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Paix et Justice au Moyen- Orient (volet N° 21)

Aujoud’hui : Que révèle la nouvelle « crise des missiles » ?

Notre rubrique géopolitique

samedi 24 février 2007

STRASBOURG le 24 février 2007

Moscou-Washington

En 1962, l’URSS, l’une des deux « superpuissances » de la « guerre froide » avait installé des bases de missiles nucléaires à Cuba. En réponse, les USA ont rapidement décidé le blocus de Cuba et menacé de lancer une attaque contre l’île. La « crise des missiles » verra son dénouement lorsque les Soviétiques proposèrent de retirer leurs missiles contre le retrait des missiles américains installés en Turquie. 40 ans après, la même « crise des missiles » se répète en sens inverse. Sans consulter la Russie, les Etats-Unis décident seuls d’installer des boucliers antimissiles en République Tchèque et en Pologne. Pour la Russie, ce projet représente « une percée stratégique des Etats-Unis près de ses frontières. » Selon les Américains, ce système vise à protéger les troupes américaines d’une éventuelle menace balistique iranienne. Mais personne n’est dupe : c’est la Russie qui est visée en premier.

L’installation, sans consultation, de boucliers antimissiles en Europe orientale est le fait de l’unilatéralisme américain qui ne reconnaît aucun interlocuteur face à sa suprématie. Condition sine qua non d’une suprématie planétaire et sans partage, les Américains cherchent-ils à s’imposer définitivement, et pour longtemps, par intimidation, aux Russes puis aux Chinois ?

Une autre facette de cette course aux armements est le défi que lance les Etats-Unis à tous les pays du monde. A l’époque de la « guerre froide », seules deux puissances étaient en compétition militaire et technologique : les Etats-Unis et l’URSS. Aujourd’hui l’insécurité que font régner dans le monde les puissances nucléaires, en particulier les Etats-Unis, incite les pays soucieux de leur souveraineté à se lancer à leur tour dans la course aux armements. Actuellement, « une trentaine de pays disposent de missiles balistiques » et, tôt ou tard, d’autres pays en disposeront.

Les Etats-Unis sortiront-ils vainqueurs de cette nouvelle compétition à l’échelle planétaire, qu’ils ont eux-même provoquée ? De combien de missiles antimissiles auront-ils besoin ?

Riyad- Washington et l’impasse américano-israélienne

Avant le huitième voyage de Condoleezza Rice en Palestine, un grand tapage médiatique avait envahi la presse occidentale. Selon le New York Times, le plan de l’ordre du jour avait été préparé par Mme Rice et son homologue israélienne, Tzipi Livni. « Dans le langage de Rice, il y a des choses nouvelles.(…) horizon politique (…), les négociations sur un statut permanent » (Le Monde du 18-19/02/07), etc. Bref, la presse « libre » de la propagande officielle a fait croire que le champagne allait couler, la « Paix » allait être instaurée, car Condoleezza Rice voulait laisser sa marque dans l’Histoire ! C’est oublier que Mme Rice n’est qu’une simple employée zélée, au service de l’unilatéralisme, idéologie qui préfère le chaos à la stabilité (la paix), plutôt la guerre entre l’OLP et le Hamas que le gouvernement d’union nationale palestinien. Bref, tout sauf un Etat palestinien, disposant de structures réelles et de frontières sûres et permanentes. D’ailleurs, les Américains n’ont pas tardé à manifester leur « mécontentement d’un accord qui ne correspond pas franchement à leur politique d’isolement du Hamas. » (Le Monde du 18-19/02/07).

Tout porte à croire qu’en ce moment ce sont les américano-israéliens et leur unilatéralisme qui sont de plus en plus isolés sur la scène internationale. En effet l’accord de La Mecque du 8 février, instaurant le gouvernement d’unité nationale palestinien, a été conclu sous les auspices de l’Arabie saoudite, le « grand » allié arabe des Etats-Unis. L’Arabie saoudite a même été félicitée par l’administration Bush. Alors comment interpréter ce dualisme américain, tout à la fois mécontent de l’accord de La Mecque et félicitant son organisateur qui a contribué à sa réussite ? Cette contradiction montre le fossé qui se creuse entre les intérêts des tenants de l’unilatéralisme aux Etats-Unis d’une part et ceux de leurs alliés arabes du Moyen-Orient d’autre part.

Comme on pouvait s’y attendre, le huitième voyage de Condoleezza Rice à été un échec car elle n’a pas réussi à provoquer la guerre civile en Palestine. « Mahmoud Abbas a essayé de plaider, dimanche, que l’accord de La Mecque était un bon accord, que c’était le seul moyen pour éviter une guerre civile entre les deux mouvements palestiniens rivaux. » (Le Monde du 20/02/07).

Le mouvement de résistance aux manœuvres de division et de guerre civile provoquées par les Etats-Unis se renforce au Moyen-Orient. Lors de son voyage en Iran, Bachr Al-Assad, le président syrien a stigmatisé « les complots (…) à diviser des pays riches de leur histoire, de leur culture et de leur pluralisme, en mini- Etats dressés les uns contre les autres » (Le Monde du 20/02/07). C’est aussi un avertissement lancé en direction des Kurdes d’Irak qui, soutenus par les Etats-Unis et à l’image d’Israël, tentent de se constituer en un mini-Etat. Une chose est certaine : les pays voisins de l’Irak s’opposeront au partage du pays et à la création d’un « nouvel Israël » au cœur du Moyen-Orient.

Téhéran-Moscou

Vieille de plusieurs siècles, les relations russo-iraniennes, revêtent deux aspects : unité face à l’Occident prédateur et rivalité régionale. Concernant ce dernier aspect, des guerres longues et meurtrières ont opposé la Perse (l’Iran) des Kadjar à l’armée russe. Au dix-neuvième siècle la Perse capitula devant la Russie, en signant le traité de Torkmänchäï en 1828 : Téhéran céda au tsar ses provinces caucasiennes du Daghestan, d’Arménie, de Géorgie, du Nord de l’Azerbaïdjan. L’Union soviétique n’a pas épargné non plus l’Iran. Dans la continuité de la deuxième guerre mondiale, l’URSS favorisa la création des « Républiques soviétiques d’Azerbaïdjan et du Kurdistan » en Iran. Seule la menace des USA d’utiliser l’arme atomique contre l’Union soviétique poussa cette dernière à lâcher ses alliés Azéris et Kurdes.

La Russie, fragile sur son flanc sud (Caucase et autres républiques musulmanes) ne souhaite pas voir émerger un Iran puissant. Les tergiversations de la Russie pour achever la centrale nucléaire de Bouchehr ont pour objectif de favoriser l’ancrage de l’Iran à la puissance russe. C’est méconnaître l’Iran et son histoire.

Réactionnaires sur le plan idéologique, les dirigeants de la république islamique sont de fins stratèges : ils sont manœuvriers, savent faire la guerre (c’est très important !), et tiennent compte des rapports de force qui leur sont actuellement favorables. Les manœuvres d’intimidation des Américains, britannique, Israéliens ou Russes ne peuvent pas les détourner de leurs objectifs : préserver la souveraineté de l’Iran qui se confond avec leurs intérêts économiques et politiques et l’aspiration de la nation. Le développement de la technologie militaire nationale répond au souhait de la nation de compter sur ses propres forces afin de faire face aux chantages des puissances technologiques. Plus dangereux pour la classe dirigeante que les menaces extérieures, c’est le mécontentement intérieur qui peut venir à bout d’un régime au service des nantis et des riches bazaris.

Le comité de rédaction