Pensées profondes de tout au fond

Israël, les Etats-Unis et l’ensemble de la société internationale ne reconnaissent pas que c’est le droit des Palestiniens à l’existence qui est en jeu, pas celui d’Israël.

La dépossession continue, le déplacement et le déracinement de 4.5 millions de réfugiés palestiniens, l’éradication de 531 villages palestiniens en 1948, la colonisation de 78 %de la Palestine historique et presque 40 ans d’occupation militaire oppressive et brutale dans ce qui en reste (la Cisjordanie et Gaza) ne semblent pas suffire pour que Israël, les Etats-Unis et l’ensemble de la société internationale reconnaissent que c’est le droit des Palestiniens à l’existence qui est en jeu, pas celui d’Israël. Leur droit à la liberté, à un Etat, au développement, à la vie même est violé systématiquement depuis plus d’un demi -siècle (depuis 1948) par un Etat juif qui s’étend et dont la naissance artificielle n’aurait jamais été facilitée sans la négation des Palestiniens autochtones.

Au lieu d’accepter cette dure réalité historique et de trouver des solutions viables qui puissent au moins garantir la poursuite de l’existence des Palestiniens dans ce qui reste de la Palestine (sans parler de l’injustice commise à leur encontre), les dirigeants du monde se font concurrence dans l’expression de leur « préoccupation » de ce que, à défaut d’une acceptation par les Arabes du « droit à l ‘existence » d’Israël, il n’y aura jamais de paix ni de stabilité au Moyen-Orient.

Lors d’une conférence sur la sécurité à Canberra (Australie) le 26 septembre, le Premier ministre australien, John Howard, s’est réaffirmé comme l’un des membres -clé dans le choeur désillusionné des dirigeants mondiaux qui, à cause de leur incapacité à comprendre toute logique qui dépasse des interprétations simplistes d’une région complexe, continuent à autoriser / encourager Israël à agir en toute impunité et à violer les droits humains les plus élémentaires, qui sont reconnus universellement.

Howard a insisté dans son discours : « Les nations arabes doivent reconnaître le droit à l’existence d’Israël pour que l’on puisse arriver à la paix au Moyen-Orient. Il doit y avoir une reconnaissance inconditionnelle dans tout le monde arabe, sans exception, du droit d’Israël à exister en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières reconnues ».

Comme s’il se sentait obligé, sous la pression, de mentionner le mot “palestinien,” Howard a ajouté qu’ “...Israël devrait aussi accepter un Etat palestinien pour faire avancer la paix.” DEVRAIT, POUR FAIRE AVANCER LA PAIX ? Pas pour la justice, pas pour les droits légitimes, mais pour faire avancer la paix.

M. le Premier ministre, Israël DEVRAIT aussi se conformer au droit international et mettre fin à l’occupation illégale des Territoires palestiniens capturés pendant la guerre de juin 1967 ; il DEVRAIT arrêter de cibler et de tuer les civils palestiniens ; il DEVRAIT mettre fin à l’étranglement économique de la population palestinienne, déjà appauvrie, de Cisjordanie et de la Bande de Gaza ; et il DEVRAIT être tenu responsable des crimes contre l’humanité qu’il commet au nom de la sécurité et de l’"existence".

Vous, M. le Premier ministre, DEVRIEZ peut-être faire honneur à votre position de membre -clé de la société internationale en promouvant une solution juste au conflit israélo-palestinien, pas un règlement partisan et imposé, hors et au -dessus de la loi, basé sur le déséquilibre du pouvoir.

Vous DEVEZ, en tant que dirigeant international, essayer de respecter les critères minimaux de la décence professionnelle et éthique en amenant Israël à accepter le fait qu’on arrivera à la paix et la stabilité dans cette région troublée seulement si l’on garantit la justice aux Palestiniens, et la sécurité aux Israéliens et aux Palestiniens en même temps.

Au lieu d’alimenter l’idée fausse que "...tout le monde arabe - y compris la Syrie, le Hezbollah et le Hamas, et en plus, l’Iran - doit renoncer pour toujours à l’idée qu’on peut jeter les juifs à la mer," vous DEVEZ comprendre que c’est Israël qui a chassé les Palestiniens dans les pays voisins (c’est à dire des déportations et des dénis de résidence), qui les a jetés en prison à cause de leurs convictions politiques, qui les a contraints à la pauvreté et au désespoir, à l’isolement et à un cycle sans fin de concessions imposées qui alimentent les fondements mêmes de l’extrémisme et de la violence auxquels vous prétendez vous opposer.

POUR FAIRE AVANCER LA PAIX, trouvez le courage de faire face aux menaces réelles au lieu de vous attarder sur des menaces qui sont perçues et fabriquées de toutes pièces.

Editorial de MIFTAH, 26 septembre 2006.

http://www.miftah.org/Display.cfm ?DocId=11553&CategoryId=3

Traduction et choix de photo : CL, Apfs.

L’éditorial de MIFTAH est une chronique régulière rédigée par le Directeur du service Médias et Information de MIFTAH.