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Au nom de la Justice et du Droit

Dan Halutz ! à La Haye !

par Michel Warschawski

dimanche 28 janvier 2007

Le général Dan Halutz, chef d’état-major aux Forces de défense israéliennes, a finalement décidé de démissionner. Bonne nouvelle, mais pas assez bonne encore.

L’été dernier, pendant la guerre contre le Liban, nous avions demandé sa démission pour les crimes de guerre que les forces militaires israéliennes commettaient sous son commandement. Depuis la fin de la guerre, des soldats et des officiers de réserve ont appelé à sa démission, à cause de son échec lamentable en tant que chef de la puissance militaire, battue par des groupes de guérilla relativement peu importants. Six mois après son échec au Liban, et alors que la commission Winograd n’a pas encore publié les conclusions de son enquête officielle sur la guerre du Liban, Dan Halutz a décidé d’anticiper sur les recommandations auxquelles on s’attend et s’est résigné.
Le fait que cet homme ne soit plus à la tête de l’armée israélienne, cependant, ne suffit pas. il doit aussi être condamné en justice pour crimes de guerre, comme Yesh Gvul*, le mouvement des soldats de réserve, l’a demandé à la Cour suprême israélienne depuis plus de trois ans.
Il doit être jugé pour les nombreux crimes de guerre commis au Liban sous son commandement et particulièrement pour le bombardement des villes, villages et des voitures transportant les civils qui tentaient de sortir des zones de combat, aussi bien que pour le bombardement des centrales électriques et des autres infrastructures civiles libanaises.
Mais plus particulièrement, il doit l’être pour sa décision, en juillet 2002, de bombarder un immeuble habité à Gaza où des dizaines de civils, dont de nombreux enfants, ont perdu la vie ; un immeuble dans lequel les services de renseignements de l’armée avaient localisé le dirigeant du Hamas, Salah Shehadeh. Le massacre du quartier Daraj, ce jour-là en Gaza, n’est que l’un de ses nombreux crimes de guerre, mais on s’en rappelle comme d’un évènement particulier à cause de la réaction de Halutz. Quand il fut interrogé par des médias israéliens au sujet des nombreuses victimes civiles, il a expliqué qu’il n’avait ressenti aucun remords ni rien d’autre, sauf « un léger frémissement de l’aile de l’avion », à la seconde même où il avait largué la bombe.

Espérons que dans chaque pays civilisé, un ordre d’arrestation contre ce monstre est déjà prêt pour le moment où il oserait faire un pas hors des frontières d’Israël et tenterait de se rendre dans un autre pays. Malgré les efforts des militants de Yesh Gvul, la chance de voir Halutz devant le tribunal en Israël pour ses crimes de guerre est presque nulle.

Le fait que plusieurs pays d’Europe aient pris sérieusement la responsabilité de poursuivre les criminels de guerre de tous les Etats sans exception peut un jour l’amener devant la justice. Ou, au moins, obliger Dan Halutz à se tenir en une sorte d’ « état d’arrestation » et l’astreindre à rester dans les étroites frontières d’Israël, avec la crainte permanente de se faire arrêter s’il ose montrer sa face de brute ailleurs.

Michel Warschawski
Alternative Information Center - Mardi 23 janvier 2007
http://aic1.dyndns.org/index.php?op...
Photo Reuters - traduction : JPP