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Paix et justice (volet N° 19)

La guerre froide est-elle vraiment finie ?

Notre rubrique géopolitique

samedi 17 février 2007

Strasbourg, le 17 février 2007

A qui profite l’exacerbation des tensions inter-ethniques au Liban ?

Après l’effondrement de l’URSS en 1991, l’Occident, mené par les Etats-Unis, a reconquis systématiquement tous les pays de l’ancien pacte de Varsovie.

La reconquête avait commencé par l’ex-Yougoslavie qui a été morcelée avec les bénédictions du Vatican et la Serbie, colonne vertébrale de l’ex-Yougoslavie, fut décomposée puis coupée de la mer. Les autres pays d’Europe de l’Est ont été phagocytés et « intégrés », soit à l’OTAN, soit à l’Union européenne. Au sein de cette dernière, ils sont méprisés et considérés comme des « ateliers » bon marché, centres de loisirs, exportateurs de main d’œuvres ou comme pays hébergeant des bases militaires américaines.

Un accord « historique » a été signé à Bucarest entre Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat américaine et son homologue roumain Razvan Ungureanu, octroyant quatre sites permanents aux Etats-Unis. « L’armée américaine aux portes de l’ex-URSS » notait les « Dernières Nouvelle d’Alsace » (DNA) du 08/12/2005. L’offensive américaine ne s’est pas arrêtée là. A l’aide des ONG américaines, deux autres pays, la Géorgie et l’Ukraine, anciens membres de l’URSS, ont été récupérés par l’Occident. « Après Israël et l’Egypte, l’Ukraine est le troisième pays bénéficiaire de l’aide américaine. » (Le Monde du 29/11/2004). La mer Noire, jadis « mer russe », s’est transformée en « mer américaine ».

Des « ONG » américaines ont joué un rôle important lors des « révolutions » de couleur dans les ex-pays du pacte de Varsovie. « Freedom House » est l’une des ces « ONG », très active en Ukraine. Elle est dirigée par James Woolsey, un ex-directeur de la CIA et proche du courant néoconservateur du Parti républicain.

L’affaire de la compagnie pétrolière Ioukos est un autre volet de l’offensive américaine : avec la victoire de celle-ci, la cotation de Ioukos à la bourse de New York et à celle de Londres aurait privé la Russie de sa souveraineté.

Sans vouloir épiloguer sur la nature du régime actuel en Russie, Poutine a sauvé, en quelque sorte, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’ex-Empire, mais n’a pas pu empêcher son encerclement par l’OTAN et par des bases américaines : des boucliers antimissile en République Tchèque et en Pologne s’installent. La Russie provoque encore et toujours la crainte de l’Occident qui voit en elle une puissance mondiale potentielle

En 2001, les Américains se sont retirés du traité ABM (missiles antibalistiques,) signé en 1972 avec l’Union soviétique. Ce traité interdisait la mise en place de boucliers antimissiles.

Devant l’agressivité croissante des Etats-Unis, la Russie pouvait-elle rester les bras croisés ?

Moscou a réagi en dénonçant le traité Start II et la course aux armements a repris de plus belle. Le chef du Kremlin a affirmé que la Russie serait bientôt dotée de nouveaux systèmes d’armements « qui n’existent pas et n’existeront pas dans les prochaines années chez les autres puissances nucléaires. » (Le Monde du 19/11/2004).

Les spéculations vont bon train pour décortiquer le message de Poutine. D’aucuns pensent qu’il s’agit d’ « une nouvelle version mobile, de missiles Topol-M, qui n’existe actuellement qu’à l’état fixe, installés dans des silos ». D’autres spéculent sur le nouveau missile à lancement maritime « Boulava », dont les premiers essais ont eu lieu en 2005.

Il est à souligner qu’à l’étape actuelle des progrès technologiques, aucun missile antimissile n’est fiable. « Même les Américains ne sont pas capables de détruire un missile balistique dans sa phase de lancement » explique Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relation internationales et stratégique (Iris), cité par « Le Nouvel Observateur » du 8-14 février 2007.

Face à la menace américaine, la Russie tente de renforcer le potentiel militaire de l’Iran. Elle a livré à l’Iran 29 batteries de missiles capables d’intercepter des avions et des hélicoptères, des missiles de croisières ou balistiques, ainsi que des drones, à moyenne ou très basse altitude. Le Tor M-1 (le SA-15-SAM-Gauntlet, selon la dénomination de l’OTAN), qui est capable de détruire deux cibles simultanément à une distance de 1 à 12 km, est considéré comme un système antimissile extrêmement performant » (Le Monde du 07/12/05).

De leur côté, la Chine et l’Iran développent leur propre industrie d’armement, de missile et d’antimissile. L’Iran a testé avec succès un missile sol-mer d’une portée de 350 km « capable d’atteindre des navires dans le Golfe persique, la mer d’Oman et le nord de l’océan indien » ont précisé les gardiens de la révolution (DNA du 09/02/07).

Plus important et effrayant pour les Etats-Unis que les missiles, c’est l’intrusion dans le pré carré américain et l’alliance de pays opposés à l’hégémonie américaine. L’Iran, la Russie et la Chine font des investissements au Vénézuéla et dans les pays de l’Amérique Latine qui ont basculé à gauche. « Le ministre vénézuélien de la défense (a annoncé) un projet d’accord militaire pour l’entretien de la flotte aérienne vénézuélienne avec l’Iran » (Le Monde du 1/02/07). Au sujet de leurs relations avec l’Iran, un responsable du département d’Etat américain disait à juste titre que : « le problème, pour nous, n’est pas seulement nucléaire. » (Le Monde du 28/06/05).

Afin de « s’occuper » à plein temps du Moyen-Orient et de l’Iran, les Américains tentent d’apaiser leurs relations avec la Corée du Nord et le Vénézuéla. Un accord semble conclu avec la Corée du nord et G.W.Bush se déplace au Brésil les 8 et 9 mars. « Washington souhaite l’aide des Brésiliens pour rétablir le dialogue avec Caracas et pour faire baisser le ton entre les deux capitales », écrit Annie Gasnier (Le Monde du 10 février 2007).

En attendant, les provocations, attentats et autres manigances américano-israéliennes continuent au Moyen-Orient. La dernière en date est l’attentat d’Ain Alak, contre de simples citoyens, du 13 février à Beyrouth, au nom d’une soit- disant oganisation « salafiste », dont l’objectif est d’exacerber la haine et de provoquer la division ethnique et religieuse au Liban. Après la division et l’éclatement de la Serbie et de l’Irak, Le Liban, maillon faible, est dans la ligne de mire des américano-israéliens. Il s’agit de créer, à l’image d’Israël, des pays ethniquement ou religieusement « purs » au Moyen-Orient.

La Russie, la Chine, le Brésil et l’Iran sont des puissances montantes, face aux Etats-Unis. Combien de temps tiendra encore le monde unipolaire, concocté par les néoconservateurs ? Combien de destruction et de morts pour se réveiller d’un cauchemar nommé « administration de G.W.Bush » ?