu de son livre « L‘avenir d’une négation » (Rubin Mass Ltd). Quand ce livre a été édité en France en 1982, il relevait des attitudes d’antisémitisme - notamment la négation de la Shoah - au sein de la gauche européenne.

Finkielkraut a tenu une réunion portes closes avec les personnalités publiques locales et les intellectuels, à l’invitation de l’institut juif de politique de la population de Jérusalem. Ce qu’il a dit sonnait familièrement aux oreilles des Israéliens : « Au 20ème siècle, ils n’ont pas aimé les juifs parce qu’ils n’en faisaient pas partie. Maintenant, surtout en Europe, le post-nationalisme est populaire et la démocratie moderne doit transcender les différences nationales. Le paradoxe est que cette idéologie est née à Auschwitz, mais maintenant, ce sont les juifs qui sont en train de devenir sa victime (parce que l’on demande qu’Israël renonce à son identité - Y.S.)

« Quelques juifs français pensent que renoncer à l’identité nationale est bon pour eux, parce que, soi-disant, le statut de chaque groupe pourra s’améliorer. En ef-fet, le CRIF (conseil représentatif des juifs de France - Y.S.) tient un dîner annuel où assistent tous les ministres du gouvernement, là, il leur dit ce qu’ils ont fait de bon ou de mauvais pendant l’année qui vient de s’écouler. Mais le post-nationalisme est une approche très dangereuse, parce qu’il décompose la société en « facteurs » et pour les juifs cela n’est certainement pas bon. Il y aura un futur en France pour les juifs à la seule condition que la France reste une nation, mais il n’y a aucun futur pour les juifs dans une société multiculturelle, parce qu’alors la puissance des groupes anti-Juifs est amenée à grandir de plus en plus. »

Bien qu’il soit un républicain zélé et dévoué à l’identité nationale française, Finkielkraut dirige un programme hebdomadaire sur une radio juive « sectaire » « parce qu’il est difficile de partager son intérêt pour Israël avec des non-juifs. Israël, après tout, est considéré comme une puissance régionale, et les gens [en France-NdT]ne comprennent pas que l’on s’en préoccupe. »

Réductions simplistes
Un autre « diagnostic » de Finkielkraut est celui de « la réduction simpliste de la politique à deux forces opposées. » Selon lui « en France, c’est la bougeoisie contre les immigrés, et n’importe qui, qui dit quoi que ce soit contre des immigrés est considéré comme un raciste... Alors que le christianisme peut constamment être attaqué, il est interdit de dire le moindre mot déplacé au sujet de l’Islam, parce que c’est la religion des opprimés et si vous dites quoi que ce soit, vous êtes traité de raciste. Les gens ne voient pas également la complexité des conflits nationaux, mais ils les interprètent plutôt comme du racisme. Ainsi les Palestiniens ont beaucoup de raisons de se plaindre d’Israël, mais cela devient un problème quand les gens cessent d’y voir un conflit national pour le considérer comme du racisme et de l’apartheid. »

Il a également parlé du danger du « politiquement correct » qu’il décrit comme un simple « refus d’accepter les faits. Par exemple, il y a un « problème de réfugiés » en France » et selon lui, il a été sévèrement critiqué l’année dernière et en partie « parce que [il a] essayé de briser la négation de ce problème ».

Finkielkraut a soulevé une « tempête » après une entrevue donnée au Haaretz en novembre 2005 au sujet du poids des musulmans dans les émeutes des banlieues françaises. Il a durement rejeté les excuses de quelques cercles de la gauche et de leur tentative « à expliquer » les émeutes par une explosion sociale, au lieu de les voir comme une expression claire de la haine pour la France et l’Occident.

Durant toute sa visite cette semaine, Finkielkraut n’a manqué aucune occasion pour rejeter les déclarations qui lui sont prêtées, notamment dans l’entrevue précédem-ment citée - y compris la comparaison implicite à Jean-Marie Le Pen et les mots durs qu’il prétend ne pas avoir employés tels que « barbares » quand il a décrit les émeutes. Dror Mishani, qui a conduit l’entrevue, indique que le mot était « sauvage » et non « barbare » et il insiste pour dire que Finkielkraut l’a en effet employé. Par ailleurs, Mishani se demande pourquoi cette entrevue particulière, dans laquelle Finkielkraut a répété des choses et émis des avis qu’il avait souvent faits en France, a soulevé tant de vagues.
Après la publication du résumé de cette entrevue en France, Finkielkraut a été à plusieurs reprises traité de « raciste. » « Il y a même une semaine, quand je suis venu donner une conférence sur l’effondrement du système d’éducation français, un groupe de manifestants attendait pour exiger que ’la conférence du raciste’ soit annulée » dit-il. « Après la publication de l’entrevue, j’a eu une conversation difficile avec le directeur de l’Ecole Polytechnique, où j’enseigne depuis 20 ans, et il m’a dit : ‘Vous avez fait des excuses, et nous avons accepté vos excuses’ ; la vérité est que je n’ai pas fait d’excuses, mais j’ai senti que tout ce que j’avais fait là, y compris un livre de mes conférences que je venais d’éditer, tout cela n’a pas compté, et ils voulaient juste se débarasser du professeur raciste.

Ceux qui étaient présents à la réunion portes closes, n’ont pas été gênés par le contenu de l’entrevue [donnée au Haaretz en 2005 - trad]. Au contraire, tous ou presque trouvaient les positions de Finkielkraut conformes à leurs propres positions. Deux des participants, Emmanuel Sivan et Israel Harel, ont été surpris par sa détresse devant la critique... Sivan a comparé cela aux années 50, quand le philosophe Raymond Aron n’a pas hésité à soutenir un retrait de la France de l’Algérie, non pour des raisons morales, mais plutôt pour des raisons économiques.
Finkielkraut a compris la comparaison comme une référence à l’ère du maccarthisme et il a répondu : « Dans l’ère communiste, même lorsque vous avez été attaqué, quelqu’un peut vous défendre. Mais quand vous êtes traité de raciste, il n’y a aucun refuge. Personne ne va vous soutenir. »

Entrer dans le Panthéon de l’hébreu
Quelques jours après la Pâque, la nuit qui suit la commémoration de l’holocauste, la première conférence internationale des auteurs juifs ouvrira ses portes à Jérusalem : 25 environ auteurs israéliens, parmi lesquels Dov Elboim, Shimon Adaf et A.B. Yehoshua et environ 30 auteurs de l’étranger, y compris Albert Memmi de France et Jonathan Rosen des Etats-Unis, seront présents. Par ailleurs, les auteurs israéliens qui n’écrivent pas en hébreu participeront également, comme Maya Kaganskaya, qui écrit en russe, et Eliezer Papo, qui écrit en judéo-espagnol.

L’organisateur de la conférence (Kisufim) est Hava Pinchas-Cohen, un poète et un rédacteur du journal Dimui. Elle a constaté qu’en dépit de la variété de langues et de cultures dans lesquelles les auteurs juifs travaillent, ils ont un certain nombre de points communs : « Tout d’abord, et quelque que soit la littérature juive de Suède ou d’Amérique du Sud, l’holocauste occupe une place considérable de façon explicite ou implicite. Je sens également qu’en raison de l’holocauste, il y a un urgence presque désespérée de raconter une histoire biographique, une histoire familiale ou personnelle, comme pour dire : bien que j’ai été déporté et que l’on ne m’a pas donné une place dans ce monde, j’ai un passé et j’ai des racines. »

Une « autre chose - et ceci est naturellement une généralisation abusive - j’estime que la littérature juive à l’étranger manque de cadre. Cela peut être le contexte, mais il n’est pas central car les personnages sont plus significatifs. Cela devient évident une fois comparée à la littérature en hébreu, qui est tout d’abord engagée localement. »
Pinchas-Cohen parle également de la détresse que ressentent les auteurs juifs quand ils ne sont pas traduits en hébreu et ne sont pas connus en Israel : « Ils peuvent être des auteurs très bien connus dans leurs propres pays mais entrer dans le Panthéon hébreu est très important pour eux. Je me rappelle qu’une fois, j’ai demandé à Henri Meschonnic, un important poète juif français qui ne pourra pas assister à la conférence, s’il avait été traduit en hébreu, et j’ai vu sur son visage beauoup de peine - il n’a pas été traduit, et il n’a jamais été invité à un festival en Israël. »

La conférence s’ouvrira avec une séance sur la place de d’holocauste dans la littérature juive. En outre, les auteurs discuteront de l’influence de S.Y. Agnon sur leur écriture et sur le rapport entre la littérature et l’identité juive dans le monde.

La session finale est peut-être la plus importante : que faire après ? Pinchas-Cohen espère que la réponse sera « un accès réciproque des traductions ; un bon nombre de traductions en hébreu des auteurs juifs de l’étranger, et également la traduction de la littérature hébreue dans d’autres langues, et pas seulement les best-sellers. »

28 mars 2007 - Ha’aretz - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction de l’anglais : D. Hachilif
Lire aussi, sur le site du quotidien Le Monde :