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« Affaire Hariri », le grand embarras ! (ndlr)

Source : Al Faraby - Aloufok

jeudi 8 février 2007

Assassinat de Hariri : la crise au Liban bloque la création d’un tribunal international

La crise politique et constitutionnelle sans précédent qui sévit au Liban risque de compromettre la ratification de la convention sur l’établissement d’un tribunal international signée mardi par l’ONU pour juger les meurtriers de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri.

Malgré sa signature au siège de l’ONU, ce texte qui a déjà fait deux fois la navette entre New York et Beyrouth, est loin de faire l’unanimité au Liban où les institutions sont paralysées du fait de la crise.

Le ministre libanais des Télécommunications, Marwan Hamadé, s’est certes félicité de la signature du texte par l’ONU, estimant qu’il s’agit d’une « nouvelle étape vers la ratification de la convention, et une victoire pour la justice libanaise et internationale », dans une déclaration au journal L’Orient le Jour.

Mais pour entrer en vigueur, ce texte doit encore être approuvé par le parlement et ratifié par le Premier ministre libanais Fouad Siniora et le président Emile Lahoud.

Or M. Lahoud et l’opposition contestent la légitimité de l’actuel gouvernement, soutenu par l’Occident.

« Il y a peu de chances que le texte soit ratifié si la crise politique persiste », a indiqué l’expert en droit international Sami Salhab.

« Seul un règlement à la crise politique peut aider à la mise en place du tribunal, sinon la procédure restera bloquée », a-t-il ajouté.

Le Conseil de sécurité de l’ONU et le gouvernement libanais avaient approuvé à la mi-novembre la création d’un tribunal à caractère international pour juger les présumés coupables de l’attentat commis le 14 février 2005 contre Rafic Hariri et 22 autres personnes.

Mais la décision du gouvernement de donner son accord au texte avait provoqué la démission de six ministres, ouvrant la voie à la crise politique.

Depuis trois mois, le président chiite du parlement Nabih Berri —qui refuse de convoquer le parlement tant que la crise n’est pas réglée —et son allié le Hezbollah ainsi que le chef de l’Etat considèrent le gouvernement Siniora comme « illégitime » et ses décisions nulles et non avenues.

Le chef de la commission d’enquête qui observe un mutisme total contrairement à son prédécesseur Detlev Mehlis qui avait accusé la Syrie, doit soumettre son prochain rapport en juin prochain.

« Il est cependant fort probable qu’il s’agira d’un autre rapport d’étape, et on ignore si M. Brammertz souhaitera rester à la tête de la commission au delà de cette date », a indiqué une source diplomatique occidentale.

Tout en s’abstenant de réagir directement à la signature du texte par l’ONU, le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a réitéré mercredi que son parti était favorable à un tribunal, mais a accusé « l’équipe au pouvoir d’utiliser, à travers ses agissements, ce texte comme un instrument contre ses adversaires ».

« Qui nous dit que les Etats-Unis n’utiliseront pas ce tribunal » à des fins politiques, s’est-il demandé dans une intervention à la télévision.

Pour le conseiller juridique de l’ONU Nicolas Michel, au contraire, « Il n’est en aucun cas question de participer à l’établissement d’un tribunal qui serait un instrument politique contre quiconque », comme le soupçonnent Damas et l’opposition.