Accueil > Rubriques > Paix et Justice - Géopolitique > Aujourd’hui : Une « Sainte Alliance » nommée « réalignement (...)

Paix et Justice au Moyen-Orient (volet N° 17)

Aujourd’hui : Une « Sainte Alliance » nommée « réalignement »

Notre rubrique géopolitique

vendredi 9 février 2007

Les événements politiques, les tensions et les guerres actuelles qui émaillent l’histoire du Moyen-Orient, ne tombent pas du ciel : ils sont les fruits des années de convulsions qui opposent les intérêts des peuples et des nations de la région à ceux des puissances occidentales hostiles. Pour mieux les comprendre, il est nécessaire, voire indispensable de faire un retour sur l’histoire.

Dans les années 1950, des coups d’état nationalistes permirent à l’Ēgypte, à la Syrie, à l’Irak au Yémen et à la Libye d’accéder à l’indépendance politique, en écartant les régimes corrompus et dictatoriaux à la solde de la Grande Bretagne, le grand colonialiste de l’époque. Le canal de Suez, une des trois portes d’entrée à la Méditerranée, se trouva sous contrôle du nouvel Ētat égyptien, dirigé par Gamal Abdel Nasser, chef charismatique de la nation arabe.

La perte de contrôle du canal de Suez était inacceptable pour les puissances occidentales. Une première tentative des armées britannique et française de « récupérer » le canal se solda par un échec. La guerre des six jours en 1967 leur donna l’occasion de le fermer pour de bon. Il resta impraticable pendant plus de 16 ans.

La défaite de Sadate, successeur de Nasser, pendant la guerre israélo-arabe de 1973 et sa rupture avec l’Union soviétique, suivie de son rapprochement avec les Ētats-Unis, permirent la réouverture du canal. L’Ēgypte devint dès lors un Ētat « ami », donc « fréquentable », récupérant au passage le SinaÏ. L’Ēgypte n’était plus menacée par la destruction colonialiste. Car elle avait conclu un « accord de paix » humiliant avec Israël en 1979.

Ēconomiquement, l’Egypte s’est transformée en « paradis touristique » bon marché de l’Occident et peut exporter vers le marché américain des produits des ZIQ (Zones industrielles qualifiées). Il s’agit de zones situées entre Israël et l’Ēgypte qui fabriquent des produits devant comporter au moins 11,2% de composants israéliens ! Au départ, l’Ēgypte avait refusé de signer un tel accord colonialiste avec l’Ētat d’Israël. Mais les « pressions amicales » des Ētats-Unis l’y ont contraint (Le Monde du 16/12/2004). Voilà que nous apprenons qu’en 2007, « l’Ēgypte perçoit les dividendes de la libéralisation de son économie ». Comme toutes les économies de type néo-colonial, il y a un hic ! Selon la Banque mondiale :« Le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté est monté à 19,6% pour l’année fiscale 2005-2006, contre 16,7% en 2001. » Il ne s’agit que d’une estimation.

D’autre pays du Moyen-Orient comme l’Arabie saoudite ou le Koweït ne sont pas menacés, non plus, de destruction colonialiste. Ces pays hébergent des bases militaires américaines et les pétrodollars du Koweït et de l’Arabie saoudite retournent aux Etats-Unis pour créer de la richesse chez l’Oncle Sam. Ainsi les Saoudiens ont-ils investi, plus de 400 milliards de dollars dans l’économie américaine. Ce qui représente 7% du PIB (produit intérieur brut) américain. De souveraineté politique ou économique, ces pays n’ont que le mot. L’Ēgypte, l’Arabie saoudite ou le Koweït sont appelés « pays modérés », car satellisés économiquement et serviles politiquement. Ces pays participent à toutes sortes de coalition, dans l’intérêt des Ētats-Unis et contre leur propre peuple et ceux de la région.

Durant l’occupation de l’Afghanistan par les Soviétiques, l’Arabie saoudite a secouru les Ētats-Unis en finançant en Afghanistan, au Pakistan et en Europe la construction d’écoles coraniques et de mosquées intégristes, centres de diffusion de la haine et de l’intolérance.

Actuellement empêtrés dans des guerres meurtrières et coûteuses en vie humaine en Irak et en Afghanistan, les Ētats-Unis tentent de « mobiliser » leurs « amis » saoudiens, égyptiens et israéliens dans une sorte de « Sainte Alliance » nommée « réalignement ». « Le professeur » Gary Sick, ex-membre du conseil de sécurité nationale américaine donne la définition suivante : Le « réalignement » vise à créer une alliance entre Israël et les sunnites modérés. « Les Ētats-Unis, Israël et les principaux Ētats sunnites (NDRL : l’Ēgypte ,l’Arabie saoudite,…) sont d’accord sur une chose : l’Iran devient trop fort, trop menaçant, et il faut faire quelque chose », a-t-il expliqué sur la radio publique NPR (Le Monde du 28-29/01/07). Autrement dit, « réaligner » toute la réaction moyen-orientale au service des intérêts géostratégiques et financiers des Ētats-Unis.

« La carte sunnite », « la carte chiite », « la carte palestinienne » qui produit actuellement un début de guerre civile en Palestine, opposant militairement l’OLP et le Hamas ; et maintenant le « réalignement » sont autant de moyens dont dispose le colonialiste américain pour diviser la résistance régionale au colonialisme, afin de perpétuer sa présence, donc ses méfaits et ses destructions, au Moyen-Orient.

Les dirigeants de l’opposition au colonialisme l’ont bien compris. Devant des centaines de milliers de personnes réunies pour les célébrations du deuil chiite de l’Achoura, M. Nasrallah a accusé les Ētats-Unis d’être les responsables des divisions en Irak, en Palestine et au Liban, parce qu’il existe dans ces pays des « mouvements de résistance ». M. Nasrallah a mis en garde ces « mouvements » contre tout glissement vers « la guerre civile et la discorde. » (Le Monde du 1er février).

Une note d’optimisme : en son temps, la Grande Bretagne jouait les mêmes « cartes » de division et a fini par plier bagage. Les peuples et nations de la région vont encore souffrir des complots des colonialistes américano-britanniques, fauteurs de tension, de division et de guerre de destruction au Moyen-Orient. Mais l’Histoire nous apprend que, tôt ou tard, les colonialistes américains finiront par subir le même sort que leur prédécesseur britannique.

Le comité de rédaction