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L’UE va-t’elle enfin se mettre en règle ? (ndlr)

Commerce avec les colonies israéliennes : l’incohérence de l’Union européenne

Jeudi, 30 mai 2013 - 7h17 AM

jeudi 30 mai 2013

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Par Sophie Badie, publié le 29/05/2013 à 18:21, mis à jour à 21:23

Alors que les Etats-Unis promettent de relancer les négociations de paix en Israël, des députés français et la Plateforme des ONG pour la Palestine dénoncent l’importation de produits issus des colonies par l’UE.

Cisjordanie- Les ONG demandent que les produits issus des colonies portent une étiquette précisant leur provenance.

REUTERS/Goran Tomasevic

Vingt ans après les accords d’Oslo, quatre ans après le discours du Caire de Barack Obama, les Palestiniens restent dans l’attente du « nouveau départ » promis par le président américain en 2009. Car si la marche vers la reconnaissance a été saluée de succès pour l’Etat palestinien, la colonisation des territoires occupés, illégale selon la Convention de Genève, continue de mettre « en péril les perspectives physiques de création d’un Etat palestinien viable », selon les termes de l’Union européenne.

Plusieurs députés français se sont associés à la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, mardi dans les locaux de l’Assemblée Nationale, en compagnie de l’ONG israélienne Who Profits, pour promouvoir l’étiquetage des produits en provenance des colonies israéliennes.

L’Union européenne continue les importations illégales en provenance des colonies

Depuis plus de huit mois, la Plateforme sensibilise l’opinion publique à la question des produits qui ont pour origine les colonies juives et qui pénètrent sur le territoire européen sous la mention « fabriqué en Israël ». Pour Claude Léostic, présidente de la Plateforme, cette formule induit les consommateurs en erreur et constitue une entorse au droit européen.

Car la position de l’Union européenne est claire, du moins officiellement. Au regard du droit international, les colonies ne font pas partie de l’Etat d’Israël. Par conséquent, Tel Aviv ne peut utiliser son accord sur les tarifs préférentiels avec l’UE pour les produits issus des territoires occupés. Mais dans les faits le constat est accablant : « En 2011, l’Union européenne a importé 230 millions d’euros de marchandises en provenance des colonies israeliennes », a expliqué Esti Micenmacher de l’ONG israélienne Who Profits, soit 15 fois plus que de marchandises palestiniennes. Ce qui pose la question de la cohérence de la politique européenne face à l’illégalité des colonies.

En avril 2013, 13 pays dont la France ont adressé une lettre à Catherine Ashton pour promouvoir l’étiquetage pour les denrées alimentaires mais aussi les cosmétiques en provenance des colonies.

Un étiquetage différencié a déjà été adopté par plusieurs pays européens comme le Royaume-Uni et le Danemark. En 2009, le gouvernement britannique a adopté des directives recommandant aux détaillants d’étiqueter les produits alimentaires issus des colonies en faisant une distinction entre « produit de Cisjordanie (produit des colonies israéliennes) » et « produit de Cisjordanie (produit palestinien) ».

« La France doit avoir un rôle d’entrainement »

Pour la Plateforme, l’absence d’étiquetage spécifique constitue une « fraude à l’origine » ; elle contrevient à la loi européenne sur la protection des consommateurs : le défaut d’information met à mal le droit de savoir de celui qui achète, et l’empêche de disposer de son libre arbitre. La Plateforme soutenue par les députés, réitère la demande d’étiquetage des produits des colonies. « Ce premier pas permettrait aux consommateurs de choisir en toute indépendance, d’acheter, ou non, un avocat cultivé sur des terres occupées » a ajouté Esti Micenmacher.

« Pour être efficace la politique européenne devrait être contraignante, ce qui n’est pas le cas aujourdhui », a ajouté la présidente de la Plateforme. A long terme, le groupe souhaite que l’Union européenne exclue les produits des colonies dans ses relation avec l’Etat juif.

Autour de la table, députés et membres de l’ONG ont insisté sur le rôle moteur que la France devrait jouer. « Le pays des Droits de l’Homme peut créer un effet d’entraînement comme il l’a fait au moment de la reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ONU », a souligné Claude Léostic. « Paris doit arrêter unilatéralement tout commerce ou échanges financiers avec les colonies », a ajouté la présidente de la Plateforme.

Les travaux de l’ONG israélienne Who Profits

Fondée en 2006 par la coalition des Femmes pour la Paix, l’ONG répertorie et dénonce les entreprises impliquées dans l’occupation. « Nos recherches se basent sur des informations ouvertes au public » précise Esti Micenmacher. Les équipes de Who Profits, implantées en Israël, effectuent régulièrement des visites dans les locaux des usines situées dans les colonies.

Lors d’un voyage d’études effectué en janvier 2013 dans la vallée du Jourdain, l’organisation a pris en photos des serres destinées à la production agricole et a pu s’entretenir avec des travailleurs palestiniens présents sur place. Ces derniers ont montré les étiquettes portant la mention « produit en Israël » destinées à la distribution. D’après l’ONG, plusieurs entreprises utiliseraient le même procédé. Sur les 500 entreprises répertoriées sur son site, 236 élaborent des produits dans les colonies. C’est le cas du leader de la gazéification de l’eau à domicile Soda Stream. L’un de ses principaux sites de production est situé dans la zone industrielle de la colonie de Mishor Edonim, près de Ma’aleh Adumim, à l’Est de Jérusalem. En outre, l’ONG israélienne rapporte que les 36 000 palestiniens employés dans les colonies ne bénificient pas de protection syndicale et gagnent un salaire inférieur au salaire minimum en vigueur en Israël.

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