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« Paix et Justice au Moyen- Orient » (4ème volet)

Aujourd’hui : Esquisse d’une évolution des rapports de force

suite de notre rubrique géopolitique

vendredi 10 novembre 2006

STRASBOURG le 10 novembre 2006
cpjmo@yahoo.fr

La guerre israélo-libanaise de juillet 2006 semble annoncer un tournant dans le rapport de force au Moyen-Orient.

L’offensive israélienne s’inscrit dans le prolongement de celle qui a poussé la Syrie hors du Liban. Cette offensive constitue la deuxième étape du plan américano-israélien, dont l’objectif était de mettre la main sur le Liban, en installant un gouvernement fantoche à Beyrouth. La résistance des Libanais à l’offensive israélienne a fait capoter le plan américain tendant à créer un « nouveau Moyen-Orient », docile et soumis. Il est certain qu’une victoire israélienne aurait fait des Etats-Unis la puissance dominante au Liban, au détriment de la France, ancienne puissance tutélaire.

Alliés stratégiques, Français et Américains n’en sont pas moins des adversaires coriaces pour la conquête des zones d’influence. L’envoi de la Finul II a fourni à la France l’occasion de « s’introduire » au Liban Sud, avec un mandat de l’ONU et après avoir amplement négocié avec le Hezbollah et son soutien iranien.

Loin d’avoir cédé, l’aviation israélienne continue de plus belle ses attaques, en violant la souveraineté du Liban.

Une manière de signifier aux Français que rien ne leur est acquis au Liban et qu’ils devront toujours compter avec les forces américano-israéliennes, vraies maîtresses du Moyen-Orient. La provocation de l’aviation israélienne est allée jusqu’à ouvrir le feu en direction d’un navire de guerre allemand, tout en larguant des leurres infrarouges pour se protéger d’éventuels tirs de missiles. C’est dire le degré de tension qui règne dans la région entre puissances occidentales.

Non seulement l’offensive israélienne n’a pas atteint ses objectifs, elle a même provoqué une modification des rapports de forces, à l’avantage de la résistance, au Liban.

En effet, les « patriotes en chambre », rassemblés dans un front dit « démocratique et anti-syrien », sortent affaiblis de cette offensive. Loin de pouvoir mobiliser leurs partisans, pour défendre la souveraineté du Liban, les formations majoritaires du gouvernement libanais ont dû se satisfaire d’un soutien verbal à la résistance du Hezbollah face à l’offensive de Tsahal.

Par contre, le Hezbollah sort renforcé des 34 jours de résistance, confirmant du coup son statut de mouvement patriotique, et délégitimant ceux qui se sont dérobés face à l’ennemi. L’exigence actuelle du Hezbollah de modifier la composition du gouvernement libanais, afin d’acquérir plus de poids au sein d’un gouvernement d’union nationale, ne peut qu’être approuvé par la majorité des Libanais. Le renforcement politique du Hezbollah entraîne également celui de toutes les forces régionales (syrienne, iranienne,...) opposées à la domination américano-israélienne. L’Iran s’affirme chaque jour davantage comme une grande puissance régionale, dont l’influence est difficile à ignorer en Irak, au Liban et en Afghanistan ; tandis que les Etats-Unis et l’OTAN s’enlisent chaque jour davantage dans les guerres d’agression contre les peuples de la région.

Le « nouveau Moyen-Orient », rêvé par l’administration de G.W.Bush, suite à sa main-mise sur le Liban, est dorénavant repoussé au calendes grecques. Les tensions entre l’Amérique et la France quant au Liban et à l’Iran ont, elles, tendance à s’exacerber. La France commence à prendre ses distances et se met à « douter de l’efficacité de la Finul II ». Le nouveau congrès américain sorti des urnes le 07 novembre tiendra-t-il compte de ces changements ? Ou s’entêtera-t-il, comme le précédent, dans les erreurs du passé ?

Le comité de rédaction.