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« Paix et Justice au Moyen-Orient » (volet N° 9)

Aujoud’hui : pourquoi le Liban ?

Suite de notre rubrique géopolitique

samedi 9 décembre 2006

Le Liban est devenu une caisse de résonance de conflits au Moyen-Orient

La résistance défend la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban

Suite à la défaite inavouée et pas non moins cuisante américaine en Irak, la situation évolue rapidement au Moyen-Orient. Les rencontres de haut niveau se succèdent entre G.W.Bush et Dick Cheney d’une part, et les dirigeants des « pays amis » (Irak, Jordanie, Arabie saoudite) d’autre part. l’objectif étant de préparer le terrain à « La Marche à suivre » (The Way Forward) en Irak et au Moyen-Orient.

Nous observons que les modifications des rapports de force se répercutent surtout au Liban. Pourquoi le Liban ?

L’offensive américaine en Irak a ressemblé à un ouragan, balayant tout sur son passage. Après celle de l’Irak, les pessimistes pronostiquaient l’occupation imminente de la Syrie par l’armée américaine. La Syrie n’a pas été occupée, mais elle a été contrainte de quitter le Liban, après avoir été accusée par ce que l’on nomme la « communauté internationale » (c’est-à-dire les Etats-Unis et l’Union européenne) du meurtre de Rafic Hariri, ce qu’elle a toujours nié.

Les pro-occidentaux de tous poils, les hommes d’affaires louches, les « mille familles » puissantes et les chefs de tribus ainsi que les anciens directeurs généraux des banques occidentales ont repris du poil de la bête et sont devenus les forces dominantes de la scène libanaise. Tout baignait dans l’huile pour les Gemayel, les Hariri et consorts.

Mais avec le temps, les Américains ont commencé à faire du sur place en Irak et d’une position offensive, ils sont passés à une position défensive. Les pertes (tués et blessés) se sont accumulées et le chaos s’est installé en Irak. Le rêve d’un « Grand Moyen-Orient » docile s’est envolé.

Dans un élan de désespoir et pour venir en aide aux Etats-Unis, l’armée israélienne s’est abattue sur le Liban, espérant ouvrir un nouveau front en « détruisant » la résistance libanaise, devenue, avec l’Iran et la Syrie, autant d’obstacles à l’avènement d’un « Nouveau Moyen-Orient », prélude au « Grand Moyen-Orient ».

Les « stratèges » qui, depuis les Etats-Unis, ont conduit l’Amérique dans le bourbier irakien ont poussé Israël dans une impasse au Sud Liban. On connaît la suite : la résistance libanaise est sortie renforcée de l’épreuve de force avec Israël.

La défaite des républicains aux élections de mi-mandat, a sonné le glas des néoconservateurs et le reflux de la puissance américaine et occidentale au Moyen-Orient.

La majorité gouvernementale libanaise ne peut plus compter comme avant sur le soutien de ses protecteurs occidentaux, discrédités. Les vrais patriotes libanais ont commencé à émerger et même à menacer le gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora. La réaction résiste et ne cède pas facilement le terrain. L’assassinat de Pierre Gemayel est venu à point nommé pour porter un coup à la montée en puissance de l’opposition libanaise. Rapidement et sans aucune preuve ni enquête, les doigts accusateurs occidentaux et pro-occidentaux se sont pointés vers la Syrie et la résistance libanaise. Mais il était déjà trop tard. La coalition formée par l’Iran, la Syrie et la résistance libanaise, est en ascension et la mort du malheureux Pierre Gemayel ne profitera pas à ses assassins.

Le gouvernement actuel du Liban n’a rien fait pour défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban. Absente depuis 40 ans du Sud Liban, l’armée libanaise n’est pas en mesure de défendre les frontières du pays. De ce fait, le pays du Cèdre s’est transformé en un terrain idéal de manœuvres de toute sortes des puissances occidentales et Israël, qui viole impunément son espace aérien et maritime, occupe des parcelles de son territoire.

C’est la résistance libanaise, armée par ses alliés iraniens et syriens, qui se charge de la défense nationale. Le Liban est devenu la caisse de résonance des conflits au Moyen-Orient : le gouvernement libanais et ses protecteurs colonialistes occidentaux contre la résistance libanaise et ses alliés orientaux.

Du coup, les médias occidentaux accusent la résistance d’être à la solde de ses alliés. C’est méconnaître la résistance populaire libanaise qui a une assise sociale solide. D’autre part, il serait naïf de croire que la haine que voue Jacques Chirac à Bachar Al Assad, le président syrien, soit d’ordre personnel. La France voit le Liban comme une « chasse gardée » et le soutien de la Syrie à la résistance libanaise retarde la mainmise française sur le pays du Cèdre.

Il y aura certes des pourparlers entre les Etats-Unis d’une part, et l’Iran et la Syrie, d’autre part. Les discussions vont entériner les nouveaux rapports de force qui s’établissent lentement au Moyen-Orient. Les discussions vont annoncer la fin de la première partie du conflit au détriment des Etats-Unis et d’Israël, mais n’annoncent absolument pas l’établissement d’une paix définitive dans la région.

La deuxième partie a déjà commencé : « la plupart des journaux israéliens évoquent la possibilité d’une nouvelle guerre contre le Hezbollah pour l’été 2007 » (Le Monde du 5/12/06). C’est possible. D’autant plus que les accusations pleuvent déjà sur la résistance libanaise : « Un rapport des nations-Unies renforce les accusations israélienne à propos du réarmement du Hezbollah » (Le Monde du 08/12/06). Même si les « informations » fournies par Israël s’avéraient justes, pourquoi serait-il interdit de s’armer pour défendre l’intégrité territoriale et la souveraineté du Liban, bafouées par Israël ? Si ce n’est pas au Liban, ce sera ailleurs, pourquoi pas dans le Golan ?

Le seul langage que connaissent Israël et les Etats-Unis est celui de la force. Ce qui a été pris par la force sera repris par la force. L’établissement définitif de la souveraineté du Liban par la résistance libanaise ou la création d’un Etat palestinien n’échappe, malheureusement, pas à cette logique macabre des rapports de force. La partie continue.

Le comité de rédaction